Le carbone du sol face aux enjeux du climat et de la sécurité alimentaire
Les sols représentent globalement un réservoir
contenant trois fois plus de carbone que celui issu de la végétation qu’ils
supportent et le double du carbone atmosphérique. Les sols représentent à la
fois i) un lieu de stockage, c’est‐à‐dire un puits de carbone organique, et ii) une
source par l’émission de CO2 vers l’atmosphère, gaz à effet de serre
qui a une influence sur le changement climatique.
A travers ses différentes
fonctions écologiques (transformation du carbone, recyclage des éléments
nutritifs, maintien de la structure du sol, régulation biologique,…etc.), les
sols rendent plusieurs services écosystémiques et contribuent à la résilience
et la durabilité environnementale. A propos des sols, Charles E Kellogg,
scientifique américain de renom déclarait en 1938 : « Essentially, all life depends on the soil […] There can be no life without soil and no soil without
life; they have evolved together. », que l’on pourrait traduire
par « Fondamentalement,
toute vie dépend du sol […] Il ne peut y avoir de vie sans sol et pas de sol
sans vie; ils vont de pair. »
Le carbone du sol est aujourd’hui un élément
central dans la lutte contre le changement climatique, et la désertification,
dans le défi de la sécurité alimentaire. Il est également un élément clé pour l’atteinte
de plusieurs objectifs du développement durable et de la neutralité en matière
de dégradation des terres.
C’est dans cette perspective ambitieuse, que
l’initiative 4 pour 1000 lancée
lors de la 21e Conférence des Parties (COP21) de la Convention-cadre
des Nations Unies sur les changements climatiques à Paris en 2015 (https://www.4p1000.org/) et les travaux conjoints
de Koronivia sur l'agriculture (COP23), placent l'agriculture au cœur des
actions d'adaptation et d'atténuation du changement climatique et pour la
sécurité alimentaire. En
effet, il existe des preuves empiriques qui montrent qu’il est possible d’augmenter
les stocks de carbone dans les sols par l’adoption de pratiques de gestion
appropriées. Certaines pratiques comme :
- l’agroforesterie ;
- l’agriculture de conservation ;
- le non labour ;
- les apports d’amendements organiques ;
- et bien d’autres, etc… ;
sont connues pour augmenter la taille du puits de
carbone du sol, améliorer localement la santé du sol et la
productivité agricole à long terme et atténuer globalement la concentration de
dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Mais ces pratiques doivent aussi être
adaptées aux contextes locaux, tant environnemental (ressources en sols, eau,
biodiversité, matières organiques,…) que socio-économiques (ressources des
exploitants, aversion aux risques, politiques publiques).
Aujourd’hui,
le grand défi est de comprendre les mécanismes de stockage du carbone, d’appréhender
la dynamique du carbone dans les sols. Mais aussi d’étudier les formes sous
lesquelles ce carbone est stocké et d’identifier les pratiques de gestion qui
permettent à la fois un stockage additionnel de carbone et d’augmenter le temps
de résidence de ce carbone dans les sols. La compréhension des mécanismes de
stockage permettrait de jouer sur les différents leviers de gestions des sols
cultivés. Elle doit se faire par une recherche certes centrée sur les sols mais
ouverte aux autres disciplines.
Il
est donc crucial de préserver les sols en améliorant leur qualité et leur santé
en adoptant des pratiques de gestions appropriées, ce qui in fine conduit à amélioration de la productivité des
agroécosystèmes et à augmenter les stocks de carbone dans les sols contribuant
ainsi à la sécurité alimentaire et à l’atténuation des émissions de gaz à effet
de serre dans l’atmosphère et à l’adaptation au changement climatique.
Par Oscar Pascal Malou
Doctorant à l’UCAD, ISE, Allocataire de
Recherche IRD,
Laboratoire Mixte International
« Intensification Ecologique des Sols
cultivés en Afrique de l’Ouest (IESOL) »
Dakar-Sénégal
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