AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE DU GABON, UN LONG CHEMIN ABSTRAIT
AGM-GABON Aux années post-indépendance, le Gabon ne
dépendait d’aucunes importations. Le pays disposait de ressources agricoles
nécessaires pour répondre aux besoins alimentaires de sa population. Grace au
boom pétrolier, les ressources agricoles ont été délaissées du fait de l’afflux
des populations vers les grandes villes. De pays quasi auto-suffisant
alimentaire, le Gabon a vu son budget d’importation revu à la hausse au fil des
années sans y faire grand-chose.
A ce
jour, l’importation des denrées alimentaires du pays lui revient à près de 550 milliards
de francs CFA/an. Conscient de cette dépense énorme, le pays envisage de revoir
à la baisse son budget d’importations alimentaires de 50% d’ici 2022. Dans le plan stratégique Gabon émergent il
est prévu qu’« A l’horizon 2025, le Gabon, par l’essor des filières
agricole et d’élevage, assurera une sécurité alimentaire durable pour ses
populations, et sera un exportateur de rang mondial de produits agricoles
tropicaux, dans le respect des principes d’agriculture raisonnée et de
développement durable ».
Comment comptent-ils faire ?
Lors de
la 31e réunion régionale de la FAO, le ministre de l’Agriculture
Biendi Maganga Moussavou annonçait l’adoption d’une stratégie. Celle-ci, vise à
l’établissement de mécanismes et de réformes des systèmes qui permettront de
booster la production, la transformation et la consommation locale. Le
gouvernement envisage, « le développement des zones agricoles à forte
productivité dans le but de promouvoir la culture de spéculations vivrières
comme la banane, le manioc, le maïs, le riz et le soja, et l’élevage (avicole
et porcin) à grande échelle. L’objectif d'ici 2022 étant d’atteindre une
production de 20 000 tonnes de riz, 200 000 tonnes de maïs et soja,
51 000 poulets, 18 000 porcs, 40 000 bovins… », rapporte Le
Nouveau Gabon.
Jusqu’à
maintenant,
5 zones agricoles à fortes productivités ont été créées par le gouvernement
dans plusieurs localités du pays. Dans son plan, un recensement de
l’agriculture. A ce jour, la deuxième phase dudit recensement, suit son cours
et ambitionne d’actualiser les données du secteur afin de définir et
d’ajuster les politiques publiques au
niveau local et national. S’en suit d’autres mesures …
Avec la Covid-19
Suite à la pandémie de
corona virus qui a frappé le monde, les Etats ont pris des mesures sanitaires
strictes. Le secteur agricole gabonais qui, dépend à plus de 60% de ses
importations, a subi une crise alimentaire résultant des fermetures des
frontières et par la même occasion de l’arrêt de l’import-export. La crise
sanitaire a mis en lumière les carences du système alimentaire gabonais.
Après le premier ‘’échec’’
du programme « Graine », « une redéfinition de ce projet est en
œuvre » rétorquait le directeur de Sotrader Ahmed Bongo en 2019. Rappelons que « De 2015 à 2018,
le programme Graine a engloutit 119 milliards de f CFA (soit plus de 180
millions d’euros) sans résultat tangible », déplore Hervé OMVA, président
de l’ONG IDRC Africa. Aujourd’hui, bien que les programmes mis en
place par le gouvernement ne soient pas encore au point, la société peut
s’appuyer sur des coopératives, mais aussi des producteurs indépendants. A la
tête de la Société gabonaise de transformation agricole et de développement
rural, Ahmed
Bongo parle de « 850 coopératives, de 400 agriculteurs indépendants, de 1148 emplois et de 2600 agriculteurs
formés».
Ralentis par l’exode
urbain, bon nombres de défis restent à relever pour développer une nouvelle
génération de planteurs, même si, « de plus en plus de jeunes
entrepreneurs s’intéressent à l’agriculture », reconnait Hervé Omva. Certaines
banques ont soutenu le projet en accordant des prêts, mais ces fonds ont été
redirigés vers le programme de riposte de la Covid-19.
Optimiste quant au fait
de répondre localement à 50% de la consommation alimentaire du pays d’ici 2025,
le premier ministre du pays, Rose Christiane Ossouka Raponda, déclare :
« Ce n’est
pas un rêve impossible, nous pouvons le faire dans certaines filières comme le
manioc, la banane, les produits de la pêche et les légumes ».
Il faut
le dire, le coup est parti. Seulement, « L’ONU a encouragé les états
africains à allouer 10% de leur ressources à l’agriculture, mais le Gabon y
consacre moins de 1% de son budget », affirme l’économiste Mays Mouissi.
Ne serait-ce pas là, la cause de ce retard de développement ?
PAMOUANDE
Princesse Difira
Journaliste stagiaire AGM
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