Biodiversité : l’UNESCO désigne 20 nouvelles réserves de biosphère
Le Programme
sur l’Homme et la biosphère de l’UNESCO a ajouté cette semaine 20 nouveaux
sites, situés dans 21 pays, au Réseau mondial de réserves de biosphère, y
compris en Martinique et en Moselle, en France.
Le réseau compte
désormais 727 réserves de biosphère, dont 22 sites transfrontaliers, dans 131
pays.
Les réserves de
biosphère de l'Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et
la culture (UNESCO), où se conjuguent conservation de la biodiversité,
éducation environnementale et recherche et développement durable, couvrent
désormais plus de 5% de la surface terrestre, a précisé l’UNESCO dans un
communiqué de presse.
Le Conseil
international de coordination du Programme sur l’Homme et la biosphère de
l’UNESCO (CIC-MAB), réuni à Abuja du 13 au 17 septembre (pour la première fois
sur le continent africain), a approuvé ces ajouts ainsi que l’extension ou la
modification du zonage de deux réserves de biosphère existantes. Le programme
MAB fête ses 50 ans en 2021.
L’Arabie
saoudite, le Lesotho et la Libye rejoignent cette année le réseau MAB avec la
désignation de leurs premiers sites : respectivement les réserves de biosphère
des Juzur Farasan, de Matšeng et d’Ashaafean. En Europe, la réserve de
biosphère Mur-Drave-Danube commune à cinq pays devient le premier site MAB
cogéré par autant de pays (Autriche, Croatie, Hongrie, Serbie, Slovénie).
« L'UNESCO
accompagnera les pays pour réaliser l’objectif d’atteindre le seuil de 30% de
zones protégées en 2030. Et cela commence ici, avec ces nouvelles réserves qui
rejoignent le programme MAB. L'éducation à l'environnement est également
essentielle pour reconstruire notre relation avec la nature, de la petite
enfance aux programmes de recherche sur la biodiversité, et l’UNESCO se
mobilise pour que l’environnement devienne un élément clé des programmes
scolaires d’ici à 2025 », a déclaré Audrey Azoulay, Directrice générale de
l'UNESCO.
Réserve de biosphère Mur-Drave-Danube commune à cinq pays (Autriche, Croatie, Hongrie, Serbie, Slovénie)
La première réserve
de biosphère reliant cinq pays englobe le réseau fluvial le plus vaste et le
mieux préservé d’Europe centrale et vise à créer un modèle de coopération
internationale pour la gestion des bassins fluviaux, tout en jetant des ponts
entre les populations humaines et la nature. Elle rassemble la réserve de
biosphère de la basse vallée de la Mur (Autriche), la réserve de biosphère
transfrontalière Mur-Drave-Danube (Croatie et Hongrie), la réserve de biosphère
Bačko Podunavlje (Serbie) et la réserve de biosphère de la Mur (Slovénie).
Elle abrite
environ 900 000 personnes et couvre une superficie de 931 820 ha centrée sur le
Danube et les affluents de la Mur et de la Drave, s’étendant des Alpes aux
contreforts des Balkans en passant par le bassin des Carpates et reliant un
réseau de 13 zones majeures protégées.
Ce réseau
fluvial unique offre des services écosystémiques essentiels et est
indispensable à la pérennité d’habitats et d’espèces caractéristiques.
L’harmonisation transfrontalière de sa gestion durable et de la conservation de
la biodiversité marque une avancée majeure dans la coopération internationale
et le partage des responsabilités, démontrant la volonté des États parties de
penser au niveau mondial et d’agir ensemble au niveau local.
Réserve de biosphère de l’Átl’ka7tsem/baie Howe, Canada
Située à
proximité de Vancouver, cette réserve de biosphère englobe le fjord et les îles
d’Átl’ka7tsem/Howe Sound sur une superficie de 218 723 ha, dont 16 % sont des
zones marines. Les écosystèmes montagneux côtiers de grande altitude influencés
par l’Océan Pacifique accueillent une grande biodiversité, avec environ 721
espèces animales terrestres autochtones, dont le grizzli, le carcajou et le
pygargue à tête blanche. Elle abrite également des milliers d’espèces marines,
notamment des récifs vivants d’éponges hexactinellides, dont on a longtemps
pensé qu’ils avaient disparu il y a 40 millions d’années.
Átl’ka7tsem
(prononcé At-Kat-soum) est le mot Sḵwx̱wú7mesh/squamish pour désigner le fait
de remonter la baie à la rame. Les membres des Premières Nations habitent dans
la région depuis des temps immémoriaux. La sylviculture durable et
l'écotourisme sont les principales activités économiques des 50 000 habitants
de cette réserve de biosphère. Après que les pratiques non durables comme la
surpêche et l’industrie lourde polluante eurent des effets dévastateurs sur
l’environnement, un tournant déterminant en faveur de la conservation et du
développement responsable des ressources a été pris au milieu des années 1970.
Après plus de 30 ans de restauration, des signes prometteurs de reprise sont
visibles. Les baleines, les dauphins et les saumons roses à bosse sont de
retour, et l’estuaire constitue à nouveau un écosystème riche et productif,
reconnu au niveau international comme une Zone importante pour la conservation
des oiseaux. En tant qu'intendants des terres et gardiens du savoir, les
Premières nations sont des collaborateurs clés dans la création conjointe de la
vision d'Átl'ka7tsem/baie Howe. Afin de préserver sa valeur culturelle et la
mise en valeur intégrée des ressources terrestres et marines, l’organe
directeur de la réserve de biosphère assurera une représentation équilibrée
entre les Premières Nations, la société civile et les autorités locales.
Réserve de biosphère de Martinique, France
Il s’agit de la
12e réserve de biosphère située le long de l’arc volcanique des Caraïbes, l’un
des 35 points chauds de la biodiversité mondiale. Sa richesse est unique, car
elle comprend de nombreuses espèces endémiques vivant dans des habitats rares
et menacés. La totalité de l’île ainsi que sa zone économique exclusive marine
sont incluses dans la réserve de biosphère de 4 924 768,63 ha. La géologie
remarquable du site comprend le volcan actif de la montagne Pelée, haut de 1 397
mètres, des mornes endormis et un littoral composé de baies et de criques. La
forêt tropicale qui couvre les contreforts escarpés de l’île et les mangroves
qui bordent son littoral témoignent de son rôle essentiel en tant que
composante d’un corridor écologique entre les Amériques.
La réserve de
biosphère abrite quelque 380 000 personnes et son économie repose
principalement sur l’agriculture – 20 % de la superficie de l’île étant
constituée de terres arables –, l’industrie agroalimentaire et le tourisme, avec
un million de visiteurs par an.
Réserve de biosphère de la Moselle-Sud, France
Nichée entre les
Ardennes et les Vosges, cette réserve de biosphère rurale de 139.257 ha, où
vivent 76 609 personnes, englobe la partie française des pentes montagneuses
fertiles et des plaines dégagées de la vallée de la Moselle, qui s’est
développée pour former un paysage culturel marqué par l’élevage bovin et ovin.
Les forêts couvrent environ la moitié de cette réserve, et les zones humides de
l’ouest sont jalonnées d’innombrables étangs formés au fil des siècles pour
drainer les pâturages et servir de retenues, notamment pour la pisciculture,
dans une région connue sous le nom de pays des étangs.
La vallée de la
Moselle est un important carrefour d’Europe occidentale depuis le Moyen Âge. Il
est prévu que la réserve de biosphère devienne un centre d’agropastoralisme,
d’écotourisme et de recherche environnementale.
Réserve de biosphère du Monte Grappa, Italie
Dans la ceinture
préalpine de l’Italie orientale, 25 municipalités se sont regroupées pour
constituer la réserve de biosphère du Monte Grappa, une zone de 66 067,30 ha
habitée par 174 184 personnes. Situé sur l’affleurement d’une faille, le
paysage du Monte Grappa, composé de sommets enneigés et de prairies alpines
typiques des Dolomites, domine les écosystèmes plus vastes des plaines de la
Vénétie et de la vallée du Pô.
Le groupement de
communes prévoit d’attirer de nouveaux arrivants et de contrer le dépeuplement
progressif qui a commencé à la fin du XIXe siècle en relançant les activités
forestières et pastorales. Cette réserve de biosphère est destinée à servir de
laboratoire d’idées et de plateforme locale en faveur de l’économie verte et
circulaire.
Réserve de biosphère du Kolsai Kolderi, Kazakhstan
Situé dans la
partie nord de la chaîne montagneuse du Tianshan, le Kolsai Kolderi présente
des paysages uniques de steppes qui s’élèvent jusqu’aux sommets glacés de la
ceinture alpine, des canyons, des rivières et des lacs spectaculaires bordés de
forêts de conifères et de feuillus. Il abrite de nombreuses espèces rares et
menacées, notamment l’ours brun du Tianshan, le léopard des neiges et le lynx
du Turkestan. Cette réserve de biosphère couvre une superficie de 242 085 ha et
est bordée au sud par la réserve de biosphère d’Issyk-Kul du Kirghizistan.
Si la plupart de ses 8 000 habitants vivent de l’agriculture et de l’élevage, la réserve de biosphère présente un énorme potentiel pour le tourisme durable, renforcé par sa proximité avec Almaty, centre financier, économique et culturel du Kazakhstan.
L’objectif principal de cette réserve de biosphère est d’en préserver les
caractéristiques naturelles typiques, rares et uniques, et de soutenir un
développement socio-économique durable.
Réserve de biosphère de l’Archipel de Wando, République de Corée
Situé à
l’extrémité sud de la péninsule coréenne, l’archipel de Wando comprend 265
îles, dont seulement 55 sont habitées par quelque 50 000 personnes qui
accueillent 3 millions de visiteurs par an. Les zones marines représentent près
de 90 % des 403 899 ha de cette réserve de biosphère.
Des forêts
tempérées chaudes de feuillus persistants couvrent les pentes des montagnes et
s’étendent le long des côtes du Wando, qui présente divers écosystèmes,
notamment des marais salants, des habitats rocheux, des zones sablonneuses, des
estrans, ainsi que des zones intertidales et sublittorales s’étendant jusqu’à
la mer, qui abritent une faune marine tout aussi riche.
Cette réserve de
biosphère présente de magnifiques exemples de pratiques traditionnelles de
gestion des terres, comme les maeulsup (forêts et bosquets villageois qui protègent
les habitants et les terres agricoles des vents violents) et les gudeuljangnon
(rizières en terrasses). Les habitants reconnaissent que ces pratiques durables
et un environnement sain confèrent une valeur importante supplémentaire à la
production de produits de la mer et au tourisme dans leur archipel.
Réserve de biosphère de Matšeng, Lesotho
Première réserve
de biosphère du pays, le Matšeng couvre une superficie de 112 033 ha dans les
hauts plateaux du nord du Lesotho, parfois dénommé le Royaume dans le ciel, en
raison de la hauteur des monts Drakensberg-Maloti. Il maintient un écosystème
naturel, peu perturbé, avec des niveaux élevés d’endémisme et des traits
naturels saisissants, notamment les dernières forêts indigènes du Lesotho. Ce
site est une zone d’oiseaux endémiques de haute priorité, avec des espèces
telles que le serin de Symons (Crithagra symonsi).
L’agriculture de
subsistance et l’élevage (bovins, moutons et chèvres pour la laine et le
mohair, chevaux pour le transport et ânes comme bêtes de somme) représentent
les principales activités économiques de cette réserve de biosphère. Plusieurs
cultures et légumes sont produits dans les petites exploitations pour compléter
les revenus et les besoins alimentaires des agriculteurs.
Il est prévu
d’encourager une économie dynamique de la biodiversité dans la biosphère, basée
sur une agriculture raisonnée et un écotourisme culturel et naturel d’autant
plus attrayant que les panoramas montagneux sont impressionnants et que les
sentiers sont propices à la randonnée et au trekking à dos de poney.
Réserve de biosphère d’Ashaafean, Libye
Située dans la
partie nord-est des montagnes Nafusa, Ashaafean est la première réserve de
biosphère en Lybie. Sa région montagneuse biogéographique méditerranéenne présente
une grande variété d’habitats comprenant des forêts sèches et des prairies
steppiques au nord ainsi que des zones méridionales hyperarides dans le désert
du Sahara.
Protégée par
décret gouvernemental depuis 1978, l’aire centrale de 83 060 ha de la réserve
de biosphère abrite une variété d’espèces rares ou menacées, notamment des
plantes médicinales et aromatiques ainsi que des espèces de faune inscrites sur
la liste rouge de l’UICN, telles que la hyène rayée (Hyaena hyaena), la tortue
terrestre (Testudo graeca) et l’outarde houbara (Chlamydotis undulata).
Cette zone
constitue une plateforme de recherche et de formation pour les étudiants
universitaires travaillant sur la conservation de la biodiversité et le
développement durable. La plupart des 65 000 habitants de cette réserve de
biosphère vivent de l’agriculture traditionnelle durable, de la collecte de
bois et de l’apiculture. La région est connue pour la qualité de ses olives et
de son huile.
Réserve de biosphère du mont Penang, Malaisie
Le mont Penang
est l’une des destinations touristiques les plus populaires de Malaisie,
attirant 1,6 million de visiteurs chaque année. Cette réserve de biosphère est
située sur l’île de Penang, point chaud mondial de biodiversité. Elle couvre
une superficie de 12 481 ha, dont 5 196 ha de zones marines, et présente le
seul lac méromictique de Malaisie dont la couche inférieure d’eau de mer est
recouverte d’une couche d’eau douce, constituant un écosystème rare qui abrite
des espèces aquatiques fragiles et menacées, comme le crapaud endémique Ansonia
penangensis.
La réserve de
biosphère du mont Penang est une mosaïque de paysages urbains, agricoles et
naturels, comprenant l’une des dernières forêts pluviales côtières de Malaisie,
des forêts de diptérocarpacées côtières de plaine et de montagne, des
mangroves, des zones humides, des plages de sable et des récifs coralliens. Ces
différents habitats abritent une grande diversité florale et faunistique,
notamment des espèces endémiques et menacées telles que le dauphin de l’Irrawaddy
(Orcaella brevirostris), le pangolin javanais (Manis javanica) et des oiseaux
migrateurs. Ses plages sont des lieux de ponte habituels pour les tortues de
mer, menacées d’extinction.
Le mont Penang a
constitué une attraction touristique de premier plan et a attiré les
responsables coloniaux et les botanistes au XIXe siècle. Depuis leur création
en 1884, les jardins botaniques de Penang abritent la flore et la faune du mont
Penang et comptent plus de 2 400 espèces végétales, dont plus de 200 orchidées.
Réserve de biosphère de la dépression lacustre d’Uvs, Mongolie-Fédération de Russie
Situé à la
frontière de la Fédération de Russie, le lac Uvs, le plus grand de Mongolie
avec sa superficie de 335 000 ha, est entouré par les contreforts semi-arides
des montagnes de l’Altaï méridional. Le lac Uvs possède un bassin plat et peu
profond, ce qui en fait un lac salé naturel.
La dépression lacustre d’Uvs, zone centrale de l’écorégion mondiale de l’Altaï-Saïan, fait partie de la réserve de biosphère transfrontalière récemment désignée qui s’étend sur une vaste superficie de 2 242 112,70 ha et qui relie l’intégralité de deux biomes de la taïga sibérienne et des steppes mongoles. Ce site abrite des espèces emblématiques telles que l’argali, le léopard des neiges, l’ibex de l’Altaï, ainsi que des oiseaux migrateurs.
Cette réserve de biosphère transfrontalière regroupe la réserve de biosphère du
bassin d’Uvs Nuur, du côté mongol, et la réserve de biosphère d’Ubsunorskaya
Kotlovina, du côté russe, toutes deux désignées en 1997.
Les activités
visant à réunir les deux réserves de biosphère ont commencé en 2011 avec la
création d’un organe de coordination conjoint qui a organisé des ateliers et
des réunions participatives pour encourager la conservation transfrontalière de
la nature. Dix ans plus tard, cette coopération à long terme a permis la
création d’une région modèle située de part et d’autre des deux pays.
Réserve de biosphère d’Avireri Vraem, Pérou
Située dans les
provinces de Satipo et de La Convención, dans le centre du Pérou, Avireri Vraem
s’étage sur des hauteurs comprises entre 280 m et 6 271 m, abritant 12
écosystèmes différents dans trois écorégions : la forêt amazonienne au pied des
Andes, les Yungas sur les pentes abruptes des montagnes avec des forêts de
montagne et brumeuses, et la région andine dans les hauteurs de la cordillère
des Andes. Elle abrite 257 espèces endémiques de faune, 307 espèces endémiques
de flore menacées et 115 espèces de faune menacées figurant sur la liste rouge
des espèces menacées de l’UICN.
La biosphère
compte une population d’environ 458 701 personnes, y compris les communautés
locales et autochtones, qui parlent huit langues différentes. Leur patrimoine
culturel matériel et immatériel constitue un élément déterminant de l’identité
diversifiée de l’Avireri Vraem. « Avireri » est un héros mythologique ashaninka
qui a contribué à façonner le monde en séparant le jour et la nuit, la saison
sèche et la saison des pluies tout en créant une musique pour chacun d’eux. Il
aurait également tenu les envahisseurs à distance en les transformant en
rochers. « Vraem » est l’acronyme de la vallée des rivières Apurímac, Ene et
Mantaro (Valle de los ríos Apurímac, Ene y Mantaro).
Cette réserve de
biosphère nouvellement désignée, d’une superficie de 4 110 762,685 ha, établit
un lien entre les réserves de biosphère Oxapampa Ashaninka Yanesha et Manu du
Pérou, et renforcera le développement inclusif et durable de la région.
Réserve de biosphère du Kouznetsky Alataou, Fédération de Russie
Faisant face aux
vastes étendues sibériennes au nord et bordée par les montagnes de l’Altaï au
sud, la chaîne du Kouznetsky Alataou n’a presque pas évolué depuis la dernière
période glaciaire. Elle englobe des montagnes où se côtoient le sapin de
Sibérie et le pin de Sibérie ainsi que des écosystèmes de toundra et de taïga
où vivent le renne des forêts sibériennes, l’élan et l’ours brun. Loutres,
visons, rats musqués et castors prospèrent sur les rives de ses rivières et de
ses lacs. Cette réserve de biosphère de 2 698 772 ha compte 138 632 habitants
et abrite le peuple chor.
Dans ces
montagnes reculées, la réserve de biosphère constituera une plateforme pour les
services sociaux, les petites entreprises à vocation environnementale,
l’écotourisme et la revitalisation de la culture autochtone locale. Chaque
année, plus de 100 000 touristes visitent ses monuments, assistent à des rites
traditionnels et font l’expérience de la cuisine locale.
Réserve de biosphère du mont Grand-Bogdo, Fédération de Russie
Avec les
méandres de la Volga à l’ouest et surplombant les steppes du Kazakhstan à
l’est, cette réserve de biosphère de 60 423 ha constitue un véritable carrefour
de paysages et de cultures. Elle abrite 230 espèces d’oiseaux, comme le pélican
frisé, la buse à longues pattes, plusieurs espèces d’aigles et de faucons, et
se trouve sur les voies de migration de plusieurs espèces d’oiseaux protégées
par la convention de Ramsar. L’écosystème montagneux semi-aride abrite
également 88 espèces de plantes vasculaires supérieures, 12 espèces de
reptiles, notamment l’alsophyle de la Caspienne endémique (Alsophylax pipiens),
plus de 160 taxons d’insectes et 113 espèces d’arachnides ; 46 espèces de
mammifères, dont une population relique d’antilopes Saiga tatarica, des
sangliers, des élans et des chevreuils.
Au centre de
cette réserve de biosphère, le lac Baskountchak, connu dans toute la Russie
pour sa production de sel, se détache du maquis environnant. La réserve de
biosphère, élément marquant de la dépression caspienne, contient de nombreux
monuments archéologiques et culturels qui témoignent de sa situation sur la
route de la soie. Sa population clairsemée comprend des Russes, des Kazakhs,
des Ukrainiens, des Tchétchènes, des Tatars, des Coréens, des Azerbaïdjanais et
des Kalmouks, qui vivent principalement de l’agriculture et de l’élevage, entre
autres de chevaux. Cette réserve de biosphère servira de pôle pour la
conservation de la nature et la recherche sur l’utilisation médicinale
traditionnelle des plantes et de l’argile, ainsi que pour le tourisme.
Réserve de biosphère des îles Farasan/Juzur Farasan, Arabie saoudite
L’archipel des
Juzur Farasan est un groupe d’îles situé à l’extrême sud-ouest de l’Arabie
saoudite, près de la frontière yéménite. Cette zone de 820 000 ha associe des
habitats marins et terrestres qui constituent un ensemble d’écosystèmes
importants dans le sud de la mer Rouge.
Les îles Farasan
abritent des espèces rares et endémiques de flore et de faune qui font de cette
première réserve de biosphère en Arabie saoudite un site exceptionnel. Elle
abrite notamment trois des treize peuplements recensés en Arabie saoudite de la
mangrove rouge de Rhizophora mucronata, une espèce menacée, ainsi qu’une
population relique de Dugong dugon classée comme vulnérable sur la liste rouge
de l’UICN, la plus grande population de gazelles Idmi du pays et diverses
espèces d’oiseaux marins (pélican gris en période de nidification, balbuzard
pêcheur, pluvier crabier), d’espèces marines (plusieurs espèces de dauphins,
baleines, tortues de mer à écailles, coraux et raies mantas) et de reptiles.
L’isolement de
ces îles a contribué à la préservation de nombreuses traditions agricoles
ancestrales. La population locale entretient toujours les terrasses
artificielles et a recours à des dispositifs d’irrigation traditionnels. Les
communautés locales utilisent également des formes traditionnelles
d’agriculture de subsistance à petite échelle dans des zones où des puits peu
profonds sont entretenus et utilisés pour irriguer des variétés de plantes
locales, notamment des céréales et des légumes.
Réserve de biosphère Ribeira Sacra e Serras Do Oribio e Courel, Espagne
Située en
Galice, à l’extrémité montagneuse du nord-ouest de la péninsule ibérique, cette
réserve de biosphère de 306 534,77 ha est un site d’une grande beauté naturelle
doté d’un riche patrimoine culturel.
Le Miño serpente
au fond des vertigineux canyons du Sil, dans un paysage de vallées, de
dépressions tertiaires et de contreforts de maquis, ce qui donne lieu à une
diversité de microclimats.
Cette réserve de
biosphère nouvellement désignée englobe désormais un géoparc mondial UNESCO et
six sites Natura 2000. Elle constitue un refuge unique pour la biodiversité,
abritant 1 214 espèces de flore vasculaire, soit 52,7 % de la diversité
floristique de la Galice, et 277 espèces de faune. Ce site constitue
l’extension la plus occidentale du corridor écologique formé par les réserves
de biosphère des monts Cantabriques et les zones protégées de la côte
atlantique européenne.
Habité par 75
203 personnes, ce site connaît une histoire de recherche et d’activités
éducatives consacrées à la conservation et à la gestion durable, axées
notamment sur les agrosystèmes et un écotourisme équilibrés. Des niveaux de
protection élevés s’appliquent par ailleurs au patrimoine culturel. Ce site est
célèbre en raison des Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, inscrits sur la
liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 1993. On y trouve également des
grottes, des abris sous roche, des pétroglyphes, des mégalithes, des
monastères, des églises, des établissements anciens et des ponts qui témoignent
de la grande richesse de la région.
Réserve de biosphère de Doi Chiang Dao, Thaïlande
La réserve de
biosphère de Doi Chiang Dao est située dans le district de Chiang Dao, dans la
province de Chiang Mai, en Thaïlande. C’est la seule région du pays dotée d’une
végétation subalpine que l’on trouve également dans l’Himalaya et dans la
partie sud de la Chine. De nombreuses espèces rares, menacées ou vulnérables
vivent dans cette réserve de biosphère de 85 909,04 ha, comme le gibbon à mains
blanches (Hylobates lar), le semnopithèque de Phayre (Trachypithecus phayrei),
le goral chinois (Naemorhedus griseus), le tigre (Panthera tigris) ou la
panthère nébuleuse (Neofelis nebulosa).
Le paysage
regorge de grottes formées par l’infiltration des eaux pluviales à travers les
formations calcaires. La plus grande et la plus importante d’entre elles est la
grotte de Chiang Dao, dont la réserve de biosphère tire son nom. Cette grotte
est associée à la légende de Chao Luang Chiang Dao, le roi de tous les esprits,
qui résiderait dans l’imposante montagne Doi Chiang Dao. La grotte et la
montagne sont considérées comme des lieux sacrés. Un temple bouddhiste de style
Lanna marque l’entrée de la grotte. La grotte et la montagne attirent chaque
année de nombreux visiteurs, et un modèle de gestion de l’impact des visiteurs
a été mis en place. L’écotourisme, l’observation des oiseaux et des étoiles
constituent d’autres attractions touristiques locales.
L’agriculture
s’appuie sur un système d’irrigation traditionnel par gravité dénommé maung fai
et constitue une activité notable du site, où les pratiques et les
connaissances locales ont été maintenues pendant près de 800 ans.
Réserve de biosphère de la basse vallée de l’Amou-Daria, Ouzbékistan
La réserve de
biosphère d’État de la basse vallée de l’Amou-Daria, en Ouzbékistan, est située
dans la partie nord du cours inférieur du fleuve Amou-Daria, au sud-est de
l’ancienne côte de la mer d’Aral. Ce site est l’une des plus grandes zones de
forêts tugay naturelles en Asie centrale, écosystème unique et généralement
menacé.
En intégrant le
réseau mondial des réserves de biosphère, les parties prenantes de cette
réserve viseront notamment à conserver et à restaurer les paysages naturels,
les espèces animales et végétales des forêts tugay ainsi que d’autres éléments
naturels caractéristiques des forêts ripariennes d’Asie centrale.
Cette zone
constitue un habitat important pour la faune et la flore et comprend la plus
grande biodiversité des régions désertiques d’Asie centrale. C’est également le
milieu naturel et protégé du cerf de Bactriane (Cervus hanglu bactrianus),
espèce menacée.
Réserve de biosphère de Nui Chua, Viet Nam
La réserve de biosphère de Nui Chua (106 646,45 ha) englobe les zones terrestres et marines de la province de Ninh Thuan et se situe à l’extrémité de la chaîne de montagnes Truong Son, où le climat est rude, avec un temps ensoleillé, chaud et aride et des précipitations minimales. Cette réserve de biosphère est une zone représentative en matière de biodiversité, avec une mosaïque riche et diverse d’écosystèmes caractéristiques de la région du Centre-Sud du Viet Nam, notamment une végétation semi-aride unique, des plages de nidification pour les tortues de mer et des récifs coralliens.
Une population totale de 447 162 personnes vit sur place, notamment les
principaux groupes ethniques Kinh, Cham, Raglai, Hoa, Tay, Nung et Muong, qui
ont tous des cultures diverses, des traditions artistiques, religieuses et
architecturales ainsi que de nombreux rituels et grands festivals.
Réserve de biosphère de Kon ha Nung, Viet Nam
Le site de Kon
ha Nung est situé sur les hauts plateaux du centre du Viet Nam, le « toit de
l’Indochine », dont le sommet culminant atteint plus de 1 700 m. Il s’étend sur
413 511,67 ha et abrite 267 493 habitants. Cette réserve de biosphère abrite
également des espèces rares telles que le douc à pattes grises (Pygathrix
cinerea), une espèce de primate rare et endémique du Viet Nam classée comme
étant en danger critique d’extinction, avec seulement 1 000 individus à l’état
sauvage environ.
Cette réserve de
biosphère est gérée dans le respect des savoirs traditionnels des communautés
locales, y compris les savoirs autochtones et populaires sur la production et
l’organisation sociale. Le comité populaire de la province de Gia Lai formule
des mesures concernant l’attribution de terres et de forêts aux ménages, le
paiement des services écosystémiques forestiers et le développement d’un écotourisme
durable.
Extension, modification du zonage ou changement de nom de réserves existantes
Réserve de biosphère de l’Apennin tosco-émilien, Italie
Cette réserve de
biosphère a été agrandie de 275 384 ha et englobe désormais un total de 498 613
ha, avec une population permanente de plus de 378 424 habitants.
La situation du
site, à la limite géographique et climatique entre l’Europe continentale et
l’Europe méditerranéenne, offre une grande biodiversité, avec au moins 260
espèces de plantes aquatiques et terrestres et 122 espèces d’oiseaux,
d’amphibiens, de poissons et d’invertébrés d’intérêt local et régional en
matière de conservation.
Cette extension
vise à inciter la population locale à vivre en harmonie avec la nature, à
encourager la reconnaissance locale de la valeur des services écosystémiques,
dont la population est la principale bénéficiaire, et à offrir des possibilités
d’investissement dans la conservation et le développement de ces services
écosystémiques.
Réserve de biosphère de Lauca, Chili
La superficie
totale de la réserve de biosphère de Lauca (Chili), créée en 1981, a été
agrandie de 358 000 ha pour passer à 1 026 567 ha et couvre désormais les
communes de General Lagos, Putre et Camarones, situées au nord-est du Chili.
Environ un tiers
de la faune du Chili est présente dans la réserve de biosphère de Lauca et, en
raison de la grande valeur écologique de la région, un site Ramsar et trois
zones nationales de protection de la faune sont déjà situés dans son périmètre.
La réserve de
biosphère agrandie abrite une population de 4 734 résidents permanents, dont 50
familles indigènes. La région est classée comme zone de développement
autochtone ; ainsi, l’extension de la réserve de biosphère offre à la
population locale l’occasion de favoriser le dialogue et de partager les
savoirs autochtones, la participation de la communauté autochtone étant
essentielle à la gestion de la réserve de biosphère.
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