Burkina Faso : l’ONU engage une course contre la montre pour éviter une catastrophe de la faim
Le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) et
l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
sont engagés dans une « course contre la montre » pour porter assistance au
plus de 3,2 millions de personnes au Burkina Faso qui peinent actuellement à se
nourrir.
« Le PAM fait une
course contre la montre pour éviter une catastrophe de la faim », a déclaré
Elisabeth Byrs, porte-parole de l’agence onusienne lors d’un point de presse ce
vendredi à Genève, ajoutant que « la sécurité alimentaire s’aggrave
considérablement ».
Les deux agences onusiennes estiment qu’une action urgente et
soutenue est nécessaire pour faire face à l’aggravation de l’insécurité
alimentaire et nutritionnelle dans ce pays pendant cette période de
soudure.
Phase d’urgence de l’insécurité alimentaire
La dernière analyse du Cadre harmonisé montre d’ailleurs une
augmentation de l’insécurité alimentaire aiguë de plus de 50% depuis la
dernière évaluation de la situation faite en mars au Burkina Faso. Deux
provinces de la région du Sahel - Oudalan et Soum - sont entrées dans la phase
d’urgence de l’insécurité alimentaire, telle que définie par le Cadre harmonisé.
Ces évaluations indiquent que plus de 11.000 personnes dans
ces régions du nord, soit près de 3% de la population de ces provinces,
connaîtraient des niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire aiguë.
Elles seraient confrontées à des écarts de consommation
alimentaire extrêmes, ce qui se traduirait également par des niveaux alarmants
de malnutrition aiguë.
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Un million de personnes ont fui les violences
Un grand nombre des personnes les plus affectées ont abandonné
leurs foyers en raison des attaques dans la région.
Pourtant au cours des deux dernières années, le PAM a continué
à accroître son aide, pour faire face à l’aggravation de la crise humanitaire.
En août, l’agence onusienne a prévu de venir en aide à 1,2 million de
personnes.
« Mais le financement est insuffisant par rapport aux besoins,
ce qui risque de compromettre les efforts déployés pour sauver des vies », a
alerté Mme Byrs.
Le PAM estime avoir besoin d’urgence de 51 millions de dollars
pour répondre rapidement aux besoins croissants dans ce pays. « Sans
financement immédiat, le PAM n’aura pas d’autre choix que de commencer à
réduire les rations alimentaires », a affirmé Mme Byrs.
Plus largement, l’agence onusienne estime que l’insécurité et
les conflits - qui ont bouleversé la vie des gens - sont les principaux moteurs
de la faim au Burkina Faso. Ils sont aggravés par les effets du changement
climatique et l’impact socio-économique de la pandémie du nouveau
coronavirus.
Selon l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR), les
violences ont déjà poussé plus d’un million de personnes à fuir leur foyer au
Burkina Faso, dont 453.000 depuis début 2020.
« Plus d’un million de personnes ont fui leur foyer, les
groupes armés se sont répandus dans tout le pays et le pays a connu une
recrudescence des incidents de sécurité au cours des deux dernières années », a
ainsi détaillé Mme Byrs.
« Nous constatons une détérioration alarmante de la sécurité
alimentaire dans les régions les plus touchées du pays », a déclaré David
Bulman, Représentant du PAM au Burkina Faso. « Nous devons prendre des
mesures immédiates pour inverser cette tendance dans les deux provinces. Ce ne
serait rien de moins qu’un désastre si l’avenir de toute une génération se
retrouvait brisée par les effets conjugués des conflits, les déplacements et la
faim ».
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Une crise exacerbée par l’impact de la Covid-19
Selon les experts, la crise a été exacerbée par l’impact de la
Covid-19 sur la capacité des populations à gagner de l’argent pour couvrir
leurs besoins quotidiens dans un pays déjà en proie aux conflits et au changement
climatique.
« La pandémie de Covid-19 aggrave davantage une situation qui
se détériorait déjà à un rythme inquiétant, poussant de plus en plus de
personnes dans une crise alimentaire grave et une insécurité alimentaire aiguë
», a déclaré Dauda Sau, Représentant de la FAO au Burkina Faso.
Parmi les personnes les plus menacées, on compte les petits
exploitants agricoles et les éleveurs.
Certains agriculteurs n’ont pas pu récolter leurs champs et la
plupart des personnes déplacées ne sont plus en mesure de cultiver. Si une aide
humanitaire d’urgence pour sauver des vies et les moyens de subsistance est
nécessaire pour répondre aux besoins immédiats. Il en va de même pour les
investissements à long terme dans les moyens de subsistance et les services
sociaux en milieu rural qui, selon les experts, peuvent contribuer à renforcer
la cohésion sociale et à favoriser la paix.
« Cette situation est dramatique dans un pays où 80% de la
population vit de l’agriculture », a insisté la porte-parole du PAM.
Face à cette urgence humanitaire, l’agence onusienne fournit
une aide alimentaire vitale aux personnes les plus touchées par l’insécurité
alimentaire.
L’autre volet de la réponse consiste à un soutien pour
renforcer la résilience des communautés. Cela passe par la construction et la
réhabilitation des biens, l’alimentation scolaire et des produits nutritifs
spéciaux pour la prévention ainsi que le traitement de la malnutrition chez les
enfants et les femmes enceintes ou allaitantes.
« Nous pouvons inverser cette tendance si nous agissons
maintenant en soutenant le gouvernement pour protéger les moyens d’existence,
augmenter rapidement la production et la disponibilité alimentaires locales, et
aider les populations rurales à accéder à la nourriture », a ajouté M. Sau cité
dans le communiqué.
Depuis 2018, le PAM a intensifié ses activités intégrées de
résilience dans le pays. En 2019, le PAM a ainsi investi plus de 6 millions de
dollars américain, contre 4,7 millions de dollars en 2017.
« Ce faisant, nous contribuons à renforcer la capacité des
producteurs et des communautés locales à accroître leurs revenus et à améliorer
leurs conditions de vie », a conclu la porte-parole du PAM.
AGM
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