POUSSÉE EN FAVEUR DE LA POMME DE TERRE GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉE EN AFRIQUE DE L'EST
LES AGRICULTEURS ANDINS ET AFRICAINS CONDAMNENT LES INFORMATIONS DE SÉQUENÇAGE NUMÉRIQUE DE POMMES DE TERRE PROVENANT DE CENTRES D'ORIGINE – LA PORTE OUVERTE AU BIOPIRATAGE
Cusco, Pérou ; Johannesburg, Afrique du Sud et Kigali,
Rwanda - 25 mars 2020
De part et d’autre du Nord de l'Atlantique, les grands patrons milliardaires de la pomme de terre veulent voir les pommes de terre génétiquement modifiées se répandre dans le monde entier. Ils comptent sur la collaboration de l'institut de recherche de Lima, au Pérou, et du Centre international de la pomme de terre (CIP), qui pousse à la diffusion d'une pomme de terre génétiquement modifiée par cisgénèse en Afrique de l'Est.
De part et d’autre du Nord de l'Atlantique, les grands patrons milliardaires de la pomme de terre veulent voir les pommes de terre génétiquement modifiées se répandre dans le monde entier. Ils comptent sur la collaboration de l'institut de recherche de Lima, au Pérou, et du Centre international de la pomme de terre (CIP), qui pousse à la diffusion d'une pomme de terre génétiquement modifiée par cisgénèse en Afrique de l'Est.
Au centre d'origine de la pomme de terre situé dans
les Andes, où les pommes de terre génétiquement modifiées sont interdites, les
agriculteurs autochtones sont d'accord avec les agriculteurs africains et la
société civile pour dire que les pommes de terre génétiquement modifiées sont
une très mauvaise idée. Vous pouvez lire le document d'information ici.
Le 28 février, un rassemblement international à Cusco,
au Pérou, a été organisé par l'Asociación ANDES, le Parque de le Papa (une
région agroécologique protégée sous gestion communautaire, connue sous le nom
de Parc de la pomme de terre), le Centre africain pour la biodiversité et la
Fondation Swift. On y expliqua comment la pomme de terre génétiquement modifiée
pour l'Afrique est présentée par ses promoteurs comme une initiative
philanthropique visant à diffuser les technologies de la modification génétique
en Afrique, prétendument pour enrayer une maladie fongique, le mildiou de la
pomme de terre.
Mais, de manière discrète, cette pomme de terre
génétiquement modifiée du CIP comporte des gènes synthétisés à partir
d'informations de séquençage numérique (ISN) provenant de Genbank, la base de
données internationale d’ISN. Les gènes proviennent de parents de la pomme de
terre qui ont été recueillis il y a de nombreuses années, et les droits sur ces
gènes ne sont pas clairs. De tels cas d'utilisation abusive de l’ISN font
l'objet d'un grand débat international. Si les agriculteurs africains sont
amenés par la ruse à adopter cette pomme de terre génétiquement modifiée issue
de l’ISN, le CIP créera une situation préjudiciable aux intérêts des petits
agriculteurs africains et andins, dont les connaissances et les ressources sont
menacées par les nouveaux types de biopiratage que permet l’ISN.
Les participants étant convaincus que la pomme de
terre génétiquement modifiée est une solution technologique restreinte et à
courte vue qui ne convient pas aux petits agriculteurs, a fait que l'atelier a
abouti à la formation d'une alliance Andes-Afrique contre la culture de la
pomme de terre génétiquement modifiée en Afrique.
« Pour les agriculteurs andins, le mildiou de la
pomme de terre n'est pas nouveau », déclare Lino Mamani, responsable de la
banque de gènes traditionnelle du Parc de la pomme de terre à Cusco.
« Nous avons vécu avec ce fléau pendant des milliers d'années. Malgré le
mildiou, nous avons la plus grande diversité de pommes de terre que l'on puisse
trouver dans le monde ». Pour ce qui est de la lutte contre les maladies,
« la clé est la diversité, lorsque la diversité diminue, les souches de
Phytophthora se multiplient », ajoute M. Mamani, qui fait référence au
champignon du mildiou par son nom scientifique.
Ricardo Pacco, de l'Asociación ANDES, remarque que le mildiou de la pomme de terre est loin d'être un problème uniquement africain.
« Le mildiou de la pomme de terre est endémique
ici dans les Andes et ailleurs, alors l'image de petits agriculteurs en Ouganda
et au Rwanda qui réclament des pommes de terre génétiquement modifiées pour les
sauver d'un problème vieux de plusieurs siècles qui est géré sans OGM ailleurs,
sonne comme une farce impérialiste mensongère et inventée de toutes
pièces », explique Pacco. « Nous savons que les OGM sont une mode
passagère, nous savons qu'ils apportent de fausses solutions ».
Alejandro Argumedo, responsable de la Fondation Swift pour l'Amazonie andine, est troublé par le rôle que joue le CIP dans la promotion des pommes de terre génétiquement modifiées en Afrique. Il déclare :
« Les pommes de terre génétiquement modifiées
sont interdites au Pérou, alors pourquoi le CIP expérimente-t-il avec une pomme
de terre en Afrique qui serait illégale dans son pays d'origine ? Le CIP
devrait cultiver de bonnes relations avec les gardiens autochtones andins de la
diversité de la pomme de terre, plutôt que d'encourager l'accaparement de la
pomme de terre par les entreprises en soutenant la culture d'une technologie
OGM risquée ». Il affirme en outre que « les peuples autochtones
andins ont créé la pomme de terre et préservent sa diversité dans leurs champs.
Ils sont la clé de l'avenir de la pomme de terre et il faut condamner le fait
que la CIP porte atteinte à leurs droits ».
Le coordinateur national de PELUM Rwanda, Johnson Mwebaze, déclare :
« Les agriculteurs rwandais travaillent sur des
parcelles d’une surface une moyenne de 0,5 hectare - 80% cultivent moins d'un
hectare. La plupart sont à flanc de colline et moins de 5 % sont irriguées, ce
qui les rend inadaptées à une agriculture à niveau élevé d’intrants. Les
données sur les rendements élevés de la pomme de terre génétiquement modifiée
sont basées sur des essais dans des conditions totalement irréalistes, du moins
pour l'agriculteur rwandais moyen aux ressources limitées ».
L'avocate ougandaise Barbara Ntambirweki commente :
« Nous sommes scandalisés que l'Afrique puisse
être amenée à cultiver une pomme de terre GM dérivée des IISN, ce qui pourrait
ouvrir la voie au vol des connaissances et des ressources traditionnelles des
paysans et des autochtones des Andes ».
La directrice du Centre africain pour la biodiversité, Mariam Mayet, qui a participé à diverses négociations internationales liées à la biodiversité, explique :
« Le désaccord sur le partage des bénéfices pour
les ISN a provoqué l'effondrement de négociations de six ans sur le Traité sur
les plantes (le TIRPAA) qui visaient à remanier le système défaillant de
partage des bénéfices du Traité. L’ISN reste une source majeure de controverse
à l'ordre du jour de la Convention sur la diversité biologique. Il est
certainement malveillant de la part du CIP de pousser une pomme de terre
dérivée des ISN en Afrique ».
L'Alliance Andes-Afrique est composée de peuples autochtones et de groupes de petits exploitants représentant des milliers de producteurs et de gardiens de pommes de terre, d'organisations de la société civile et de sympathisants. L'Alliance rejette les cultures génétiquement modifiées comme solution aux défis alimentaires et rejette les systèmes alimentaires et semenciers dominés par les entreprises, en particulier comme prétendues solutions aux défis du changement climatique.
L'Alliance travaillera de concert pour promouvoir les
systèmes alimentaires et semenciers autochtones et locaux ainsi que
l'agroécologie comme la meilleure stratégie pour produire des aliments sains et
nutritifs, tout en protégeant et en valorisant les écosystèmes. L'Alliance
s'efforcera également de protéger les centres d'origine et la diversité des
cultures, ainsi que le patrimoine bio-culturel qui s'y rattache. Cela implique
de continuer à interdire les variétés génétiquement modifiées et de protéger
les droits et les connaissances des agriculteurs autochtones, notamment en ce
qui concerne les ISN.
CONTEXTE
Un document d’information t a été publié par l'Asociación ANDES, PELUM Rwanda et l'ACB, qui contient les perspectives des producteurs de pommes de terre andins, des informations sur les ISN et la pomme de terre génétiquement modifiée proposée pour l'Afrique de l'Est, ainsi que des recherches sur les milliardaires européens et américains qui soutiennent les pommes de terre génétiquement modifiées. Vous pouvez lire le document ici.
Le Centre africain pour la biodiversité (ACB) à
Johannesburg et PELUM Rwanda ont également publié récemment une étude qui
décrit la situation des cultivateurs de pommes de terre au Rwanda qui, aux
côtés des agriculteurs ougandais, sont la cible des promoteurs de pommes de
terre génétiquement modifiées. L'étude de l'ACB/PELUM soulève des questions et
des préoccupations essentielles concernant la pomme de terre génétiquement
modifiée. Lisez ce document ici.
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