Au Zimbabwe, la Chine minera du charbon en pleine réserve naturelle
La survie
de la faune du parc Hwange, dans le nord-est du pays, est en question.
La Chine
aime se présenter au monde comme une championne mondiale des énergies
renouvelables –ce qu'elle est d'ailleurs. Elle apprécie en revanche moins
présenter au monde une autre face, plus crasseuse et moins flatteuse, de ses
activités énergétiques.
Consciente
de l'urgence environnementale, une partie de la planète essaie de se passer du
charbon. Mais Pékin, qui a dû relancer la machine à CO2 sur
son propre territoire pour booster la reprise post-pandémie, multiplie les
projets de mines et de centrales à charbon dans nombre de pays en
développement.
La Chine
a ainsi construit plus de la moitié des nouvelles centrales à charbon du monde
au cours des douze derniers mois, et est responsable de 90% de la production électrique supplémentaire.
Les implantations à l'étranger de projets chinois sont particulièrement nombreuses en Afrique, où la mainmise du
pays sur les économies et infrastructures est désormais loin d'être
négligeable.
Le
dernier en date fait grand bruit au Zimbabwe, déjà rudement meurtri par un énième plongeon économique. La nation d'Afrique
australe, qui dépend grandement du charbon pour alimenter ses centrales et dont
les habitant·es et industries subissent de régulières coupures de courant, y
compris dans la capitale Harare, a autorisé des compagnies minières chinoises à exploiter
le sous-sol du parc national Hwange.
Une mine au paradis
S'il
souffre régulièrement d'activités de braconnage rendues plus fortes encore par
l'effondrement économique global du pays, Hwange reste une réserve vitale pour
la faune locale. Celle-ci inclue notamment les big five (éléphants,
lions, léopards, buffles et rhinocéros), espèces menacées devenues symboles de
la protection animale.
La
décision de laisser des compagnies minières chinoises s'implanter au beau
milieu de ce lieu sauvage ne pourrait être annoncée à un pire moment. Les
éléphants de la région sont victimes d'un mal inquiétant, les rangers du parc
ayant découvert vingt-deux cadavres d'animaux dont la mort n'a pas été
causée par le braconnage –un phénomène massif auquel fait aussi face le
Botswana voisin.
Les
associations de défense de l'environnement zimbabwéennes sont outrées par ce
projet déjà acté, dont l'impact sur l'écosystème, la faune, la flore et les
populations locales n'a fait l'objet d'aucune étude préalable.
Simiso
Mlevu, du Centre for Natural Resource Governance (CNRG), ne mâche pas ses mots
: «Autoriser ces activités de minage de charbon au sein du parc
national Hwange est un crime environnemental grave commis par le gouvernement
et les mineurs», a-t-il ainsi déclaré.
Pékin, à
propos de ces accords propres à la Chinafrique,
revendique souvent un arrangement gagnant-gagnant. Les pachydermes,
rhinocérotidés ou félins de Hwange seront, eux, les grands perdants de
l'histoire.
AGM
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