LA METHANISATION, UNE SOLUTION MIRACLE ?
AGM-Energie La
propagande informationnelle nous encourage de jours en jours à un passage aux énergies
vertes, énergies qui n'ont ni d'impacts négatifs sur votre santé, ni sur l'environnement
et qui ne représentent pas une charge pour ce dernier, la technologie de
l’avenir.
Pour ce
faire, les agriculteurs disposent de trésors en grandes quantité et à moindre
couts (les déchets agricoles) qui peuvent leurs permettre de réduire leurs
consommations en énergies mais également de gagner de l’argent.
Les
ordures et autres déchets, les restes, les gaz inutilisés, tous sont recyclés à
travers différents systèmes parfois complexes pour canaliser l’énergie et la restituée
sous forme de chaleur. Une alternative s’offre donc à eux : la
méthanisation.
Comment ça marche…
La
méthanisation agricole est un processus biologique qui permet de transformer
des matières organiques en énergie renouvelable. Cette dernière est obtenue par
la fermentation en absence d'oxygène (anaérobie) des bactéries présentes dans
les déjections animales ou substrats de végétaux. Concrètement, les matières
organiques sont stockées et brassées dans un digesteur maintenu à une
température comprise entre 20 et 60° Celsius. La fermentation optimisée et
accélérée produit un biogaz constitué à 40 % de gaz carbonique (CO2), 55 % de
méthane (CH4) et 5 % de gaz divers. Celui-ci est ensuite brûlé pour produire de
la chaleur, de l'eau chaude sanitaire ou de l’électricité. La décomposition
n'est pas complète et laisse le digestat (en partie comparable à un compost).
Source: @Reporterre |
Les
déchets organiques utilisés pour la méthanisation sont d'origine variée. Il
peut s'agir aussi bien de déjections d'animaux que de déchets issus de
l'industrie agro-alimentaire, de résidus de culture ou de déchets verts. Une
fois le processus achevé, il reste un résidu solide et liquide, le digestat qui
peut ensuite être épandu sur des parcelles agricoles afin de servir d'engrais,
ou comme amendement, pour l'équilibre des sols. En plus de réduire le recours
aux engrais de synthèse, c’est un engrais d’excellente qualité facilement
assimilable par les plantes.
Qu’en est-il vraiment de cette solution ?
Longtemps
ventée comme solution miracle pour réduire drastiquement la quantité de déchets
agricoles et ménagers mais également pour réduire nos consommations en énergies
fossiles, cette technique fait face à plusieurs contestations.
Un
réacteur de méthanisation ne produit pas que du méthane, mais aussi d’autres
gaz toxiques voire mortels : NH3 (ammoniac), H2S (sulfure d'hydrogène ou
hydrogène sulfuré). Et pour Daniel Chateigner, Professeur et Coordonnateur du
Collectif Scientifique National Méthanisation raisonnée, ces autres gaz sont
également source d'inquiétudes car le sulfure d'hydrogène est "non
seulement toxique mais aussi très corrosif. A force, il peut percer les
tubulures d’un méthaniseur et provoquer des fuites de méthane", a expliqué
le professeur à 20 minutes.fr.
Au sortir
du digesteur, le digestat apparaît, encore chaud, il dégage une odeur
d’ammoniac bien prononcée. L'ammoniac quant à lui, pourrait réagir au contact
de l'air et s'oxyder pour générer du protoxyde d'azote, "un gaz à effet de
serre 300 fois plus puissant que le CO2", a souligné Daniel Chateigner au
site Reporterre qui consacre une enquête complète à la
méthanisation. Les gaz produits par le procédé ne sont néanmoins pas les seuls
aspects dénoncés.
Pour
certains, ce digestat est loin d'être sans danger pour les sols. Si
"l'hygiénisation" est insuffisante, ce mélange peut receler de
nombreuses bactéries, potentiellement résistantes, qui vont ensuite s'infiltrer
dans les sols voire les nappes phréatiques, affirme à Reporterre
Marie-Pascale Deleume, membre du groupe méthanisation d’Eaux et rivières de
Bretagne.
A l'état
brut, le digestat peut également être une source non négligeable de métaux
lourds et d'autres résidus nocifs comme l'a montré une récente polémique
autour du méthaniseur de Gramat situé dans le Lot. Des scientifiques
affirment avoir observé, après épandage du digestat issu de cette installation,
une forte chute de la population de collemboles, des insectes considérés comme
des acteurs de la vie du sol.
La pollution
de l’eau que nous buvons, la menace de la biodiversité des sols mais également
les émissions de gaz à effets de serre, sont autant de facteurs qui devraient
nous emmener à réfléchir à une meilleure production de gaz issu de la
méthanisation.
Si
l'utilisation de fertilisants issus de biodéchets est à encourager, les
agriculteurs doivent prendre toutes les garanties pour veiller à leur qualité
et éviter toute contamination. Il existe des techniques d’hygiénisation
permettant un meilleur nettoyage du digestat. Aussi, les risques de rejet
d’ammoniac dans l’air ou de pollution des eaux liés au digestat doivent être
maîtrisés grâce à des règles strictes.
Nous
reviendrons dans un prochain article pour traiter des aspects positifs de ce
sujet.
Florence Alexandre OZENGA RETOWA
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