Chômage, changement climatique et des millions de bouches supplémentaires à nourrir : les défis de l’Algérie après la crise du COVID-19
L’Algérie sera confrontée à des défis majeurs après la crise
sanitaire et économique provoquée par la pandémie du COVID-19. Des défis
qu’elle doit absolument relever avec réussite pour garantir sa stabilité
politique. Ces défis concernent l’évolution démographique importante du pays
qui obligera l’Etat algérien à nourrir des millions de nouvelles bouches,
l’avènement d’une nouvelle génération de jeunes demandeurs de travail sans
oublier les conséquences néfastes du changement climatique. Explications.
La population algérienne a atteint 40,4 M d’habitants en
2016, 41,2 M d’habitants en 2017 et elle atteindra 50 millions en 2030.
Deux faits majeurs doivent être soulignés pour l’avenir. Pour les prochaines
décennies (2020-2030), les projections prévoient une croissance importante de
la population active (15-64 ans) qui représente aujourd’hui les deux tiers de
la population totale (deux personnes actives pour une personne non-active).
La demande d’emploi additionnelle est par conséquent de plus
en plus importante, de 210 000 par an au début des années 1990, elle est
supérieure à 350 000/an pendant la période 2005-2015 et se situera entre 250
000 et 300 000/an jusqu’en 2040. Cette demande additionnelle s’ajoute
naturellement au stock de demandeurs d’emplois déjà existant (1,2 million en
2008). La demande additionnelle ne diminuera d’une manière importante que
lorsque les générations dotées de grands effectifs de population arriveront à
l’âge de la retraite, c’est-à-dire aux horizons de 2035-2040. L’indice de dépendance
qui est le rapport entre la population non active (0-17 ans et plus de 65 ans)
et la population active (18-64 ans) a connu une évolution à la hausse, mais
devrait selon les démographes se stabiliser jusqu’en 2050.
Le vieillissement de la population (65 ans et plus) devrait
toutefois connaître une progression importante à partir de 2035. En 2035, près
de un Algérien sur 10 aura plus de 65 ans alors qu’ils sont aujourd’hui un peu
moins de 1 sur 20 à être dans cette tranche d’âge. D’ici là, l’Algérie doit
créer des richesses pour financer les nouveaux emplois à ces futurs jeunes pour
éviter leur la déperdition ou les empêcher de sombrer dans les fléaux sociaux
ou politiques.
Par ailleurs, l’Algérie sera confrontée dés la fin de l’année
2020 au défi lié de la protection des ressources naturelles et des risques liés
au changement climatique. Elle doit protéger les ressources rares, les systèmes
écologiques et les patrimoines naturels dans un contexte de changement
climatique constitue un défi capital, car ces ressources constituent le
déterminant d’une croissance des productions et des productivités du travail et
des sols. Tous les bilans établis aujourd’hui soulignent les risques d’une
pression croissante sur les capacités de reproduction de la fertilité naturelle
des terres (érosion, désertification, surexploitation des nappes d’eau), ou les
volumes (rabattement des nappes, recours aux eaux fossiles) ou la qualité des
eaux (salinité, pollution).
Les tensions exercées sur le potentiel mobilisable des sols et
des eaux ont atteint un seuil critique qui appelle à l’abandon des modes
d’exploitation miniers qui prévalent actuellement, notamment dans les zones Sud
du pays. L’Algérie figure parmi les pays à fort risque de changement
climatique, et tous les rapports et recherche notent que ce changement
climatique va exacerber à l’avenir les facteurs anthropiques de dégradation à
l’origine de la baisse de productivité des sols et des élevages.
Ce défi
écologique met l’Etat dans l’obligation d’inscrire la durabilité des modes de
production comme un élément clé de sa politique agricole car la pression
anthropique sur les ressources naturelles a des limites qu’il convient
dorénavant de fixer. Ce défi pose l’exigence d’un changement de paradigme
technique accordant à l’agro écologie, aux savoirs faire éprouvés des paysans
et à la recherche agronomique une place privilégiée.
Mais pour réussir tous ces défis, il faut des dirigeants
compétents, intègres et patriotes aux commandes. Malheureusement, souffrant
d’un déficit de légitimité et manquant cruellement compétentes avérées en
matière de bonne gouvernance, l’actuel establishment algérien ne semble pas
capable de comprendre les enjeux de ces défis majeurs du futur.
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