Déconfinement : la pollution de l'air repart alors que sa surveillance est à la peine
Comme
attendu, le déconfinement a vu une remontée de la pollution de l'air, notamment
en Ile-de-France, alors que les associations chargées de sa surveillance sont à
la peine et demandent une "subvention exceptionnelle" à l'Etat.
Pendant
le confinement, les émissions, notamment celles liées au trafic routier,
"avaient connu une chute brutale et sans précédent, (...) divisées par 4
par rapport aux niveaux pré-confinement" en Ile-de-France, rappelle dans
un communiqué Airparif, qui surveille la qualité de l'air dans la région
capitale.
"Sur
la période du 11 au 31 mai, la reprise progressive des activités, et
particulièrement du trafic, a conduit à une remontée des quantités de polluants
rejetés dans l'atmosphère pour les oxydes d'azote (polluant essentiellement
émis par le trafic routier, ndlr) et les particules (PM10 et PM2.5) à des
niveaux équivalents à 80% des émissions observées avant le confinement, et
jusqu'à 90% pour le boulevard périphérique", indique Airparif.
"Les
émissions de CO2 sont également reparties à la hausse, avec une augmentation
jusqu’à 80% des niveaux habituels", précise Airparif.
En terme
de qualité de l'air, cette remontée des émissions se traduit par un
"retour à la normale (...) graduel, avec une intensité variable suivant
les polluants. Mais d’ores et déjà les niveaux de pollution se rapprochent des
conditions habituelles en Ile-de-France à cette période de l’année".
Ainsi,
pour les particules fines, "après une diminution de -7% pendant le
confinement, les niveaux observés habituellement à cette période de l’année
sont atteints de nouveau", alors que pour le dioxyde d'azote, la baisse de
concentration dans l'air "est passée de -25% pendant le confinement à -15%
sur les 3 premières semaines de déconfinement".
Cette
remontée de la pollution, notamment due au trafic routier, était attendue et a
également été observée par d'autres Associations agréées de surveillance de la
qualité de l’air (AASQA) régionales, comme en Occitanie ou en Nouvelle
Aquitaine, sans encore revenir aux niveaux d'avant le confinement.
Le réseau
national des 18 AASQA rencontre par ailleurs d'importantes difficultés de
financement et a alerté le Premier ministre Edouard Philippe dans une lettre,
souhaitant l'octroi d'une "subvention exceptionnelle" de trois
millions d'euros.
Dans un
courrier, le président de leur fédération Atmo France, Guy Bergé, celui du
Conseil national de l'Air, le député LREM Jean-Luc Fugit, le sénateur LR
Jean-François Husson, représentant du Sénat au Conseil national de l'Air, et
les présidents des 18 AASQA, alertent le chef du gouvernement sur leurs
difficultés, alors même que "la problématique de la qualité de l'air sera
un sujet incontournable du monde d'après" la crise du Covid, et souhaitent
un entretien pour évoquer ces questions.
Ils
alertent sur le fait que leur modèle économique - subventions d'Etat, des
collectivités et dons défiscalisés des entreprises soumises à la taxe générale
sur les activités polluantes (TGAP) - est "fragilisé", notamment par
la baisse de cette troisième source de revenus.
Or
"les missions demandées à nos associations ne cessent de croitre",
alors même que "la part règlementaire (de leur travail) n'est aujourd'hui
pas totalement compensée par l'Etat," a déclaré à l'AFP M. Bergé, estimant
à quelque 4 millions le manque à gagner sur la TGAP.
"La
crise du Covid a montré que cette problématique va être de plus en plus
importante. On a pu mesurer les variations de pollution de façon rigoureuse car
nous avons ce réseau solide, qui sert également à accompagner et éclairer les politiques
publiques," a souligné de son côté M. Fugit.
AGM
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