L’IBOGA : LA PLANTE QUI SOIGNE L’ADDICTION AUX DROGUES
Tabernanthe iboga, est une espèce de plante de
dicotylédones de la famille des apocynaceae, que l’on retrouve dans la forêt
équatoriale Africaine. Cette plante pouvant atteindre 4 à 6 mètres de haut, est
riche en alcaloïdes indolo-monoterpéniques, dont le
principal est l'ibogaïne. Elle est utilisée en médecine traditionnelle
africaine pour produire, par la mastication de la racine ou de l'écorce,
des hallucinations et des expériences de mort imminente.
L'aire de répartition originelle de Tabernanthe
iboga s'étend en Afrique centrale, du Cameroun, Gabon à
la république démocratique du Congo et à l’Angola. Il est également
cultivé en Afrique de l’Ouest, notamment en Côte d’Ivoire.
Au Gabon, cette plante est utilisée depuis des
milliers d’année par les pygmées et d’après le chercheur Laval-Jeantet «
L'utilisation de la racine d'iboga est connue des Pygmées […] mais ils semblent
n'avoir ouvert leur connaissance du « Bois » aux groupes les plus proches qu'au
milieu du XIXe siècle. Les premiers auraient été les Apinji, littéralement la
forêt, et plus précisément le clan des Apinji Mokodo. Le mythe veut que les
Apinji aient cherché à entrer en contact avec le royaume des morts. Pour ce
faire, ils auraient absorbé des quantités plus importantes de « Bois », et auraient
conséquemment créé les premières formes rituelles du culte afin de se protéger
des risques accrus. » Son usage traditionnel est répandu dans plusieurs
cultures africaines notamment chez les Betti du Cameroun, dans les cultes
rituels de bwiti chez les mitsogo dans le centre du Gabon et les fangs dans le
Nord du Gabon.
Source: @africabusinessagency |
Les vertus de l’iboga
Consommée de façon traditionnelle pour ses effets
stimulants, l'iboga contient des substances qui pourraient soulager les addicts
à la cocaïne ou aux opiacés. En effet, d’après les recherches du professeur Stanley
Glick, directeur de recherche au Centre de neuropharmacologie et de
neurosciences à l'Albany Medical College à New York, l’expérimentation de la
molécule sur des rats dépendants à la cocaïne et à la morphine, a prouvé, en
1991, que l'ibogaïne réduit l'autoadministration de ces substances deux jours
seulement après le traitement. Selon Deborah Mash, professeure de neurologie et
de pharmacologie moléculaire et cellulaire à l'université de médecine de Miami,
« l’iboga est efficace dans le sevrage aux opiacés pratiquement la
plupart du temps. »
On vanterait à la plante des effets
thérapeutiques tels que :
- propriétés non addictives,
- un effet psychosocial,
- psychostimulante, l'iboga provoque un accroissement de la perception et permet d'être plus vigilant ; « ensuite il a un effet stimulant qui permet de rester éveillé plusieurs jours d’affilée »
- hallucinogène, l'iboga provoque un état d'asthénie musculaire et des « visions » hallucinatoires, tout en empêchant le sommeil
Une plante très convoitée…
Hervé Amva Ovono, Coordonnateur de l’ONG IDRC-Africa
affirme que 90% de l’iboga vendu actuellement dans le monde provient du Gabon. Pour
lui, les laboratoires s’arrachent l’iboga pour ses vertus thérapeutiques.
« L'iboga, c'est l'un des meilleurs produits, sinon le meilleur, en
matière d'addiction contre les drogues telles que l'héroïne, la cocaïne et
toutes les autres drogues dures. Ce qui est intéressant, c'est qu'il n'y a pas
d'accoutumance à l'iboga. »
Classées comme drogues aux Etats-Unis depuis
1967, l'iboga et l'ibogaïne ont toutefois été autorisées par l'Institut
national sur l'abus des drogues (NIDA) pour être prescrites dans le cadre d'un
protocole de traitement sur l'homme au début des années 1990. Interdite et
classé comme stupéfiant en France, la plante est aujourd'hui étudiée pour ses
potentiels effets de sevrage à la cocaïne et aux opioïdes Plusieurs grands
chercheurs prescrivent l’Ibogaïne à leurs patients, mais le grand tabou qui
perdure est son effet hallucinogène. Alors qu’ailleurs, il est vendu à prix d’or
d’après le consultant culturel français au Gabon, Yann Guignon « Le
cours mondial aujourd'hui du gramme d'iboga avoisine les 5 euros ». Ce qui
représente une valeur marchande importante : un pied
d'iboga adulte est valorisé aujourd'hui à environ un million de francs CFA à
l'heure où le villageois s'en sépare pour 5 000 francs CFA ! Donc
il y a un problème de répartition des revenus. », répondant aux
questions de RFI.
Moins rentable pour l’industrie pharmaceutique
Malgré les vertus et témoignages en faveur de
cette plante, la plupart des compagnies pharmaceutiques ne veulent pas investir
sur des traitements à base d’ibogaïne. Pourquoi une telle méfiance ? D’après
Stanley Glick, « beaucoup d’entreprises pharmaceutiques croient que le
traitement de la toxicomanie n’est pas rentable. » Traiter une maladie en
un ou deux soins est beaucoup moins rentable qu'un traitement à vie.
Cependant, d'autres gouvernements ont lancé des
programmes de recherche ou autorisé des centres de soins à l'ibogaïne. En
Israël et en Inde, des essais cliniques sont menés avec l'accord des ministères
de la santé ; au Brésil, au Mexique, au Panama et dans les Caraïbes, des
centres de soins officiels ont été mis en place ; en Slovénie, un centre de
recherche pluridisciplinaire mène des travaux depuis 2005 et, depuis 2009, la
Nouvelle-Zélande autorise la prescription médicale de l'ibogaïne.
Patrimoine national" au Gabon
Au Gabon, après être longtemps resté dans le
secret des initiés, l'iboga a été décrétée "patrimoine national et
réserve stratégique" en 2000. Pour Bernadette Rebienot,
présidente de l'Union des tradipraticiens de la santé au Gabon, "le
traitement à l'ibogaïne enlève la partie initiatique de l'iboga, on n'est donc
pas vraiment à la source. En Occident, les chercheurs pensent connaître l'iboga,
mais ils me font rigoler... Nous, nous la connaissons depuis la nuit des temps.
Il faut une collaboration entre nous, c'est complémentaire et c'est pour le
bien de l'humanité", prévient la nganga ("tradipraticienne"),
qui plaide auprès de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la
reconnaissance de la pharmacopée traditionnelle. D’ailleurs, Au Gabon, le 1er
forum international sur l’iboga a été organisé en 2019 à Libreville afin de
faire connaître d’avantage cette plante et ses vertus thérapeutiques.
PAMOUANDE Princesse D.
Axel KENJI
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