Le secteur de la construction doit s’adapter au dérèglement climatique
Le
changement climatique est rentré dans les mœurs et dans l’actualité, comme en
témoigne les périodes caniculaires de juin et juillet 2019 en France. Mais
au-delà des faits et de ce constat, il nous interroge sur notre façon de
l’appréhender et de vivre avec. C’est particulièrement le cas dans le bâtiment
et notamment dans la construction. Il devient essentiel d’adapter la
construction au changement climatique et ce pour un meilleur confort d’été.
D’année
en année, le mercure grimpe toujours un peu plus en période estivale. Au
mois de juin, il a par exemple atteint 45,9 degrés Celsius en France. Un
nouveau record que l’on doit surtout… au réchauffement de la planète, lui-même
directement lié aux activités humaines.
Selon
les analyses d’un groupe de scientifiques européens, l’épisode caniculaire du
mois de juin n’aurait ainsi jamais eu lieu sans les affres du dérèglement
climatique. Ou, du moins, pas à de tels niveaux. Car les experts ont également
relevé une intensification des canicules au fil des années ; « en
juin, il semble que les canicules se soient réchauffées de 4 degrés Celsius par
rapport à il y a 60 ou 100 ans », a effectivement déclaré Geert Jan
Van Oldenborgh, du Royal Netherlands Meteorological Institute.
“L’anticipation utile” pour assurer le confort lors de vagues de chaleur
A
chaque vague de chaleur, on constate que les ménages se ruent sur les
ventilateurs et autres appareils de climatisation mobiles. Ceci traduit le fait
que les ménages ne bénéficient pas toujours de logements adéquats pour
affronter les vagues de chaleur. Même les bâtiments neufs, parfois, restent
très inconfortables, avec des équipements qui n’ont pas été pensés pour faire
face aux épisodes caniculaires. « En France, les bâtiments ne sont pas
toujours prêts à faire face aux changements climatiques, surtout en ce qui
concerne les fortes chaleurs. Bien souvent équipés de systèmes de chauffage,
ils sont peu à être dotés de systèmes de refroidissement. »reconnaît
Alric Marc, directeur général d’EFICIA.
Dès
lors les ménages ont recours à des appareils achetés en grandes surfaces,
souvent peu efficaces, chers à l’exploitation et ne fournissant qu’un confort
partiel de quelques m² climatisés seulement. En termes d’efficacité, il suffit
de se promener dans la rue lors de ces vagues de chaleur pour constater des
boutiques porte grande ouverte pour laisser passer le tuyau de la
climatisation, ou pire, des boutiques dans lesquelles l’air chaud de ce même
tuyau est directement rejeté dans la pièce à refroidir !
Si
l’usage de la
climatisation a longtemps été considéré comme énergivore et inutile –
et par conséquent à éviter, à l’heure de la transition énergétique –, l’idée
n’est pas d’en priver les Français dans ces périodes de forte chaleur. En
effet, le réchauffement climatique nécessite d’atténuer les émissions de
carbone mais également de s’adapter à l’augmentation des températures.
Mais
pour pallier l’inconfort des récents logements construits, il semble important
de prendre en compte le confort lors de vague de chaleur dès la conception d’un
bâtiment. L’« anticipation utile », dans la construction bâtimentaire,
c’est ce que prône Henri Chapouthier, de Construction21.org : « L’adaptation
au changement climatique concerne l’anticipation […]. Par exemple, pour les
vagues de chaleur, il s’agit de s’assurer du bon dimensionnement des
équipements apportant de la fraîcheur, de la possibilité de mise en place de
nouveaux systèmes de ventilation naturelle, de la qualité des vitrages »,
entre autres. Sans oublier les stratégies architecturales qui peuvent aller
jusqu’à anticiper sur l’orientation du futur bâtiment et le choix du terrain.
Le
spécialiste de citer une étude récente du National Institute of Building
Sciences (Etats-Unis), selon laquelle il coûterait en moyenne 6 fois moins cher
de mettre en place de telles solutions lors de la construction que de faire
face aux conséquences du réchauffement climatique sur le climat et le secteur
immobilier. Rien de bien révolutionnaire mais la France accuse un certain
retard en matière d’optimisation thermique de ses nouveaux bâtiments. A cause,
surtout, d’une réglementation mal pensée, voire totalement désuète à l’heure de
la transition énergétique.
Prendre en compte le confort d’été dans les outils réglementaires
La
majorité des constructions sous le coup de la Réglementation thermique 2012
(RT2012) souffrent d’un effet « thermos » : tellement bien
isolés qu’ils piègent la chaleur (rayonnement solaire, chaleur libérée par les
équipements domestiques…) et font grimper la température intérieure. Publié en
2014, le document Retours d’Expériences (REX) Bâtiments performants &
risques (Version 3) fait valoir que « les bâtiments à faible
consommation d’énergie sont des bouteilles thermos dans lesquelles tout apport
d’énergie est piégé, ne peut pas ressortir, et se transforme en chaleur
». Pas franchement l’idéal en période de montée du mercure…
Recourir aux solutions passives puis actives si nécessaire
En
effet, pour améliorer le confort d’été, il existe deux grandes familles de
solutions. Les solutions passives qui ne consomment pas d’énergie et qui jouent
sur l’enveloppe du bâtiment pour limiter les apports solaires ou pour profiter
des températures plus faibles à l’extérieur pour rafraichir l’intérieur (par
exemple des vitrages renforcés ou des protections solaires).
Et
lorsque cela n’est pas suffisant les solutions actives (consommant de
l’énergie) peuvent être utilisées. Les appareils de climatisation installés au
moment de la conception du bâtiment sont très efficaces et consomment très peu
d’énergie. Ils peuvent même être réversibles (pompe à chaleur) et fournir du
chauffage l’hiver en consommant très peu d’électricité en captant l’énergie
contenue dans l’air.
Les
prochaines réglementations comme la RE2020 à venir ne doivent pas amener à de
tels effets. Il semble important de se positionner dans une perspective
d’adaptation au changement climatique, se doter d’exigences fortes en termes de
confort d’été, et ainsi faire en sorte que les
bâtiments construits s’adaptent aux périodes caniculaires.
A.G.
Source :
enviro2b.com
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