Climat : l’agriculture Africaine face aux changements climatiques - Africa Green Magazine

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Climat : l’agriculture Africaine face aux changements climatiques

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Climat : l’agriculture  Africaine face aux changements climatiques


Les Changements Climatiques constituent, de nos jours, une très grande préoccupation pour la planète toute entière. Bien que le continent africain ne fasse pas partie des grands émetteurs de gaz à effet de serre, il a été identifié comme la région la plus vulnérable face aux impacts des CC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat [GIEC]).

Le climat a une influence très forte sur l’agriculture, qui est considérée comme l’activité humaine la plus dépendante des variations climatiques1. Les impacts du climat sur l’agriculture varient d’une région du globe à une autre avec des conséquences socio-économiques particulièrement importantes dans les pays en développement des latitudes tropicales.

L’Afrique au sud du Sahara, en général, et la région sahélienne, en particulier sont des environnements les plus vulnérables aux changements climatiques et sont devenus de plus en plus secs durant les 100 dernières années. Par conséquent la longueur de période de croissance des cultures a diminué significativement et une persistance de cette tendance aurait des conséquences désastreuses pour l’agriculture et les populations avec des baisses de productivité et de rendements de plus de 50 % selon les régions en 2020.

La production agricole, y compris l’accès à la nourriture, dans plusieurs pays et régions africains serait sévèrement compromise par les changements et la variabilité climatique. Les populations rurales de l’Afrique subsaharienne sont particulièrement exposées à ces aléas climatiques dans la mesure où elles sont étroitement dépendantes de l’agriculture pluviale, qui représente près de 93 % des terres cultivées. Rappelons en effet que 80 % des céréales consommées en Afrique subsaharienne proviennent de cette production traditionnelle et que le secteur agricole emploie 70 % de la totalité de la main-d’œuvre2, représentant entre 15 et 20 % du PIB.

Outre cette dépendance, la croissance rapide de ces populations et leur pauvreté, ne leur permettant pas un accès aux adaptations technologiques (mécanisation, engrais, irrigation), constituent des facteurs aggravant les impacts socio-économiques du climat3. En effet, les faibles moyens de l’agriculture pluviale pour anticiper et enrayer les effets des fluctuations climatiques s’illustrent par une corrélation forte entre la productivité agricole et la pluviométrie avec des conséquences sur la sécurité alimentaire.

Depuis les années 1970, les plus grandes famines ayant nécessité un recours à l’aide alimentaire internationale (1974, 1984-1985, 1992 et 2002) sont entièrement ou en partie dues aux variations du climat4. En effet, les 4e et 5e rapports du Giec, publiés respectivement en 2007 et en 2014, ont alerté la communauté internationale d’une augmentation de la température partout dans le monde, ainsi que d’une probable augmentation de la fréquence et de l’intensité des aléas météorologiques majeurs comme les sécheresses, citant l’Afrique comme le continent le plus vulnérable aux changements climatiques5.

Il n’y a pas de doute qu’une modification de l’intensité et/ou du régime des précipitations affectera les systèmes agricoles et pastoraux en Afrique subsaharienne6. L’agriculture irriguée, comme la culture du riz qui joue un rôle important pour nourrir la population urbaine en Afrique, sera également affectée pas seulement à cause d’une possible modification de la disponibilité en eau, mais également à cause de l’augmentation des températures qui peut entraîner des pertes conséquentes de rendements7.

Il apparaît donc crucial de pouvoir fournir une image plus précise de l’évolution attendue du potentiel de production agricole en Afrique subsaharienne dans le contexte du réchauffement climatique.

Cependant, cette tâche reste encore difficile à réaliser du fait des fortes incertitudes sur les projections régionales du changement climatique, dans la réponse des plantes aux changements environnementaux (pluie, températures, concentration de CO2 dans l’atmosphère), dans le couplage des modèles agronomiques et climatiques et dans la façon dont les systèmes agricoles vont s’adapter progressivement aux changements environnementaux8.              
                                                
Toutefois, en dépit d’une hausse de la production alimentaire, le très fort accroissement de la population va entraîner une augmentation du taux de pauvreté et de malnutrition en Afrique plus rapidement que n’importe où dans le monde, avec un indice de production agricole par habitant bien plus bas que dans d’autres continents.

Si l’on tient compte des projections des besoins alimentaires à l’horizon 2050, au moment où selon les Nations unies la planète aura atteint le maximum de sa population, l’effort en termes d’accroissement de la production alimentaire devrait être extrêmement élevé : entre 2000 et 2050, l’Afrique devrait plus que quintupler sa production ! Le futur de cette région dépend donc de la capacité du secteur agricole à relever le défi de nourrir sa population qui croît rapidement.

Or, ce défi sera d’autant plus difficile à relever que le changement climatique est aujourd’hui à l’œuvre et ne sera certainement pas sans conséquences sur l’agriculture en Afrique comme ailleurs.


1 : (Oram, 1989 ; Hansen, 2002)
2 : (FAO, 2003)
3 : (PNUD, 2004)
4 : (Dilley et al. 2005)
5 : (IPCC, 2014)
6 : (CGIAR, 2009)
7 : (DINGKUHN, 1995 ; DINGKUHN et MIEZAN, 1995 ; DINGKUHN et al. 1995)
8 : (CHALLINOR et al., 2007)



Par Patrick Aurélien
AGM

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