RECYCLAGE : DONNER UNE SECONDE VIE AUX PNEUS USES
AGM-Yaoundé Chaque année, en raison des
multiples actions des hommes sur la planète, des tonnes de déchets sont
produites. Ces déchets sont pour la plupart rejetés dans la nature, occasionnant
ainsi une pollution de l’environnement.
La croissance
démographique, l’urbanisation rapide, un changement d’habitudes de consommation
et de modèles de production ont entraîné une augmentation exponentielle des
déchets de tout type en Afrique (solides, ménagers, hospitaliers…). D’après le
rapport « Africa Waste Management Outlook 2018 », la quantité de
déchets solides atteindra les 244 millions de tonnes par an d’ici à 2025, soit
presque le double des chiffres de 2012. Toujours en 2018, la Banque Mondiale estimait que l'Afrique devrait produire trois fois plus de déchets à
l'horizon 2050. "L’Afrique subsaharienne a généré 174 millions de
tonnes de déchets en 2016, avec un taux de 0,46 kilogramme par habitant et par
jour’’. Toujours selon le même rapport, en Afrique sub-saharienne, 69% des déchets
sont déversés à ciel ouvert et souvent brûlés ; 24% des déchets sont éliminés
sous une forme quelconque et seulement 7% d’entre eux sont recyclés ou
récupérés.
Notons
qu’une mauvaise
gestion des déchets engendre de sérieux problèmes de pollution
environnementale, elle-même ayant des effets très nuisibles sur la santé
humaine et l’environnement sans oublier la forte pression démographique,
l’urbanisation anarchique et la une mauvaise répartition des zones d’activités
notamment industrielles, qui ont rarement pris en considération la donne
environnementale.
Ceci se remarque notamment dans la plupart des villes, à travers la faiblesse des ressources en eau et leur pollution, la dégradation de la qualité de l’air, la prolifération de toutes sortes de déchets urbains aux alentours des zones d’habitation, menant par ailleurs à une défiguration des sites et du tissu urbain et a une détérioration générale du cadre de vie de la population. Cette situation actuelle de notre environnement, a provoqué la sonnette d’alarme et comme l’indique l’OMS, « un environnement plus sain permettrait d’éviter chaque année, près de 13 millions de morts à travers le monde ».
Une industrie qui prend de l’ampleur en Afrique
Depuis quelques années,
certaines personnes ont eu la bonne idée d’utiliser ces déchets pour en faire
des produits dérivés. C’est de là qu’est née l’industrie du recyclage.
Aujourd’hui, cette industrie fait partie des plans d’action pour un
développement durable.
En Afrique, l’industrie du recyclage prend de l’ampleur et en dehors du défi qu’elle représente, la montagne de déchets solides qui croît en Afrique offre également des opportunités d’emplois et de richesse pour les « écolo-entrepreneurs », qui convertissent les matériaux bruts, leur donnant ainsi une seconde vie. De plus en plus d’entrepreneurs africains voient des opportunités commerciales dans la collecte, le tri et le recyclage des déchets. Une prise de conscience collective est en cours sur la nécessité de gérer efficacement les ressources et notamment par la réutilisation et le recyclage des déchets. Le changement de paradigme ayant ainsi permis de passer d’une économie linéaire (produit utilisé, déchet détruit ou enfoui) à une économie circulaire (produit utilisé, déchets valorisés, matières récupérées pour de nouveaux usages, énergie et matières économisées).
Des opportunités offertes par le recyclage des pneus usés en Afrique
Les montagnes de pneus déposés çà et là dans nos
agglomérations à ciel ouvert constituent une énorme source de pollution : ils
finissent leur cycle de vie en étant incinérés. L’incinération des pneus est
une pratique très polluante qui émet d’importantes quantités de CO2 et de gaz à
effet de serre dans la nature.
Une multitude de projets fleurissent en Afrique pour
faire face à la problématique du recyclage des pneus, dont leur transformation
en meubles,
accessoires pour l’agriculture et autres articles décoratifs sont très prisés
par une clientèle de plus en plus intéressée par la consommation des produits
fabriqués localement.
Au Cameroun, plusieurs start-up et associations
orientées vers le recyclage ont vu le jour, afin de trouver des débouchés
économiques aux milliers de pneus devenus inutiles, dans le but de créer une
chaîne de valeur dans la filière de fabrication de meubles et autres
accessoires. L’équipe d’Africa Green Magazine a rencontré dans la
ville de Yaoundé, l’Association Sustainable Footprint, l’une des
plus actives dans le domaine du recyclage des pneus usés. La Fondatrice de
cette Association, Laureline Gouetso s’est entretenue avec notre équipe sur place.
Africa Green Magazine : Quel est votre
parcours académique et les motivations qui vous ont orienté vers le
recyclage ?
Laureline Gouetso : Je suis titulaire d'un Baccalauréat A4
Espagnol. Après ma Licence en Technologies de l'Information et de la
Communication option publicité obtenue à l’Ecole Supérieure des Sciences et
Techniques de l'information et de la Communication (ESSTIC). J'ai décidé de
diversifier ma formation car ayant déjà un penchant pour les problématiques
environnementales. C'est ainsi que j’ai choisi de suivre des études de Master
en Management environnemental et développement durable à l'Institut des
Relations Internationales du Cameroun (IRIC). J'ai effectué des stages dans des
entreprises privées et organisations internationales. Grâce à ce parcours professionnel
et aux expériences cumulées j’ai opté en 2018, de me lancer dans le monde
entrepreneurial. Ainsi, j’ai créé l’Association Sustainable Footprint,
spécialisée dans la protection de l'environnement et la promotion du
développement durable. Notre activité principale est le recyclage des vieux
pneus que nous collectons et transformons en de magnifiques meubles de maison,
de bureaux, accessoires décoratifs et autres destinés à l’agriculture.
AGM : Pourquoi avoir choisi le pneu comme matière
principale et quels sont vos axes d’intervention ?
LG : la problématique de l’insalubrité est
accentuée dans nos communes et le pneu en fait partie après les déchets
plastiques. Alors, le pneu comme matière centrale pour deux raisons :
d’une part, en atteignant la vision de Sustainable Footprint, la
quantité de bois utilisée pour la fabrication des meubles serait réduite ;
d’autre part nous contribuerons à réduire l’insalubrité. A ce jour, nous
recyclons en moyenne 2000 pneus par an (nombre qui évolue de jour en jour).
Notre activité centrale est basée sur cinq axes à savoir le tri des pneus ;
l’éducation, à travers la sensibilisation des tous petits sur le développement
durable ; la Responsabilité Sociale des Entreprises ; la
communication sur le développement durable en Afrique ; et la formation.
Sur ce dernier, nous mettons un accent particulier sur l’autonomisation de la
jeune femme africaine.
AGM : Dites-nous un peu plus sur l’organisation
du travail et les délais de livraison
LG : L’équipe est encore assez réduite et il est
difficile d’engager des personnes à temps plein. Ce que nous faisons c’est le
travail d’équipe avec des employés en freelance en fonction de la charge de
travail. À la base, nous sommes un groupe de quatre (y compris moi). Le temps
de livraison dépend de plusieurs paramètres qui sont définis avec les clauses
du client. En général, pour un salon de quatre chaises une table nous prenons
en moyenne dix jours. La durée de vie des meubles et objets fabriqués est de 5
à 10 ans en fonction de l’utilisateur et de l’utilisation qui est faite.
AGM : Quelle est votre vision à moyen terme ?
LG : Comme toute entreprise qui se veut pérenne,
nous comptons être le leader d’ici 2025 et créer showroom certifié ISO 9001.
Par Larissa MENDOUGA, Maxime KAMDEM
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