Artemisia, Tisane bio anti palu: vers une thérapie acceptable par tous.
L’Afrique
a-t-elle finalement trouvé de remède "définitif" au premier mal qui
tue ses enfants ?
La tisane
artemisia fait figure d’espoir pour tout un continent dans la lutte contre le
paludisme, à moindre coût.
En effet,
les difficultés d’accès aux soins de santé du fait des poches de pauvreté
malheureusement grandissante dans les milieux défavorisés astreignent les
populations à une mortalité élevée. Dans ce sombre paysage sanitaire, le
paludisme se positionne comme l’une des premières causes des décès en Afrique
subsaharienne[1].
Selon le
rapport 2019 sur le paludisme de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le
nombre de décès liés au paludisme au niveau mondial a été estimé à 405 000
en 2018, dont la région Afrique de l’OMS a enregistré à elle seule 94%[2].
La forfaiture du paludisme dans le monde selon la même institution excède
400.000 victimes tous les ans, et 1 enfant meurt du paludisme chaque 2 minutes[3].
La
découverte de la plante artemisia (de la famille des Asteracecae), avec des
vertus thérapeutiques anti-malaria avérées, scientifiquement prouvées par des
chercheurs[4],
et dont l’efficacité est reconnue par l’OMS[5],
semble être la solution attendue depuis la nuit des temps par les populations
au sein desquelles sont en intense activité les anophèles.
Une
posologie[6]
a été même définie pour cette plante, tant pour le traitement curatif que
préventif. Le traitement curatif permettrait de soigner l’accès palustre avec
un taux de guérison allant jusqu’à 99,5% contre 79,5% pour la formule OMS[7].
De surcroît, la plante Artemisia renfermerait une multitude de principes
actifs, lui conférant la particularité d’être à l’abri de tout développement de
résistance vis-à-vis du Plasmodium.[8]
Plant d'artemisia |
L’artemisia se révèle ainsi donc comme un remède très efficace contre la malaria, coûtant cinq fois moins cher que les recours actuellement disponibles. Toutefois, son homologation par l’OMS se heurte au principe dit de "précaution"[9].
Selon l’OMS,
l’utilisation continue de l’artémisinine (molécule anti paludique contenue dans
l’Artemisia annua[10])
en monothérapie (non associée à une autre molécule), pourrait causer le
développement de résistances qui rendraient inefficace tout traitement
ultérieur. « Pour augmenter son effet, mais aussi retarder
l’apparition de résistances, l’artémisine est administrée en association avec
une autre molécule (…) amodiaquine ou méfloquine… ».[11]
Les Combinaisons
Thérapeutiques à base d'Artémisinine (CTA) constituent le pilier du traitement
recommandé contre le paludisme à Plasmodium falciparum, et puisqu’aucun
autre dérivé de l’artémisinine ne devrait être mis sur le marché avant
plusieurs années, leur efficacité doit être préservée ».[12]
Par conséquent, l’OMS recommande les CTA pour traiter le paludisme non
compliqué causé par le Plasmodium falciparum, et proscrit l’utilisation en
monothérapie orale de l’artémisinine et ses dérivés.[13]
En
réaction à cette inquiétude de l’OMS, Dologuélé-Potolot (médecin centrafricaine
engagée dans les recherches sur l’artemisia) rassure que l’artemisia contient
suffisamment de principes actifs rendant impossible tout développement de
résistance : « On a décompté 400 possibles principes actifs dans Artemesia
afra, dont vingt anti-malaria ». Elle poursuit avec une invitation :
« il faut maintenant aller plus loin dans les recherches », afin que
l’efficacité et les effets secondaires de Artemisua afra soient étudiés plus
précisément.[14]
Il est à
remarquer, contre toute attente, que les études en faveur de cette plante,
pouvant permettre de situer définitivement toutes les parties prenantes et dissiper
ou confirmer les craintes sur lesquelles se fonde le principe de précaution de
l’OMS semblent souffrir de manque de soutien. Un timide intérêt a été toutefois
observé récemment de la part du bureau de Brazzaville de l’OMS, qui s’est
laissé convaincre de collaborer avec l’antenne congolaise de l’association La
Maison de l’Artemisia pour des essais cliniques et des recherches sur l’Artemisia
afra et annua. « Nous laissons six mois à l’association pour répondre
à différentes exigences de l’OMS, puis nous leur rendrons visite »,
détaille Ossy Kasilo, qui dirige le département des médecines traditionnelles
et plantes médicinales au bureau africain de l’OMS. « L’OMS attend en
outre des résultats sur les modes de culture et de transformation de la plante. »
Poursuit-il.[15]
Face à la
position défensive figée de l’OMS et son désintérêt notoire à s’impliquer corps
et âme dans les recherches sur l’artemisia, d’aucuns pensent que l’homologation
de cette tisane dans le traitement antipaludéen (qui pourrait en résulter) constituerait
plutôt une menace pour les intérêts des lobbys pharmaceutiques[16].
Ferme Agro-écologique "La Providence" Formation sur la culture d'artemisia, Juin 2020. Banigbe |
La plante
artemisia ne serait-elle pas capable de faire tourner les industries
pharmaceutiques ? A l’analyse de ses vertus, l’on peut être tenté de
répondre par l’affirmative ; toutefois, le hiatus siégerait dans le fait
qu’elle soit trop accessible aux populations d’une part, et qu’elle prédit
l’effondrement de l’industrie antipaludéenne existante d’autre part, ce qui est
loin d’être une bonne nouvelle pour les industriels.
La
question est alors de savoir si les multinationales pourraient un jour devenir
amies des pauvres.
La
promotion de la culture de l’artemisia dans chaque ménage pour le plus grand
bien des déshérités s’annonce dans ce cas de figure comme la fin de la
"bataille artemisia" entre altruistes et industriels. Toutefois, même
si la culture dans les ménages est entrevue comme une solution idoine, la consommation
de la plante sans l'avis d'un spécialiste peut présenter des risques du fait de
ses principes actifs.
A ce
propos, les promoteurs de la tisane artemisia ont la responsabilité d’indiquer
une posologie plus détaillée avec distinction claire des différentes tranches
d’âges, les traitements à associer selon chaque cas, de même que les situations
où le produit serait déconseillé. Cet aspect doit de même être accentué dans
les formations.
L’OMS, les
Etats, les médecins-chercheurs et les tradithérapeutes sont invités à plus de
collaboration dans les recherches sur l’artemisia, en vue d’aboutir à des
résultats consensuels et sans équivoques acceptables par tous, pour mettre un
terme à la bataille artemisia et libérer l’humanité de l’emprise du paludisme.
L’atteinte des objectifs du développement durable en dépend.
Il y a
lieu de rappeler par-dessus tout que la valorisation des richesses endogènes
s’impose comme condition sine qua non à la réduction de la pauvreté et au
bien-être des populations.
Par KoffiDjidodo BOGUE
Chercheur, Email: koffibogue@gmail.com
Centre de Recherche Agricole et de Promotion des Expertises Rurales
CRAPER BENIN
#Koffi Djidodo BOGUE
Chercheur, Email: koffibogue@gmail.com
Centre de Recherche Agricole et de Promotion des Expertises Rurales
CRAPER BENIN
#Koffi Djidodo BOGUE
AGM
[2] OMS,
Rapport 2019 sur le paludisme. https://www.who.int/malaria/media/world-malaria-report-2019/fr. D'après les statistiques de l'OMS sur le site
https://www.worldometers.info/ le 24 juin 2020 à 1h18 (heure du Canada), 470
264 morts du paludisme sont dénombrés au niveau mondial.
[6]
Une dose journalière de 5 grammes (ou une poignée) de
plante sèche d’artemisia pour 1 litre d’eau, en infusion, répétée pendant 7
jours consécutifs, permettrait de traiter l’accès palustre chez l’adulte, et la
moitié de ladite dose chez l’enfant, avec un taux de guérison atteignant 99,5%
selon des études cliniques rapportées par Christophe BERNARD, auteur,
thérapeute (https://youtu.be/YFiPRfD60QA). La dose
journalière répétée deux fois par semaine serait indiquée pour une thérapie
préventive du paludisme.
[10] Il existe
deux types d’artemisia efficaces contre le paludisme : artemisia annua (plante
annuelle, contient l’artémisinine en plus d’autres molécules, originaire de
Chine mais culture possible en Afrique, se multiplie principalement par semis
mais son bouturage est possible) et artemisia afra
(espèce africaine de l’artemisia, plante pérenne pouvant vivre une dizaine
d’années, se multiplie par bouturage et par marcottage, ne compte pas l'artémisinine
parmi ses principes actifs). Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Artemisia_afra
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