L’ENVIRONNEMENT : LE GRAND OUBLIE DES GUERRES
Quand nous parlons des guerres, nous pensons aux conséquences
humanitaires, économiques, politiques, géopolitiques mais jamais des
conséquences environnementales. Pourtant celles-ci sont plus que présentes et
ont aussi des conséquences sur nos modes de vie, notre santé, notre
alimentation.
Faisons un tour d’horizon de quelques exemples historiques de
l’impact de la guerre sur l’environnement avant de se centrer sur la guerre en
Ukraine.
1.Exemples historiques
Dans tous les conflits, l’environnement est souvent l’oublié.
Rappelons à l’aide de grands exemples historiques l’impact que peuvent avoir
les conflits sur l’environnement.
Hiroshima et Nagasaki
Les bombardements nucléaires d’Hiroshima avec « Little Boy »
et de Nagasaki en 1945 sont les exemples les plus tristement célèbres. Les
impacts des bombes ont soufflé les deux villes tuant 70 000 civils à Hiroshima
et 80 000 à Nagasaki.
« Little Boy »
En explosant, « Little Boy » a produit en champignon haut de 9
000m provoquant des vents de 640 à 970km/h. L’explosion a provoqué une chaleur
proche de celle du Soleil: 5,5 millions de degrés Celsius ! Ce qui a bien sur
tout détruit: végétation, bâtiment, animaux, et principalement des femmes et
des enfants puisque les hommes étaient combat. La ville s’est transformée en
désert radioactif.
Aujourd’hui « Little Boy » aurait tué 140 000 personnes des
conséquences directes ou indirectes en date du 31 décembre 1945. Et la chaleur,
le feu et les ondes de choc ont détruit une surface de 13km².
« Fat Man »
Le principe fut le même pour « Fat Man ». Sauf que Nagasaki
est une région vallonée: les collines ont ainsi pu freiner les conséquences de
la bombe aux villages alentours.
Aujourd’hui « Fat Man » aurait tué 70 000 personnes en date du
31 décembre 1945. Et la chaleur, le feu et les ondes de choc ont détruit une
surface de 6,7km².
Les retombées radioactives ont eu de graves conséquences sur
les survivants avec notamment un fort taux de cancers, des bébés venant au
monde avec des malformations mais également une pollution de la végétation, des
sols et du bétail.
Les déchets de la Première Guerre Mondiale
Autre exemple, il s’agit des obus non explosés qui sont des
déchets non ramassés datant de la Première guerre. Ils sont enfouis sous terre,
se dégradent et libèrent des substances toxiques : arsenic, mercure, sels de perchlorate.
Ces substances polluent alors les sols pouvant les rendre infertiles et surtout
les rendent toxiques pour toute la biodiversité.
L’agent orange : puissant herbicide
Entre 1964 et 1973, les Américains ont déversé 80 millions de
litres d’un herbicide nommé “agent orange” sur le Vietnam sur 20 000 km² de
forêts et de terres agricoles. Cet herbicide contenant une substance très
toxique, la dioxine avait pour but d’éliminer la végétation dans laquelle
pouvait se cacher les Viêt-Cong. Cet agent a détruit toute la végétation mais a
également provoqué des malformations congénitales et des cancers. Ce serait
après cet événement que le terme d’écocide aurait été popularisé.
Incendies des puits de pétrole au Koweït
En 1991, première guerre du Golfe, l’armée irakienne de Saddam
Hussein incendient 732 puits de pétrole au Koweït. Ces incendies ont fortement
pollué l’air et les sols. Entre 700 000 et 900 000 tonnes d’hydrocarbures ont
pollué la mer à cause des sabotages de l’armée irakienne, créant ainsi une
marée noire désastreuse pour les écosystèmes. Pour éteindre ces feux, il aura
fallu l’aide de 27 équipes internationales.
2.Quelles atteintes environnementales possibles en Ukraine ?
A ce jour nous ne possédons pas de données suffisantes et de
sources sûres pour étudier l’impact réel de la guerre sur l’environnement,
outre des informations provenant des réseaux sociaux ou médias locaux. Il
s’agit ici d’évaluer les hypothétiques conséquences de chaque attaque sur
l’environnement.
Attaques sur des installations militaires
Des sites militaires et du matériel ont été ciblés par des
attaques aériennes et des missiles de croisière comme la base militaire de
Vassylkiv ou le dépôt de munitions à Balakliia. Les incendies liés à ces
destructions ont libéré une pollution dans l’air composée de gaz toxiques, de
particules fines et de métaux lourds. Ces incendies touchent également des
voitures militaires qui brûlent et relarguent des polluants le long des routes
dans des zones urbaines et rurales.
Sites nucléaires
L’Ukraine possède le 8ème parc nucléaire du monde avec 4 centrales nucléaires :
Zaporozhye (6 réacteurs)
Rovno (4 réacteurs)
South Ukraine (3 réacteurs)
Khmelnitski (2 réacteurs)
Les principales inquiétudes se portent sur de potentielles
attaques sur ces centrales notamment sur la centrale de Zaporizhzhya, la plus
grande d’Europe avec ses 6 réacteurs. Effectivement une attaque de l’armée
russe sur cette centrale a déclenché un incendie d’un laboratoire et d’un
bâtiment de formation. Heureusement, celui-ci a été maîtrisé mais a rappelé les
risques majeurs du conflit au sein d’un pays ayant un si grand parc nucléaire.
Une explosion de cette centrale équivaudrait à l’explosion de 6 Tchernobyl.
Cette centrale possède aussi un important volume de stockage de déchets
radioactifs à l’air libre avec environ 3 000 conteneurs de barres de
combustibles usées.
Si une attaque avait lieu, cela libérerait des substances
radioactives contaminant l’air puis le sol et l’eau. Toute la biodiversité dont
nous faisons partis seraient touchée par deux types de contamination :
L’irradiation externe par le rayonnement émis par les
radionucléides dispersés dans l’air
La contamination interne par inhalation des aérosols
radioactifs présents dans l’air ambiant au niveau du sol.
Certains radionucléides se dissipent mais ceux sous forme
d’aérosols se déposent sur les surfaces et les contaminent pour des durées
variables : contamination de la végétation, des bâtiments, des eaux de surface.
Ces contaminations contaminent par la suite les hommes et les animaux qui
consomment les végétaux radioactifs et les eaux radioactives.
Les mines
Des mines ont été posées le long des plages pour empêcher des débarquements.
L’Ukraine est un des pays les plus touchés par les mines
antipersonnel. Selon l’UNHCR, depuis 2014 il y a eu plus de 1 000 victimes des
mines. En plus des conséquences humanitaires, les mines pourraient se dissoudre
libérant du mercure, de l’arsenic et du plomb dans les eaux souterraines.
A savoir : il existe la “Convention sur l’interdiction de
l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel
et sur leur destruction” ratifiée en 1997 par la majorité des pays mais non
signée par la Russie. En 2021 la Russie possédait le stock le plus important
avec 26,5 millions de mines.
Les attaques côtières
Les forces ukrainiennes ont détruit des ponts pour empêcher
les mouvements des troupes russes, avec le risque que des débris et des
contaminants perturbent les habitats fluviaux.
Les incendies de sites industriels et commerciaux émettent des
polluants qui se retrouvent dans les rivières.
Les attaques contre des installations navales et des navires
comme le Banglar Samriddhi au large de Mykolaïv ou le Helt au large d’Odessa
provoquent des pollutions côtières.
Le bombardement de l’île Snake Island a sans doute laissé des
conséquences irréversibles sur la biodiversité et la géo diversité.
Les combats près de Kherson, pour prendre le pont sur le
Dniepr, ont provoqué des incendies dans la réserve de biosphère de la mer
Noire. Ces incendies ont peut-être détruit des arbres et des habitats uniques
pour les oiseaux dans la plus grande réserve naturelle d’Ukraine.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire