La pandémie de Covid-19 montre que la criminalité liée aux espèces sauvages est une menace pour la santé humaine
Lorsque les animaux
sauvages sont victimes de braconnage, abattus et vendus illégalement, le
potentiel de transmission de maladies zoonotiques - celles causées par des
agents pathogènes qui se propagent des animaux aux humains - augmente, selon un
rapport publié vendredi par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le
crime (ONUDC).
Les zoonoses représentent jusqu'à 75% de toutes les maladies
infectieuses émergentes et incluent le SRAS-CoV-2 qui a provoqué la pandémie de
Covid-19. Les produits tirés des espèces faisant l'objet d'un trafic pour la
consommation humaine échappent par définition à tout contrôle sanitaire. A ce
titre, ils présentent des risques encore plus grands de maladies infectieuses.
Le rapport note que les pangolins, qui ont été identifiés
comme une source potentielle de coronavirus, sont les mammifères sauvages les
plus trafiqués au monde, les saisies d'écailles de pangolins ayant décuplé
entre 2014 et 2018.
Le rapport s’inspire largement de la base de données World
WISE de l’ONUDC, qui contient près de 180.000 saisies en provenance de 149 pays
et territoires. Cette base de données montre que près de 6.000 espèces ont été
saisies entre 1999 et 2019, y compris non seulement des mammifères mais aussi
des reptiles, des coraux, des oiseaux et des poissons.
Ces données soulignent la nature mondiale du problème. La
criminalité liée aux espèces sauvages affecte tous les pays par ses effets sur
la biodiversité, la santé humaine, la sécurité et le développement socio-économique.
« Les réseaux transnationaux de criminalité organisée
récoltent les bénéfices de la criminalité liée aux espèces sauvages, mais ce
sont les pauvres qui en paient le prix », a déclaré la Directrice exécutive de
l'ONUDC, Ghada Waly. « Pour protéger les personnes et la planète conformément
aux objectifs de développement durable et pour mieux reconstruire après la
crise de la Covid-19, nous ne pouvons pas nous permettre d'ignorer la
criminalité liée aux espèces sauvages ».
Le marché illicite de l'ivoire et de la corne de rhinocéros en baisse
Le rapport décrit les principales tendances mondiales de la
criminalité liée aux espèces sauvages et analyse les marchés illicites du bois
de rose, de l'ivoire, de la corne de rhinocéros, des écailles de pangolin, des
reptiles vivants, des grands félins et de l'anguille européenne.
Il note que la demande d'ivoire africain et de corne de
rhinocéros est en déclin. Les revenus illicites annuels générés par le trafic
d'ivoire et de corne de rhinocéros ont été estimés respectivement à 400 et 230
millions de dollars entre 2016 et 2018.
La demande de bois tropicaux, en revanche, a considérablement
augmenté au cours des deux dernières décennies, le bois de rose africain
illégal entrant dans certaines chaînes d'approvisionnement légales, comme le
commerce international de meubles en bois. Les saisies de produits du tigre ont
également augmenté ces dernières années, tout comme l’intérêt des trafiquants
pour d’autres parties de gros félins pouvant être utilisées comme substituts de
ces produits.
Comme de nombreux autres marchés, le commerce des espèces
sauvages et des produits de la faune sauvage s'est étendu à la sphère
numérique. Les ventes de certains produits, comme les reptiles vivants et les
produits en os de tigre, se sont déplacées vers des plateformes en ligne et des
applications de messagerie cryptées, les trafiquants ayant trouvé de nouvelles
façons de se connecter avec des acheteurs potentiels.
L’ONUDC juge nécessaire d’avoir des systèmes de justice pénale
plus solides, axés sur l'amélioration des cadres juridiques et le renforcement
des procédures judiciaires.
Le rapport montre que les réseaux criminels ont diversifié les
ressources qu'ils exploitent et trafiquent et utilisent les mêmes réseaux
corrompus pour déplacer ensemble différents produits de la faune, tels que
l'ivoire d'éléphant d'Afrique et les écailles de pangolin. Pour lutter contre
ces défis, l’ONUDC souligne la nécessité d'améliorer la coopération
internationale, les enquêtes transfrontières et suggère que les États déploient
davantage d'efforts pour définir la criminalité liée aux espèces sauvages comme
un crime grave en vertu de la Convention des Nations Unies contre la
criminalité transnationale organisée.
AGM
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