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Climat: En 30 ans, le volume des lacs glaciaires a grimpé de 50% dans le monde

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Climat: En 30 ans, le volume des lacs glaciaires a grimpé de 50% dans le monde


Des scientifiques ont utilisé des données satellites collectées sur 30 ans pour mener une vaste étude sur les lacs glaciaires à travers le monde. Ils ont constaté que le volume de ces étendues a grimpé de 50% depuis 1990, la faute au recul des glaciers et au changement climatique.

Les glaciers perdent de plus en plus de terrain à travers le monde. Chaque année, ce sont quelque 369 milliards de tonnes de glace et de neige qui en disparaitraient, soit plus de la moitié de l'Amérique du Nord, selon une étude parue en 2019 dans la revue NatureUn phénomène qui a déjà abouti à la "mort" de plusieurs d'entre eux à l'instar de l'Okjökull auquel l'Islande a récemment dit adieu.

On sait que les glaciers et la fonte des glaces jouent un rôle important dans la montée du niveau de la mer. Mais l'eau issue de cette fonte ne se dirige pas toujours directement vers les océans. Une partie se retrouve stockée en profondeur ou dans des étendues appelées lacs glaciaires. Mais quel volume ces lacs représentent-ils à travers le monde ?

C'est ce que des scientifiques ont voulu découvrir à travers une nouvelle étude, la plus vaste jamais menée sur les lacs glaciaires. Et leurs résultats publiés récemment dans la revue Nature Climate Change semble confirmer la tendance générale : alors que les glaciers reculent, ces lacs ont eux considérablement gagné en volume au cours des dernières décennies.

Un volume qui a grimpé de 48%

"Nous savons que toute l'eau issue de la fonte n'atterrit pas immédiatement dans les océans", a confirmé dans un communiqué Dan Shugar, chercheur à l'université de Calgary au Canada et principal auteur de l'étude. "Mais jusqu'ici il n'existait aucune donnée pour estimer la quantité stockée dans les lacs ou en profondeur".

Pour lever le mystère, les scientifiques ont décidé de faire appel aux données satellite collectées par le programme d'observation de la Terre de la NASA, Landsat. Ils projetaient initialement de concentrer les observations sur une vingtaine de lacs glaciaires situés dans les montagnes asiatiques entourant le plateau tibétain. Leur étude s'est finalement étendue bien au-delà.

Au total, ce sont plus de 250.000 images satellite capturées entre 1990 et 2018 que les chercheurs ont analysées. Elles ont permis de déterminer que le volume global des lacs glaciaires s'élève aujourd'hui à environ 156 kilomètres cubes, soit l'équivalent d'un tiers du volume du lac Érié, l'un des cinq Grands Lacs d'Amérique du Nord.

Plus important, les données ont montré que les étendues avaient progressé au cours des trente dernières années. D'après le rapport, leur volume aurait grimpé de 48% depuis 1990 tandis que leur nombre et leur surface totale auraient augmenté de 53 et 51% respectivement.
 
Le lac glaciaire Imja situé dans la chaîne de l'Himalaya a triplé sa surface depuis 1990.  © Planetary Science Institute/Jeffrey S. Kargel

Un risque d'inondations majeures

Ces estimations illustrent le recul des glaciers, favorisé par le changement climatique, et ses effets sur la formation des lacs glaciaires. Mais elles aident également à améliorer les connaissances sur le chemin parcouru par l'eau issue des glaciers. Autant de données qui pourraient permettre de mieux estimer l'impact sur la montée du niveau des océans.

"Au cours des 100 dernières années, 35% de la montée du niveau des océans ont été causés par la fonte des glaciers", a relevé pour l'AFP Anders Levermann, professeur au Potsdam Institute for Climate Change Impact. Or, l'eau stockée dans les lacs glaciaires n'apporte qu'une contribution relativement faible au phénomène.

En revanche, cette même eau peut avoir un impact catastrophique sur les communautés qui vivent aux alentours. Contrairement aux lacs classiques, les lacs glaciaires recèlent souvent des fragments de rochers ou de débris qui les endiguent et les rendent instables. Lorsque l'eau s'accumule sur ces barrières, elle peut ainsi causer des inondations majeures en amont.
"C'est un problème dans de nombreuses régions du monde où les gens vivent en aval de ces lacs dangereux, en particulier dans les Andes et à des endroits comme le Bhoutan ou le Népal, où ces inondations peuvent être dévastatrices", emportant des villages entiers, des infrastructures et des cultures, a précisé Dan Shugar dans le communiqué.

Plus de 3.000 nouveaux lacs glaciaires au Pakistan

L'incident le plus récent s'est produit en août dernier dans la région de Chitral au nord du Pakistan. Il a provoqué la mort d'une fillette et la destruction d'au moins 25 maisons. Dix ans plus tôt, dans cette même région, le glacier Booni Gol avait provoqué une inondation catastrophique qui avait tué 1.980 personnes et détruit quelque 1,6 million de maisons.
Le Pakistan abrite de très nombreux lacs glaciaires dont le lac Thallo situé dans la vallée de Bashkargol dans la région de Chitral.  © K.Night.Visitant/CC BY-SA 4.0

Au Pakistan, comme dans d'autres régions, le risque s'est accru ces dernières années. Selon un rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), plus de 3.000 lacs glaciaires se sont formés en 2018 dans les régions de Gilgit-Baltistan et de Khyber Pakhtunkhwa. 33 d'entre eux sont considérés comme dangereux, menaçant quelque 7,1 millions d'habitants.

"Alors que les glaciers continuent de reculer et d'alimenter les lacs glaciaires, les conséquences sur les risques d'inondations et les ressources en eau sont d'une importance sociétale et écologique considérable", concluent ainsi les auteurs dans leur rapport.




AGM
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