Réchauffement climatique : quel impact pour les entreprises ?
Alors que 100 entreprises
seraient à l’origine de 71% des émissions mondiales de gaz à effet de serre
produits depuis 1988, selon un rapport de la Carbon Disclosure Project, il est
plus que temps de s’interroger sur la relation entre activité économique et
réchauffement climatique. Le rapport évoqué précise en effet que
« l’industrie des énergies fossiles a doublé sa contribution au
réchauffement climatique en émettant autant de gaz à effet de serre en 28 ans
(1988-2016) qu’en 237 ans. ».
Parallèlement, les dérèglements engendrés par
le réchauffement climatique ont un impact direct ou indirect sur de très
nombreux secteurs. D’ailleurs, lors de la COP 21, le commissariat général à la
stratégie et à la prospective, France Stratégie, a réalisé une enquête auprès
de PME afin de connaître leur perception des changements climatiques. Le
constat est sans appel : 77% des PME sont conscientes des risques majeurs
auxquels le changement climatique les soumet ! Quels sont les impacts du
réchauffement climatique sur les entreprises ? Eléments de réponse.
Quels sont les secteurs directement impactés par le réchauffement climatique ?
Concrètement, dans les
années à venir, le réchauffement climatique va provoquer :
- Une baisse des débits des fleuves de 6% à 19% en Europe (donc baisse
de la production d’électricité hydraulique)
- Des sécheresses de plus en plus nombreuses et de plus en plus
longues
- Une augmentation des températures avec croissance du nombre de
canicules
Dès lors, certains secteurs
sont directement affectés par les changements climatiques :
- L’apiculture
- L’exploitation forestière
- La pèche, la chasse, l’élevage et, d’une manière générale, toutes
les activités liées à l’agroalimentaire
- L’énergie
Naissance d’un cercle vicieux
Or, à lui seul, le secteur
de l’exploitation forestière impactera absolument toute l’économie qui, sans
qu’on s’en rende véritablement compte, est totalement dépendante des forêts. En
effet, une baisse de la production des exploitations forestières
impactera :
- La construction (bois de charpente et de menuiserie)
- La papèterie
- Toutes les entreprises utilisant du packaging et des produits en
carton
- La logistique avec le bois de palette
Les entreprises qui
ressortissent de ces activités seront donc directement touchées. Les
entreprises sollicitant les services ou les produits de ces activités seront
également touchées (augmentation des prix de transport logistique, des
packagings, des produits à base de papier/carton, augmentation des coûts des
services administratifs liés à l’augmentation du prix du papier, etc.).
L’énergie en question
L’autre secteur, c’est
évidemment l’énergie. L’hydroélectricité représente aujourd’hui en France la 3ème source
d’énergie (10,1%), juste derrière le thermique à flamme (10,3%) et loin
derrière le nucléaire (71,6%). Comparativement, les autres types d’énergies
renouvelables sont anecdotiques : l’éolien compte pour 4,5%, le solaire
pour 1,7%, de même que les bioénergies. Concrètement, donc, cumulées, ces 3
types d’énergies renouvelables n’atteignent pas la part de l’hydraulique dans
le mix énergétique français.
Or, si, comme les experts le prévoient, le débit
des fleuves diminue de 6% à 19% dans les années à venir, les régions dans
lesquelles l’hydroélectricité tient une place importante risquent de connaître
des problèmes d’approvisionnement si :
- Le parc d’énergies renouvelables n’augmente pas et ne se diversifie
pas rapidement ;
- La consommation électrique globale ne diminue pas.
Et ça a déjà commencé. EDF
annonce en effet une production de l’électricité hydraulique en France en 2017
de -16,3% à cause… de la faible pluviométrie ! Pire : avec l’augmentation
des températures et du nombre de canicules, la consommation électrique explose
(pour refroidir les bureaux, certes, mais aussi et surtout les data centers et
les grandes structures industrielles). Le problème, c’est que la climatisation
à elle seule pose plusieurs problèmes :
- Le principe de la pompe à chaleur en mode climatisation est de
capter les calories présentes à l’intérieur pour les rejeter à
l’extérieur… accentuant ainsi le réchauffement climatique !
- Plus les climatiseurs fonctionnent (et ils fonctionnent d’autant
plus que les températures extérieures sont élevées) et plus la
consommation électrique augmente.
Un nouveau cercle vicieux
est né ! Et ce dernier, en plus d’accentuer le réchauffement, alourdit
fortement la facture pour les entreprises (électricité, baisse de productivité,
arrêts de travail, etc.).
Les assurances, premières concernées ?
En outre, les changements
climatiques entraînent une augmentation du nombre de catastrophes naturelles.
L’année 2019 est à ce titre emblématique avec de violents et nombreux épisodes
de grêle qui ont détruit de nombreuses récoltes et provoqué d’importants dégâts
sur les bâtiments et les véhicules. Ainsi, pour les seuls secteurs de
l’agriculture et de la viticulture, ces épisodes de grêle ont coûté plusieurs
dizaines de millions d’euros de dégâts.
Inondations, tempêtes,
sécheresses, canicules, etc. : certes certaines régions sont plus
sensibles que d’autres à ces risques (les zones inondables, les zones côtières,
les régions sèches, etc.) mais d’autres secteurs sont indirectement impactés…
notamment les assurances ! Or, quand les assurances sont impactées, ce
sont les adhérents qui paient la facture en définitive, avec des hausses
régulières et importantes des primes d’assurance !
Comment réagir face à ces changements ?
En 2016, 64% des dirigeants
de PME ont augmenté leur investissement RSE. Et pour cause, les enjeux
environnementaux doivent être envisagés par les entreprises comme des facteurs
de performance. Et si certains secteurs en sont parfaitement conscients, parce
qu’ils sont directement touchés (on pense évidemment aux entreprises de
construction de maison, aux agences immobilières, aux entreprises de
l’automobile ou encore au secteur de l’énergie), ce n’est pas le cas de tous
les secteurs d’activité. Loin de là.
Il est désormais urgent pour
les entreprises d’initier une politique RSE performante, avec une vision à long
terme. Et ce, non seulement pour améliorer leur image et profiter de
l’engouement des consommateurs pour les démarches responsables, mais aussi pour
garantir leur pérennité, non pas à long terme, mais à court terme !
Réduction de la consommation
électrique, réduction de la consommation (et réutilisation) de papier et
d’emballages, réduction du nombre de déplacements et utilisation de véhicules
propres, recyclage des matières premières/sous-produits/produits de
consommation, etc. : il est finalement assez simple de mettre en place des
mesures qui réduisent rapidement le bilan carbone des entreprises !
Certaines enseignes n’ont
d’ailleurs pas attendu pour réduire leur impact et proposer des solutions aux
particuliers comme aux entreprises pour s’adapter à ces changements. On pense
à :
- Bureau
Vallée : qui s’est mise à la vente en vrac pour limiter les
emballages, distribue des produits reconditionnés, rachète les cartables
usagés pour les donner à des associations, sort progressivement de son
catalogue les produits avec une mauvaise note environnementale, etc.
- Ecolave et Ecoline
Wash : deux enseignes de lavage écologique de véhicules qui
réduisent voire suppriment l’utilisation d’eau de leurs prestations et
utilisent des produits respectueux de l’environnement.
- Biomonde, L'eau
vive, Le
Grand Panier Bio : enseignes de commerce alimentaire bio qui
participent au développement d’un mode de consommation plus respectueux de
l’environnement et à l’impact carbone moindre.
- Green
is better : une enseigne de restauration proposant exclusivement
des produits bio.
- Geode
environnement : qui s’est positionnée sur la gestion et
l’optimisation des déchets de la construction.
- Etc.
En définitive, donc, certes
le réchauffement climatique est dans une phase critique et va avoir dans les
années à venir de lourdes conséquences sur l’activité économique en général et
sur le fonctionnement des entreprises en particulier. Toutefois, non seulement
des solutions existent pour concevoir des entreprises plus résilientes et responsables,
mais en plus de nombreuses enseignes sont d’ores et déjà investies pour créer
un monde plus respectueux de l’environnement. Il suffit de se lancer.
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