Foundiougne ... la vieille ... rythme avec nostalgie !!!
AGM-Sénégal Cinquante ans après les indépendances, la presqu’île est bien loin de ce qu’elle a jadis été. Les populations y sont désormais partagées entre incompréhension, désarroi et abandon. Les habitants de la vieille ville sont confrontés à des difficultés quotidiennes. Parmi elles, la rareté de l’eau dans les foyers foundiougnois. Pour un enfant âgé de 3ans, nés dans le département, « l’eau ne coule pas du robinet » …
La bouleversante pénurie d’eau
Cela fait
un peu plus de 4 ans maintenant que les habitants de Foundiougne subissent le
manque d’eau. Une dizaine de camions citernes se baladent dans la ville pour
ravitailler les populations afin qu’elles puissent avoir accès à l’eau potable.
« Nous démarrons de Foundiougne à 4 H pour Passy (Kaolack) les remplir les
citernes, le trajet aller-retour nous prend entre 45 mins et 1 H de temps. Nous
faisons 2 tours par jour et nous finissons la distribution aux environs de 13 heures.
Nous n’avons pas de jours de repos, ni de jours fériés » explique Saliou Gueye,
chauffeur de citerne. La société hydraulique en accord avec la municipalité a mis
à disposition douze camions d’une contenance de 8/10 m3 pour
l’approvisionnement en eau du département. Les forages dont dispose la vieille
ville sont inexploitables, la nappe phréatique est salée.
Suite au
projet de construction d’une usine de dessalement dans la région de Dakar, les
populations de Foundiougne espère voir le problème d’eau de leur département
prendre fin. Et enfin avoir un accès plus facile à l’eau potable.
Un problème d’assainissement alarmant
A l’angle de plusieurs pistes, nos regards sont attirés par des regroupements d’ordures ménagères qui pour certains donnent désormais vie à des espaces verts improvisés. Le centre-ville du département n’est doté d’aucunes bennes à ordures à usage publique. On aperçoit des poubelles au loin dans l’enceinte de la cour du bâtiment municipale. Les rares caniveaux que nous voyons sont remplis de sable et d’ordures ou d’eaux usées stagnantes. « Ce département génère beaucoup de déchets, il n’y a jamais eu d’assainissement dans cette ville (…) Avant il y avait des charrettes qui récoltaient les déchets pour les emmener à la sortie de la ville pour les bruler, aujourd’hui on ne les voit plus » déplore Diène Diouf, tenancier d’une quincaillerie. Du côté du quartier Delgane-Belgore, le Chef de quartier affirme « nous organisons très souvent des collectes d’ordures avec l’association Prosaf qui travaille avec les femmes du département et moi-même … ».
La jeunesse du département n’est pas en reste « Foundiougne est
sale, surtout pendant l’hivernage, il n’y a pas d’assainissement et le déplacement
est difficile. On peut dire que Foundiougne est la maison mère des moustiques.
Une partie de nos eaux usées se déverse dans la mer, une autre stagne dans la
ville et une autre partie remonte dans les canalisations de nos maisons ;
on vit avec. Il y a 4 ans j’ai discuté avec les jeunes afin qu’on se retrouve
chaque dimanche pour faire un set-setal mais par manque de matériel la tâche
est devenue très compliquée. Et pourtant, il y a du matériel à la mairie mais
celle-ci ne nous en donne que très peu. » regrette Senghor Ibrahima.
A l’orée du développement ?
Au cours
de la traversée pour rejoindre Foundiougne, au moyen du bac ou de la pirogue,
il nous est impossible de ne pas remarquer cet impressionnant pont qui jouxte
l’axe Fatick-Foundiougne. Cette infrastructure construite pour faciliter
l’accès au département enclavé de Foundiougne est pour beaucoup l’espoir d’une
renaissance économique. L’objectif étant aussi de rebooster le tourisme dans ce
département de la région naturelle du Sine Saloum. D’ailleurs, la construction
de ce pont à péage a été pour plusieurs jeunes fatickois et foundiougnois la
source d’un emploi, bien que temporaire. Du coté de Fatick, on aperçoit
timidement un bâtiment neuf sur un terrain assez large à quelques mètres des
embarcations. C’est le port de Ndakhonga - Foundiougne, inauguré en 2015. Il est
long de 120 m et dispose d’une gare maritime d’un peu plus de 2 500 m carré. Cependant,
cette infrastructure qui devait faire baisser le taux de chômage des jeunes de
Fatick et de Foundiougne est toujours inactive. Pour cause, « les autorités
expliquent ce retard par la présence de plusieurs dépôts de sédiments situé sur
le fond du plan d’eau, empêchant les bateaux d’accoster en toute sécurité. Il
faut donc draguer le chenal pour faciliter l’accostage des bateaux. La première phase de dragage,
réalisée entre l’embouchure et Foundiougne, a coûté environ 2,7 milliards de
franc CFA. La deuxième phase, qui concerne la partie Foundiougne - Kaolack,
annoncée depuis 2015, n’est toujours pas entamée. Entre temps, la sédimentation
s’est reconstituée alors qu’il est essentiellement important d’entretenir les
profondeurs du chenal. », rapporte un article de Au Senegal.com. Le budget clos, à qui revient la charge de ces
travaux supplémentaires dispendieux ? Le Gouvernement affirmait dans
un discours à Kaolack en 2019 que la construction d’un port à Foundiougne
n’était pas pertinente. Cette situation
embarrassante laisse les jeunes chômeurs de Foundiougne et ses environs dans
une désolation inqualifiable. Qu’adviendra-t-il donc de ce port alors que le taux
de chômage dans cette région du pays est toujours aussi haut ?
Avec la
construction du pont à péage, certains piroguiers qui avaient fait de la
traversé une source de revenu complémentaire ont prévu de retourner à leur
activité première qui est la pêche.
Considéré
comme la capitale des fruits de mer, ces pêcheurs ont beaucoup de mal
aujourd’hui à trouver des produits sur les abords du Saloum. Destruction de la
mangrove ou surexploitation ?
Avec le
flux de touristes que va engranger le pont à péage, ne serait-il pas temps
d’établir un plan d’assainissement de la ville et d’y affecter une unité de
gestion de déchets ?
Autant de
questions que se posent les habitants de cette région.
Au-delà de ça …
Foundiougne
est l’un des plus anciens départements du pays. Situé à environ 175 km de Dakar
(capitale du Sénégal) dans la région de Fatick, il était autrefois prisé pour
la position stratégique de son port de commerce sur le Saloum à l’époque
coloniale. La ville et ses habitants sont chaleureux, les vendeuses sont
gentilles et souriantes derrière leurs étals de fruits de mer et de fruits de
saison. Il y règne une atmosphère de famille entre les locaux et les touristes.
Les ombres qu’apportent les haies que forment les arbres recouvrent plusieurs
allées empruntés par des taxis Jakarta (motos). Mis à part ces derniers, les
riverains préfèrent les charrettes pour le déplacement à plusieurs. On
rencontre très souvent sur l’ile des troupeaux de cochons, elle en regorge de
plusieurs élevages. Le charme de la ville se caractérise également par les
vestiges des bâtiments datant de la colonisation tels que celui de l’ancienne douane
maritime. Près de celle-ci, se trouve un lieu appelé ‘’la baignade’’, c’est là
que les enfants et les touristes profitent des eaux du fleuve Saloum en toute
sécurité, sous le regard bienveillant de quelques anciens-retraités assis sous
le baobab.
PAMOUANDE
Princesse Difira
Journaliste
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