Il faut aider les petits exploitants à s'adapter aux changements climatiques, sous peine de voir augmenter la faim et les migrations, met en garde le Président du FIDA
Si les investissements destinés à aider les petits exploitants
à s'adapter aux changements climatiques n'augmentent pas sensiblement, nous
risquons de voir la faim gagner largement du terrain et le monde en proie à
l'instabilité, a mis en garde le Président du Fonds international de
développement agricole (FIDA), Gilbert F. Houngbo, en vue du Sommet pour
l'adaptation aux changements climatiques qui se réunira la semaine
prochaine.
Ces propos font suite à la déclaration récente de
l'Organisation des Nations Unies, qui a annoncé que 2020 avait été l'une des
années les plus chaudes jamais enregistrées et que les températures devraient
connaître une augmentation catastrophique au cours du XXIe siècle.
"Il est inacceptable que les petits exploitants, qui produisent
une grande partie des denrées alimentaires de la planète, soient laissés à la
merci de conditions météorologiques imprévisibles et que le niveau des
investissements visant à les aider à s'adapter soit aussi faible", a
déclaré Gilbert F. Houngbo. "Ils ne contribuent que faiblement aux
changements climatiques, mais ils sont les premières victimes de leurs effets.
Ils connaissent de plus en plus souvent de mauvaises récoltes et des pertes de
bétail, ce qui met en péril l'ensemble de notre système alimentaire. Nous
devons impérativement œuvrer pour qu'ils puissent rester sur leurs terres et
cultiver des aliments nutritifs de manière durable. Sinon, la faim, la pauvreté
et les migrations vont encore progresser dans les années à venir."
Ainsi, le 26 janvier, lors du Sommet pour l'adaptation
aux changements climatiques, Gilbert F. Houngbo annoncera le lancement du
Programme élargi d'adaptation de l'agriculture paysanne (ASAP+) aux côtés des
ambassadeurs de bonne volonté du FIDA, Idris et Sabrina Elba, qui participeront
à un débat sur le sujet avec le Premier Ministre belge, Alexander de Croo, et
le Ministre danois du développement international, Dag Inge Ulstei.
À peine 1,7% du financement mondial de l'action climatique –
une maigre fraction des besoins – est consacré aux petits exploitants des pays
en développement, alors qu'ils subissent de façon disproportionnée les effets
des changements climatiques, selon un rapport publié par le FIDA à la fin de 2020.
L'ambition de l'ASAP+ est de changer la donne. Conçu comme le
plus grand fonds destiné à flécher ces financements vers les petits
producteurs, il vise à mobiliser 500 millions d'USD afin de réduire les
menaces climatiques qui pèsent sur la sécurité alimentaire, d'abaisser les émissions
de gaz à effet de serre et d'aider plus de 10 millions de personnes à
faire face aux changements climatiques. L'Allemagne, l'Autriche, l'Irlande et
le Qatar se sont déjà engagés à contribuer au programme.
L'ASAP+ se concentrera sur les pays à faible revenu qui
dépendent le plus de l'agriculture et dont les populations rurales sont les
plus exposées à l'insécurité alimentaire, à la pauvreté et aux changements
climatiques. L'objectif est de faire en sorte que 4 millions d'hectares de
terres dégradées puissent être exploitées selon des pratiques résilientes face
aux changements climatiques et de piéger environ 110 millions de tonnes
d'équivalent dioxyde de carbone sur une période de 20 ans. Le
programme aidera également les pays à concrétiser leurs engagements dans le
cadre des contributions déterminées au niveau national aux termes de l'Accord
de Paris.
"Les petits exploitants des zones rurales contribuent de
façon essentielle à la durabilité, à la stabilité et à la sécurité dans le
monde. Ils ne doivent pas être les oubliés du financement de l'adaptation aux
changements climatiques", a souligné la Directrice de la Division
environnement, climat, genre et inclusion sociale du FIDA, Jyotsna Puri.
"L'ASAP+ contribuera à l'appel mondial lancé en faveur d'une réduction des
gaz à effet de serre et produira des retombées importantes en matière de
revenus pour les agriculteurs ruraux et d'autres populations
vulnérables."
Les systèmes d'agriculture paysanne, qui produisent à l'heure
actuelle la moitié des calories consommées dans le monde, sont souvent
totalement tributaires des ressources naturelles, notamment de la pluie. Ils
sont ainsi particulièrement vulnérables face à la hausse des températures, à
l'irrégularité des précipitations, aux infestations de ravageurs, à l'élévation
du niveau de la mer et aux phénomènes extrêmes, comme les inondations, les
sécheresses, les glissements de terrain, les cyclones et les canicules.
D'après de récentes études financées par le FIDA, les
productions d'importantes cultures de base telles que les légumineuses, le maïs
et le manioc pourraient connaître une diminution de 50 à 90% d'ici à 2050 dans
certaines région de l'Angola, du Lesotho, du Malawi, du Mozambique, de
l'Ouganda, du Rwanda, de la Zambie et du Zimbabwe en raison des changements
climatiques, ce qui risque d'entraîner une forte augmentation de la faim et
de la pauvreté. Si rien n'est fait, les changements climatiques pourraient
obliger plus de 140 millions de personnes à migrer d'ici à 2050. On
s'attend également à une volatilité des prix, étant donné que les catastrophes
naturelles qui surviennent dans une région du monde peuvent entraîner une
hausse de plus de 50% du prix des céréales dans le monde entier.
L'ASAP+ s'appuie sur le Programme d'adaptation de l'agriculture paysanne (ASAP)
du FIDA, qui a déjà permis de distribuer 300 millions d'USD à plus de
5 millions d'exploitants dans 41 pays, afin de promouvoir des
techniques agricoles adaptées aux aléas climatiques et des solutions
fondées sur la nature, et de favoriser l'accès à des infrastructures et à des
solutions techniques telles que les petits périmètres d'irrigation, les systèmes
de récupération des eaux de pluie, les dispositifs d'information météorologique
et les cultures résistantes à la sécheresse et aux inondations.
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