50,8 millions de déplacés internes dus aux conflits, à la violence et aux catastrophes, un record
Le nombre
de personnes déplacées dans le monde a atteint un niveau record, selon un
nouveau rapport de l'Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC)
du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC). **
Le
Rapport mondial sur les déplacements internes (GRID, d’après ses initiales en
anglais) estime que 45,7 millions de personnes vivent en situation de
déplacement interne à la suite de conflits et de violences dans 61 pays, la
majorité se trouvant en Syrie, en Colombie, en République démocratique du Congo
(RDC), au Yémen et en Afghanistan. De plus, 5,1 millions de personnes dans 95
pays sont en situation de déplacement à la suite de catastrophes. Cela inclut
1,2 million de personnes déplacées par des années de sécheresses et
d'inondations en Afghanistan, plus de 500 000 par
la mousson en Inde et 33 000 toujours déplacées en Haïti dix ans après le
tremblement de terre dévastateur
de 2010.
« Les
personnes déplacées sont souvent très vulnérables et vivent
dans des camps surpeuplés, des abris d'urgence et des quartiers informels avec
peu ou pas d'accès aux soins de santé », a déclaré la directrice de l'IDMC, Alexandra Bilak. « La pandémie du nouveau coronavirus va les rendre encore
plus vulnérables. Elle va compromettre leurs conditions de vie déjà précaires,
en limitant d’autant plus l’accès aux services essentiels et à l'aide
humanitaire ».
Contribuant
à ce chiffre record, 33,4 millions de nouveaux déplacements ont été enregistrés
en 2019, le chiffre annuel le plus élevé depuis 2012. 8,5 millions de ces
déplacements sont liés aux conflits et à la violence dans des pays comme la
Syrie, la RDC, l'Éthiopie, le Soudan du Sud et le Burkina Faso. Environ 24,9
millions de nouveaux déplacements ont été provoqués par des catastrophes, dont
4,5 millions par le cyclone Fani en Inde et au Bangladesh, les cyclones Idai et
Kenneth au Mozambique et l'ouragan Dorian aux Bahamas. Des pluies abondantes et
prolongées ont aussi provoqué de vastes inondations en Afrique, entraînant deux
millions de nouveaux déplacements.
« D’année en année, les conflits et la violence déracinent des millions de personnes de leur
foyer. Collectivement, nous échouons
massivement à protéger les personnes les plus vulnérables au
monde. Les politiciens, les généraux et les diplomates doivent sortir de
l'impasse et chercher à obtenir des cessez-le-feu et des pourparlers de paix,
et non des fusils et des grenades. En cette ère du coronavirus, la poursuite de
la violence politique est complètement insensée », a déclaré Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés.
Les
conclusions du GRID de cette année sont toutefois également prometteuses. Des
efforts pour prévenir et répondre au déplacement interne étaient visibles dans
de nombreux pays en 2019. Plusieurs pays d’Asie ont montré que les déplacements
sous forme d'évacuations préventives permettent de sauver des vies, et que des
systèmes d'alerte rapide efficaces et d'autres mesures visant à réduire les
risques de catastrophe permettent d'éviter les pires conséquences.
Des
systèmes nationaux de collecte et d'analyse des données sur les déplacements
ont été mis en place en Indonésie, au Mali et au Sri Lanka, et des approches de
développement visant à résoudre le problème ont été lancées en Éthiopie et en
Somalie. Le secrétaire général des Nations unies a créé le Groupe de haut
niveau sur le déplacement interne, expression de l'engagement politique
mondial, et trois pays africains ont ratifié la Convention de Kampala, cadre
unique et juridiquement contraignant du continent sur le phénomène.
« Le GRID
montre qu’évaluer et comprendre un
problème constitue le fondement des efforts pour le
résoudre, mais des ressources et un engagement
politique sont également
nécessaires si l'on veut que les personnes déplacées fassent des progrès
tangibles vers le rétablissement de leur vie », a déclaré Mme Bilak. « Alors que
la pandémie du coronavirus met en lumière l'urgence de notre tâche de manière
impitoyable, nous espérons que
les leçons documentées dans ce rapport s'avéreront utiles dans nos efforts
collectifs pour mettre fin au déplacement interne. »
**À
propos de l'IDMC **
L'Observatoire
des situations de déplacement interne (IDMC) est la principale source
d'information et d'analyse sur les déplacements internes dans le monde. Depuis
sa création en 1998 au sein du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC),
l'IDMC offre un service rigoureux, indépendant et fiable à la communauté
internationale. Notre travail éclaire les décisions politiques et
opérationnelles qui améliorent la vie des millions de personnes vivant dans des
situations de déplacement interne et de celles qui risquent d'être déplacées à
l'avenir.
AGM
Source
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