EDUCATION: LES DÉFIS DE L’APPRENTISSAGE NUMÉRIQUE EN AFRIQUE
Encore appelé la 4ème
révolution industrielle, la révolution numérique, née au milieu du siècle
dernier, est une fusion de technologies qui cumule à la fois les sphères
physique, numérique ainsi que biologique.
Cette révolution technologique qui change
fondamentalement nos relations avec les autres ainsi que notre façon de vivre
et de travailler. Ces changements, dont l’importance, la portée et la
complexité, ne ressemblent en rien à ce que l’humanité a pu connaître
jusqu’alors et qui impliquent le secteur public, le secteur privé, le monde
académique et la société civile.
Ces dernières années ont été marquées par
l’essor de l’apprentissage numérique (E-Learnig), favorisé par le développement
continu des nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (TIC).
Pouvant être en présence (en salle) ou en ligne, sur un outils informatique
(e.g. ordinateur) fixe ou mobile (M-learning), le E-Learning influence les
comportements de l’ensemble des acteurs de la chaîne d’apprentissage : en
amont, les équipes de professionnels spécialisés dans la création, la gestion
et la diffusion de formations ; en aval, les salariés et autres partenaires qui
sont les apprenants.
L'apprentissage numérique symbolise une
volonté d’exploiter le numérique de manière globale. Il peut être intégré à
toutes les modalités pédagogiques : la formation en présence, la formation à
distance synchrone ou asynchrone mais également dans tous les types de
techniques de formation (expositive, participative, autoréactive, tutorée,
etc.).
Si l’apprentissage numérique permet de
faire un grand pas dans le sens de rendre accessible à tous l’acquisition de
compétences et connaissances, son bienfondé est encore l’objet de polémique. En
effet, certains soutiennent que l’apprentissage numérique pour une formation
professionnelle qui s’acquiert la plupart du temps que dans les mises en
situation, dans l’échange et l’analyse de pratiques, et dans la capacité à
raisonner des situations pragmatiques pour être effective, ne peut être
adéquat.
Par ailleurs, le nécessité d’une bonne
connexion internet est indispensable pour y bénéficier. Or, d’après la Banque
Mondiale (2019), moins d’un tiers des Africains sont actuellement connectés à
l’internet haut débit. La Banque mondiale évoque une moyenne de 22 %
d’internautes en Afrique subsaharienne, contre 55 % en Afrique du Nord et au
Moyen-Orient, pour une moyenne mondiale de 49 % (contre 81 % en Europe et 77 %
en Amérique du Nord).
Elle a d’ailleurs estimé à 100
milliards de dollars le montant des investissements nécessaires pour garantir
un accès universel, abordable et de qualité sur l’ensemble du continent Africain
d’ici 2030.
D’autre part, l’accès à un outil
informatique adapté au format d’apprentissage est toujours problématique en
Afrique. L’Institution spécialisée des Nations Unies chargée des TIC, l'UIT
indique qu’en Afrique, la part des ménages équipés d'un ordinateur est passée
de 3,6 % en 2005 à 9,2 % en 2018. Aussi, selon la Banque Mondiale, environ un
tiers des utilisateurs de téléphones portables en Afrique, soit 250 millions,
possèdent un smartphone. On peut légitimement se poser la question sur la
faisabilité et l’efficacité de l’apprentissage numérique en Afrique.
L’avènement de la Pandémie à
Coronavirus SRAS-Cov2, a permis de révéler que le grand déficit en connexion internet
et de l’accès aux outils informatique du continent ne permettait pas de garantir
à tous la continuité d’accès à divers services essentiels tels que l’éducation,
le commerce, la santé ou l’administration publique. De même, Statista.com
indique que les cargaisons de téléphones portables ont considérablement diminué
en Afrique au cours du premier trimestre 2020, en grande partie à cause de
l'impact de la pandémie de coronavirus (COVID-19). Les fournisseurs ont expédié
un total de 46,8 millions d'unités, soit une réduction globale de 20,5 % par
rapport au trimestre précédent.
D’où l’urgence que l’Afrique s’aligne à
la 4ème révolution industrielle de manière plus globalisante et
inclusive. Car, sans un accès universel, le numérique, actuellement vanté comme
futur moteur de la croissance, pourrait au contraire accentuer les clivages
sociaux et nuire aux ambitions de développement socioéconomique du continent.
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