Les problèmes logistiques menacent la sécurité alimentaire, prévient la Banque mondiale
Les difficultés actuelles au niveau du transport et le
renforcement des mesures aux frontières pourraient perturber les
approvisionnements, selon l'institution.
Les prix des produits agricoles ne devraient pas flamber cette
année mais les problèmes logistiques liés à la pandémie de Covid-19 et
certaines décisions gouvernementales peuvent menacer la sécurité alimentaire
dans certains pays, prévient jeudi la Banque mondiale.
Si les cours de l'énergie et des métaux ont dégringolé au
premier trimestre en raison des mesures de confinement imposées pour enrayer la
propagation du coronavirus, ceux des produits agricoles n'ont reculé que
modérément et devraient rester stables sur l'ensemble de l'année, avance
l'institution dans un rapport sur les matières premières. «Ils sont moins
sensibles à l'activité économique que les matières industrielles, et les
niveaux de production, ainsi que les réserves des aliments de base, sont à des
niveaux record», explique la Banque mondiale. «Mais des inquiétudes
persistent sur la sécurité alimentaire», ajoute l'institution.
Les difficultés actuelles au niveau du transport et le
renforcement des mesures aux frontières pourraient perturber la mobilité des
travailleurs agricoles - dont beaucoup sont des migrants - des aliments, ou des
produits comme les engrais et les pesticides. Déjà «les cargaisons de fleurs
du Kenya et de la Tanzanie vers l'Europe se sont effondrées» après
notamment les mesures de restriction imposées à Amsterdam, «et les
producteurs de fruits et légumes en Afrique du Nord souffrent», remarque
John Baffes, économiste de la Banque mondiale et co-auteur du rapport. La crise
met en lumière, selon lui, «à quel point les chaînes d'approvisionnement
sont devenues complexes».
De plus, certains pays ont annoncé des restrictions
commerciales temporaires, la Russie limitant par exemple les exportations de
blé et le Vietnam celles de riz, quand d'autres se sont empressés de faire des
réserves, les Philippines commandant notamment du riz en quantité. Ces mesures
«n'ont pas encore été utilisées à grande échelle mais pourraient mener à des
problèmes si c'était le cas», prévient le rapport.
La Banque mondiale prévoit par ailleurs que les prix de
l'énergie devraient dans leur ensemble plonger de 40% en 2020 avant de rebondir
«significativement» en 2021. Le prix du baril de pétrole devrait entre
autres s'afficher à 35 dollars en moyenne, contre 61 dollars en 2019. Les prix
des métaux, très dépendants de la conjoncture économique, devraient pour leur
part reculer de 13%, le cuivre et le zinc étant particulièrement touchés.
La pandémie pourrait avoir à plus long terme des répercussions
sur la vie de tous les jours et, par ricochet, sur les marchés des matières
premières, estime la Banque mondiale. Le recours plus fréquent au télétravail
et aux téléconférences, par exemple, pourrait diminuer l'utilisation des
transports, qui représentent les deux tiers de la demande mondiale en pétrole.
AGM
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