La dermopigmentation … l’art du tatouage au service de la médecine
AGM/ La pratique du tatouage est attestée
dans la société humaine depuis le Néolithique. Un tatouage est un dessin
décoratif et/ou symbolique permanent effectué sur la peau. À l'origine, il
était le plus souvent effectué avec de l'encre de Chine ou des encres à base de
charbon ou de suif. De nos jours il s'agit plus d'encres contenant des pigments
de synthèse.
Le mot tatouage vient du tahitien
« tatau », qui signifie marquer, dessiner ou frapper et
dérive de l'expression « Ta-atuas ». La racine du mot « ta »
signifie « dessin » et « atua » signifie « esprit, dieu
». Le docteur Berchon, traducteur du deuxième voyage du Capitaine Cook vers
Tahiti en 1772, employa pour la première fois le mot « tattoo »
; le mot sera francisé en « tatouage » à la fin des années 1700.
Tribut du Bénin
Le tatouage est pratiqué depuis
plusieurs milliers d'années dans le monde entier. Il peut être réalisé pour des
raisons symboliques, religieuses ou esthétiques. Dans plusieurs civilisations,
notamment en Afrique, en Asie et certains peuples des îles, il est même
considéré comme un rite de passage à cause de la douleur endurée lors de la
réalisation du motif.
En effet, la technique du tatouage
consiste à injecter l'encre sous la peau à l'aide d'aiguilles ou d'objets
pointus. L'encre est déposée sous la peau entre le derme et l'épiderme. La
profondeur de la piqûre varie de 1 à 4 mm en fonction des types de peau et des
parties du corps, les zones les plus épaisses se situant dans le dos, les
coudes et les genoux.
Il existe différentes couleurs d'encre
et même une encre transparente qui ne réagit qu'à la lumière noire : ce type de
tatouage est appelé tatouage « UV » ou « Blacklight ». Le tatouage
est considéré comme un type de modification corporelle permanente.
Bien que de nombreuses religions du
monde, comme le christianisme, le judaïsme et l'islam, se soient fermement
opposées au tatouage, toutes n'ont pas décidé de condamner cette pratique. Des
religions comme le bouddhisme et l'hindouisme ont historiquement utilisé le
tatouage comme un moyen d'approfondir la spiritualité et n'ont pas de croyances
négatives sur cette pratique.
Les plus anciens tatouages connus ont
été découverts sur le corps bien préservé d'un homme surnommé "Ötzi",
retrouvé sous un glacier dans les Alpes. Son corps présentait plus de 60 tatouages
différents, composés principalement de simples motifs de points et de lignes, réalisés
à l'aide d'encre de carbone.
En 1891, la première machine à tatouer
électrique a été créée, s'inspirant du stylo électrique d'Edison. L'inventeur
de la première machine à tatouer était Samuel O'Reilly, qui a ajouté des
aiguilles et un réservoir d'encre à la conception.
Aussi curieux que cela peut être, au
cours des 18e et 20e siècles, les membres de la royauté anglaise et russe
étaient tatoués. Effectivement, à cette époque, les tatouages étaient
considérés comme une pratique élitiste et exclusive. Les membres des familles
royales ornaient leur corps d'un art permanent, avant de commencer à s'élever
contre cette pratique lorsqu'elle devint accessible au commun des mortels...
Récemment, la pratique du tatouage est
exploitée en médecine esthétique. Appelée « dermopigmentation »,
« Kérato-pigmentation », « maquillage permanent »,
« maquillage semi-permanent » ou encore « tatouage
médical ».
La dermo-pigmentation médicale consiste
à redonner la couleur d'origine par « tatouage » à une zone de peau
pathologique pour corriger une achromie ou masquer une cicatrice. Il est aussi
possible par cette technique de corriger une altération tissulaire comme une lèvre
détruite par une fente labio-maxillaire (« bec de lièvre ») ou
reconstruire une aréole mammaire amputée lors d’une chirurgie d’exérèse pour
cancer. Implantés à l'aide d'un appareil de précision appelé dermographe,
les pigments stériles à usage unique, bien tolérés par l'organisme, sont
proposés dans une gamme de teintes variées aux patients. Ces pigments, minéraux
ou organiques, nécessitent d’être agréés au dispositif médical CE IIb dans le
derme à l’aide de l'aiguille d'un dermographe.
A ce propos, la norme ISO 13485 de 2016
relatif aux dispositifs médicaux, Systèmes de management de la qualité et
Exigences à des fins réglementaires est aussi d’intérêt notamment pour les organismes
qui pratiquent cette technique.
La norme énonce les exigences relatives
au système de management de la qualité lorsqu'un organisme doit démontrer son
aptitude à fournir régulièrement des dispositifs médicaux et des services
associés conformes aux exigences des clients et aux exigences réglementaires
applicables. Ces organismes peuvent être impliqués dans une ou plusieurs étapes
du cycle de vie incluant la conception et le développement, la production, le
stockage et la distribution, l'installation ou les prestations associées d'un
dispositif médical, ainsi que la conception, le développement ou la prestation
d'activités associées (par exemple support technique). La norme ISO 13 485
peut également être appliquée aux acteurs de la chaîne de valeurs des
organismes de tatouage directe notamment ceux des services associés au système
de management de la qualité de ces organismes.
Si la dermopigmentation est une
technique généralement bien tolérée, certaines précautions doivent être prises
:
- elle ne doit pas être menée sur une femme enceinte ou allaitante ;
- elle n'est pas compatible avec la prise de certains médicaments (les anticoagulants et les anti-inflammatoires notamment, qui pourraient entraîner un saignement) ;
- elle doit être évitée en cas de maladies infectieuses comme le SIDA, les hépatites, en cas de certaines maladies chroniques (maladies auto-immunes, diabète...), ou d'insuffisance cardiaque, hépatique ou rénale ;
- elle n'est pas conseillée en cas d'allergies graves.
Il est recommandé de demander l'avis de
son médecin traitant avant d'envisager de recourir à cette pratique.
D’après un article paru en 2018 à
science directe rapportant la plus grande étude mondiale sur les tatouages en
Amérique du Nord et du Sud, en Russie, en Chine et en France, aujourd’hui, près
d’un individu sur cinq est tatoué, et les femmes surclassent les hommes dans
presque tous les pays. Les États-Unis restent numéro un, mais la Chine et la
Russie manifestent un intérêt pour le tatouage, comme en Amérique latine ou
cela est confirmé par la prévalence élevée observée au Brésil (22 %).
En Afrique, la dermopigmentation gagne
du terrain, d’abord en Afrique du nord et à présent dans les pays anglo-saxons
notamment en Afrique du sud et le Nigéria.
Entre culture et modernité, la ligne
est tracée … !!
Nadia TIH
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