Invasion de criquets pèlerins : 500 millions de dollars pour soutenir la lutte antiacridienne, préserver la sécurité alimentaire et protéger les moyens de subsistance
Le
Groupe de la Banque mondiale lance un nouveau programme de 500 millions de dollars
destiné à aider les pays d’Afrique et du Moyen-Orient à lutter contre les nuées
de criquets pèlerins qui menacent la sécurité alimentaire et les
moyens de subsistance de plusieurs millions d’individus.
Approuvé aujourd’hui par le Conseil des administrateurs de la
Banque mondiale, le « Programme de réponse d’urgence aux invasions acridiennes
» (ou ELRP selon son acronyme en anglais) s’attachera à aider rapidement les
agriculteurs, éleveurs et ménages ruraux pauvres et vulnérables à surmonter
l’une des pires invasions de criquets depuis des décennies. Il fournira un
soutien immédiat aux ménages concernés par des dispositifs de protection
sociale ciblés (transferts monétaires, notamment), tout en investissant, à
moyen terme, dans le rétablissement des systèmes de production agricole et
d’élevage et la restauration des moyens de subsistance dans les zones rurales
des pays touchés.
Les
premiers pays à bénéficier de ce programme sont Djibouti, l’Éthiopie, le Kenya
et l’Ouganda, avec une enveloppe globale de financements de 160 millions de
dollars.
« Les invasions de criquets pèlerins exposent à une double
crise les pays qui sont également aux prises avec la pandémie de COVID-19,
souligne le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass. Cette
urgence alimentaire, conjuguée à la pandémie et à la mise à l'arrêt des
économies avancées, met encore plus en danger des populations qui figurent
parmi les plus pauvres et les plus vulnérables du monde. »
L’Afrique de l’Est compte déjà 22,5 millions d’habitants en
situation d’insécurité alimentaire aiguë et 10,8 millions de personnes déplacées,
selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies.
D’après les estimations de la Banque mondiale, sans des mesures de lutte à
grande échelle et coordonnées pour réduire les populations de criquets et
empêcher qu’elles ne se propagent à d’autres territoires, le montant des
préjudices et des pertes infligés à la production agricole et à l’élevage dans
la Grande Corne de l’Afrique et au Yémen risque d’atteindre 8,5 milliards de
dollars d’ici la fin de l’année. Même en mobilisant une riposte rapide et des
mesures de lutte plus efficaces, les pertes pourraient se chiffrer à 2,5
milliards de dollars. C’est pourquoi le nouveau programme financera des mesures
destinées à protéger les moyens de subsistance des populations pauvres et
vulnérables touchées par la crise acridienne.
En plus de protéger les sources de revenus, les biens
matériels et le capital humain des ménages, le programme s’attachera à leur
fournir des semences et d’autres intrants pour permettre le rétablissement le
plus rapide possible de la production agricole et des moyens de subsistance. Il
financera également des investissements destinés à renforcer les systèmes de
surveillance et d’alerte précoce pour permettre aux pays de mieux anticiper et
combattre les prochaines infestations acridiennes.
Au début du mois de mai, les essaims de criquets pèlerins
avaient infesté 23 pays en Afrique de l’Est, au Moyen-Orient et en Asie du Sud.
Pour certains pays, il s’agit de la pire invasion acridienne depuis 70 ans.
Avec des conditions de reproduction favorables jusqu’en mai, il faut s'attendre
à une nouvelle vague d’essaims à la fin du mois de juin et en juillet, ce qui
correspond au début des récoltes.
Le programme a été conçu en s’appuyant sur la solide expertise
technique en lutte antiacridienne bâtie par l’Organisation des Nations Unies
pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), laquelle accompagne déjà les pays
touchés pour veiller à la sûreté et à l’efficacité des opérations mises en
place. La Banque mondiale et la FAO renforceront leur collaboration dans le
cadre de cette nouvelle initiative.
Le programme aura recours à une approche-programme à phases
multiples qui permettra d’accélérer la préparation de projets similaires à
l’avenir. Financé par le biais de l’Association internationale de développement
(IDA), le fonds de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres, il met à
la disposition des pays éligibles une enveloppe initiale de financements d’un
montant de 500 millions de dollars. Du fait de son caractère modulable, il
pourra être rapidement étendu à de nouveaux pays, en fonction des déplacements
des ravageurs. Tous les pays qui sont admis à bénéficier des ressources de
l’IDA et de la BIRD pourront solliciter une aide dans le cadre du programme.
Les premiers projets approuvés sont les suivants :
Djibouti - Un
financement de 6 millions de dollars aidera le pays à renforcer son cadre
réglementaire et sa capacité institutionnelle en vue d’améliorer les mécanismes
de préparation, d’alerte et de lutte contre de prochaines infestations
acridiennes, tout en fournissant des allocations monétaires aux ménages
concernés.
Éthiopie – En plus du
déploiement de mesures de surveillance et de contrôle, un financement de 63
millions de dollars permettra de distribuer des semences et des engrais à plus
de 150 000 agriculteurs pour assurer les plantations de la prochaine campagne
et de fournir, dans les régions pastorales, du fourrage à plus de 113 000
ménages, afin de les aider à préserver leurs actifs productifs.
Kenya - Une
enveloppe de 43 millions de dollars financera le versement de subventions à
environ 70 000 ménages pastoraux et à 20 000 agriculteurs pour soutenir le
rétablissement rapide des systèmes de culture et d’élevage mis à mal par les
criquets pèlerins.
Ouganda – Une enveloppe
de 48 millions de dollars financera des mesures de surveillance et de contrôle,
ainsi que des interventions destinées à protéger et restaurer les moyens de
subsistance à travers des programmes d’emploi temporaire et des activités qui
permettent de renforcer la résilience, en promouvant notamment la protection de
l’eau et des sols, l’adoption de techniques et de pratiques agroforestières et
le développement des infrastructures de commercialisation.
L’appui fourni au titre du nouveau programme s’inscrit dans la
continuité d’un précédent financement d’urgence de 13,7 millions de dollars
pour le Kenya et d’une réallocation de 600 000 dollars visant à aider Djibouti
à faire face à la crise acridienne.
AGM
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