Une base de données pour analyser les forêts d’Afrique centrale
Une base de données à utiliser pour des analyses sur les forêts tropicales humides et leurs stocks de carbone a été lancée au profit de la communauté scientifique internationale par le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) et l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
Il s’agit de la séquestration du dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère dans
la matière organique (bois, feuilles, litière, etc.) de la végétation à travers
le processus de la photosynthèse. C’est ce stock de carbone forestier que les
chercheurs ont pu estimer à l’échelle du bassin forestier de l’Afrique
centrale.
Le travail a porté sur quelques 100 000 hectares de forêts denses d’Afrique
centrale soit environ 12 millions d’arbres mesurés et identifiés dans cinq
pays.
Aussi ont-ils pu recueillir les informations qui, selon Pierre Ploton,
chercheur à l’IRD, permettent aux scientifiques de décrire l’état actuel de cet
écosystème forestier et de mieux comprendre son fonctionnement.
Les informations recueillies pendant environ 20 ans ont été
compilées dans une base de données dénommée CoFor (Congo Basin Forests)
accessible sur demande et utilisée uniquement à des fins de recherche
scientifique.
« La compilation de données d’inventaire sur des superficies larges permet
d’avoir une représentation plus exhaustive de la diversité des forêts, mais
aussi de faire fi des spécificités locales des forêts sur tel ou tel site
d’échantillonnages, pour pouvoir tirer des conclusions plus générales »,
indique Pierre Ploton, auteur principal de l’étude publiée
dans la revue Nature-Scientific Data.
Le chercheur ajoute que ces données ont vocation à alimenter différentes
analyses scientifiques sur les forêts denses d’Afrique centrale.
Par exemple, dit-il, « elles pourraient permettre d’étudier l’influence du
climat (pluviométrie moyenne annuelle, durée de la ou des saison(s) sèche(s),
température annuelle moyenne) sur les quantités de carbone que stockent les
forêts de la région et aussi permettre la mise en place et l’évaluation de
cartes de stocks de carbone sur l’ensemble du bassin forestier ».
La production de telles cartes nécessite, d’après les explications de Pierre
Ploton, « de disposer d’un jeu de données de référence où les stocks de carbone
ont été mesurés en diverses localisations, afin d’entrainer un modèle
statistique qui va permettre de prédire ces stocks là où ils n’ont pas été mesurés ».
D’où l’importance de cette base de données pour servir de référence pour ce
type d’exercice, souligne le chercheur.
Financements internationaux
Bienvenu Ngoy, président du forum national en République
démocratique du Congo de la Conférence des écosystèmes forestiers
denses et humides d’Afrique centrale (CEFDHAC-RDC), estime que cette base de
données est « une solution au problème récurrent de la fiabilité des données ».
« Cette base de données peut faciliter la comptabilisation du stock de
carbone et les calculs de niveau de référence ou les inventaires de ressources
forestières », ajoute cet expert.
Il rappelle au passage les mécanismes de financements internationaux
qui ont été mis en place pour aider les pays à favoriser une gestion durable
des forêts, et « ainsi maintenir les filières d’exploitation
vertueuses ».
« En permettant d’améliorer l’estimation des quantités de carbone
forestier présentes sur leurs territoires nationaux, les données acquises et
stockées dans cette base pourraient permettre aux pays de réaliser des
synthèses plus précises et transparentes de l’évolution de leurs ressources,
facilitant leur accès à ces paiements », soutient Bienvenu Ngoy.
Bien plus, « une base de données d'une échelle géographique assez large
permet des études comparatives et semble être efficiente en termes des coûts
d’exploitation pour plusieurs pays à la fois », estime l’intéressé.
Il conclut en disant que cette base de données constitue un véritable outil
d'aide à la décision pour les pays de cette région en vue d’une bonne gestion
de leurs ressources forestières.
Ce qui conforte Pierre Ploton qui pense que cette démarche de compilation de
données d’inventaire sur les forêts et d’estimation des stocks de carbone
forestier réalisée en Afrique centrale pourrait être reproduite sur d’autres
bassins forestiers, à l’instar de l’Amazonie.
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