Elevage
biologique : Enjeux, acquis et développement
L’agriculture biologique -un mode de production
regroupant un certain nombre de pratiques agricoles visant à respecter les
équilibres écologiques- repose sur la diversité des ressources et leurs
combinaisons dans le but de produire en mobilisant le minimum d’intrants
externes à l’exploitation.
Elle s’appuie sur une bonne connaissance des
cultures et des animaux, l’utilisation de techniques innovantes ainsi que sur
une approche globale de l’activité agricole. Au niveau de l’élevage, il s’agit
d’organiser la conduite du troupeau, d’adopter un mode d’alimentation qui
repose essentiellement sur les ressources disponibles au sein même des
exploitations et de favoriser un lien étroit entre productions animales et
végétales.
Dans une exploitation biologique, l’élevage est complémentaire aux
cultures. Ainsi, la présence des animaux est nécessaire pour optimiser les
systèmes de cultures, diversifier les rotations et restituer la matière
organique. Il s’agit de permettre à tous les animaux d’élevage d’accéder à
l’extérieur et de veiller à ce que le nombre d’animaux soit proportionnel aux
unités de surface permettant d’en nourrir et d’en épandre leurs déjections.
Ceci contribue à la durabilité et l’équilibre du système de production.
Conduite d’élevage et logement
Afin de conduire un élevage biologique, il faut prendre en compte les
besoins physiologiques, le bien-être des animaux en plus des contraintes
éthologiques.
Les animaux naissent et sont élevés dans les exploitations biologiques. Les
races rustiques sont privilégiées, vu leur aptitude à la mobilisation des
réserves corporelles, leurs qualités maternelles, leur aptitude à la
reproduction à contre saison ainsi que leur résistance au parasitisme.
Au sein des bâtiments d’élevage, les conditions d’hygiène et de confort
doivent être optimisées, notamment l’espace, le chauffage, la ventilation et la
lumière. Tous les animaux doivent avoir accès à des espaces de plein air et aux
pâturages dès que les conditions le permettent. Il est recommandé que la taille
des troupeaux n’affecte pas l’aptitude et le comportement des animaux. Ceci
permet de réduire au minimum le surpâturage, le tassement du sol, l’érosion ou
la pollution causées par les animaux ou par l’épandage de leurs effluents.
L’attache et l’isolation des animaux sont interdits, sauf pour des raisons
de sécurité et de bien-être animal. L’enfermement des animaux à l’engraissement
doit être limité dans le temps, et conditionné par la liberté au sein des
bâtiments.
Alimentation
Il est nécessaire de se procurer des aliments issus de l’agriculture
biologique, notamment ceux produits sur l’exploitation. Cependant, une partie
de la ration peut contenir des aliments émanant d’exploitations en conversion
vers l’agriculture biologique. Ces aliments doivent répondre aux besoins
nutritifs des animaux aux différents stades de leur développement.
Les fourrages grossiers doivent constituer la plus grande part de la ration
distribuée quotidiennement. L’ensilage est accepté mais en moindres quantités.
Il est strictement interdit d’utiliser des facteurs de croissance et d’acides
aminés de synthèse. Les additifs autorisés sont :
- Les vitamines de synthèse (non OGM)
- Les micro-organismes (non OGM)
- La farine de poisson (pour les monogastriques)
- Certains minéraux
L’alimentation des jeunes mammifères repose principalement sur le lait naturel*
(maternel de préférence), sur des périodes plus longues par rapport à l’élevage
conventionnel.
*lait
biologique, liquide ou en poudre, sans additif.
Santé animale
L’usage de
traitements préventifs et la vaccination ne font pas partie des règles de la
gestion sanitaire en élevage biologique. Ils peuvent être considérés comme une
attitude médicale préventive et un moyen utilisé afin de réduire le risque
contre un certain nombre de pathologies. Ainsi, en passant par un choix de
races appropriées, une alimentation adéquate, un équilibre entre les animaux et
leur environnement, on respecte la règle de base essentielle qui se résume dans
« la prévention des maladies ».
La phytothérapie, l’homéopathie, l’aromathérapie et la métallo-thérapie
sont les traitements thérapeutiques privilégiés. En parallèle, aucune substance
stimulant la croissance, la production et la reproduction, notamment les
hormones, les produits de synchronisation des chaleurs et les antibiotiques,
n’est utilisée.
Qualité des produits de l’élevage biologique
Qualité nutritionnelle
L’AGPI oméga-3 (acides gras polyinsaturés oméga-3) et le CLA (conjucated
linoleic Acid) sont recommandé pour l’Homme, vu leur apport nutritionnel.
Les différences qui existent entre les rations alimentaires font que la
viande du poulet élevé en agriculture biologique est plus riche en AGPI, par rapport à
celle issue de l’élevage conventionnel. Par ailleurs, l’élevage biologique en
permettant aux ruminants d’accéder au pâturage, rend les conditions d’élevage
favorables pour l’intérêt de la santé humaine. Le lait et la viande sont, par
conséquent, plus riches en 1GPI oméga-3 et en CLA.
Qualité sensorielle
La qualité sensorielle des produits est fortement influencée par le
pâturage en agriculture biologique. L’alimentation à l’herbe rend la flaveur de
la viande plus intense, et sa couleur plus sombre. Cet effet sur la flaveur,
jugé plutôt indésirable, revient à la teneur élevée en AGPI, et plus
particulièrement en oméga-3. Plus la prairie est riche en légumineuse, plus cet
effet est important, surtout chez les ovins.
Qualité sanitaire
Le risque de retrouver les résidus de substances chimiques dans les
produits d’élevage biologique est limité. Et ce, vu l’interdiction de l’usage
de pesticides et des traitements vétérinaires. En parallèle, détecter des
résidus de produits sanitaires s’avère rare, puisque les animaux consomment des
aliments issus des exploitations pratiquant l’élevage biologique (Il est à
noter que le niveau de contamination chimique des végétaux en agriculture
biologique par les pesticides autorisés ne doit pas dépasser 2 à 6%).
On peut conclure
qu’il n’y a pas de réponse catégorique en termes de qualité des produits issus
de l’élevage biologique. En effet, plusieurs facteurs de variations sont mis en
jeu.
Références :
· AFSAA, 2003.
Evaluation nutritionnelle et sanitaire des produits issus de l’Agriculture
Biologique. Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSAA), 164p.
· nier M., 2007.
Agriculture Biologique horizon 2012. Grand Conseil d’Orientation de l’Agence
Bio. 12 septembre 2007. Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, 14p.
· Bennedsgaard T.W,
Thamsborg S.M., Vaarst M., Enevoldsen C., 2003. Eleven yearswithorganicdairy
production in Denmark – herdhealth and production related to time of conversion
and compared to conventional production. Livest. Prod. Sci., 80, 121-131.
· Bellon, S, S
Prache, M Benoit, et J Cabaret. « Recherches en élevage biologique :
enjeux, acquis et développements », 2009, 14.
· Standards CCPB de
production biologique, 2014. Bologna (Italy).
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