Bénin /Aviculture : une activité en plein essor dans le Mono et du Couffo
L’aviculture apparait comme l’une des activités qui produit un grand revenu et qui permet à toute personne d’assurer son indépendance économique de nos jours. Face à la pénurie d’eau dans les champs plusieurs paysans et particuliers s’adonnent à cette activité pour subvenir à leur besoin. Ils sont nombreux dans les grandes villes du Mono et du Couffo comme Lokossa, Bopa, Djakotomey et bien d’autres localités, à se tourner vers ce secteur.
Les pluies se font rares et les champs
sont sans semences. Les paysans ne savent plus vers quelle activité tourner
pour subvenir aux besoins de leurs familles. Loin du jardinage avec plusieurs
pratiques traditionnelles et modernes qui leur permet parfois de boucher le
trou, se trouve aujourd’hui l’aviculture qui leur permet une stabilité
financière.
«Un vrai aviculteur qui a 5.000
pondeuses peut gagner des millions par mois. Je dis bien des millions. C’est un
secteur très rentable» a laissé entendre Thomas Ayinou, un éleveur. Conscient
de cela plusieurs s’adonnent à ça.
Il est sans doute que l’aviculture est
un secteur en plein essor dans les départements du Mono et du Couffo. On
distingue deux grands types d’aviculture qui sont pratiquées : l’aviculture
villageoise, basée sur l’élevage de la race locale suivant un système extensif,
et l’aviculture «moderne», basée sur l’élevage de races importées.
L’aviculture villageoise se pratique en
milieu rural. Elle joue des fonctions économique (viande de volaille pour la
consommation, œufs de table), de cohésion sociale (activité génératrice de
revenus pour les femmes, prestige social) et culturelle (utilisation des
poulets de race locale et des œufs à coquille blanche lors des cérémonies
traditionnelles et en ethnopharmacologie). Les maquis de tout le pays sont
approvisionnés par ces élevages villageois, dont la qualité de viande est
recherchée.
Le cheptel national de race locale
serait estimé à 12 millions d’oiseaux (FAO, 2007). Les domaines de l’habitat,
l’alimentation, la santé et la génétique sont en cours d’amélioration.
L’aviculture moderne est une activité purement économique.
Autrefois l’une des principales sources
de viande du Bénin, elle est actuellement réduite à la production d’œufs de
table. Le nombre de poules pondeuses s’élèverait à plus de 750 000 oiseaux
répartis sur plus de 500 unités de production contre 355 en 2007, employant
directement environ 2000 personnes, dont 30% de femmes.
Ce sous-secteur fournirait près de 195
millions d’œufs par an. Ce qui rapporté à la population béninoise équivaut à
environ 27 œufs par habitant et par an (soit 50% des recommandations de la
FAO). Une partie de ces élevages de volaille (poulet, pintade, dinde, caille,
oie) est toutefois consacrée à la production de viande, de façon saisonnière,
en vue des fêtes de fin d’année. Ces deux sous-secteurs sont complémentaires,
tant sur le plan économique que socioculturel et géographique.
Ainsi, si le système traditionnel est
entièrement rural, l’élevage moderne est péri urbain. Cette répartition permet
de réduire les coûts de production liés au transport. Mais on constate de nos
jours une forte délocalisation des unités de production, du fait de
l’urbanisation.
Il convient également de préciser la
contribution du secteur avicole (surtout moderne) à l’agriculture périurbaine
et à l’arboriculture au Bénin. En effet, les litières et les déjections sont
utilisées comme fertilisants organiques par les maraîchers situés à proximité
des grands centres urbains. Cette pratique favorise une agriculture durable.
Les difficultés du secteur
Á l’instar de tout le secteur agricole,
l’aviculture béninoise fait face à des contraintes de financement. Les petits
producteurs, majoritaires, sont particulièrement vulnérables du fait notamment
de l’émergence et de la persistance des épizooties. Cela leur rend difficile
l’accès aux crédits auprès des banques.
Ils se rabattent alors sur les
institutions de microfinance, dont les conditions ne sont pas toujours
appropriées : taux d’intérêt élevé de 12 à 14% par an, remboursement des
investissements sur une courte période de 3 ans au lieu de 10 ans par exemple,
exigence de garanties importantes. Selon une étude effectuée en 2007 par la
Direction de l’élevage, sur 355 aviculteurs enquêtés, seuls 136 avaient été
financés, dont 12 par des banques.
Le foncier est un autre facteur limitant
le développement de la filière avicole, surtout en zone périurbaine. Et pour
cause, l’inexistence de plans d’aménagement du territoire pose des problèmes
aux producteurs situés à la périphérie des villes. Contraints de se déplacer
régulièrement, ces «aviculteurs itinérants» sont dans l’obligation de
réinvestir sans cesse dans leur activité, avant même que leurs derniers
investissements ne soient rentabilisés.
L’aviculture béninoise rencontre
également des problèmes en termes de compétences techniques. Les employés sur
les exploitations sont peu nombreux. Il est constaté 3 ouvriers pour 1 000
poules pondeuses et très souvent déscolarisés et recrutés sans aucune formation
préalable.
Les rares personnes ayant suivi une
formation dans le domaine préfèrent créer leur propre élevage ou travailler
dans le secteur public. L’administration publique manque elle aussi, de
personnel qualifié pour conseiller et assister les producteurs. A l’heure
actuelle, l’assistance technique est uniquement proposée par des opérateurs
privés.
La signature des différents accords
économiques internationaux a conduit certains opérateurs économiques à
s’adonner aux importations massives de viandes de volailles et d’oeufs de
table. Si les importations des œufs de table ont été stoppées, grâce à une
lutte des aviculteurs locaux, les importations de poulets par contre continuent
d’envahir le pays au détriment de la production locale. Ces accords
économiques, loin de promouvoir un quelconque développement, ont plutôt
désorganisé la filière locale naissante.
Les importations, soutenues par les
décideurs politiques dans le but de favoriser l’accès aux protéines à moindre
coût, ne sont qu’une simple fuite de responsabilité. Les décideurs devraient
plutôt œuvrer à promouvoir la production locale à moindre coût.
Les récentes crises mondiales économiques et financières, couplées à l’apparition de nouvelles épizooties, devraient faire prendre conscience aux politiques de la nécessité de maîtriser les sources alimentaires. Les politiques et décideurs béninois devraient comprendre qu’en favorisant l’importation de viande en provenance d’autres pays, ils favorisent l’emploi des aviculteurs de ces pays exportateurs et en font perdre à leur propre pays.
Les récentes crises mondiales économiques et financières, couplées à l’apparition de nouvelles épizooties, devraient faire prendre conscience aux politiques de la nécessité de maîtriser les sources alimentaires. Les politiques et décideurs béninois devraient comprendre qu’en favorisant l’importation de viande en provenance d’autres pays, ils favorisent l’emploi des aviculteurs de ces pays exportateurs et en font perdre à leur propre pays.
L’accompagnement des autorités
La politique gouvernementale actuelle a
retenu l’aviculture parmi les 12 filières prioritaires. À ce titre, des actions
sont en cours en appui direct à la production, comme le financement de plus
d’une dizaine de microprojets avicoles par le Fonds national de la promotion de
l’emploi jeune, ou l’élaboration de référentiels technico-économiques.
En 2008, le ministère de l’Agriculture
et de la Pêche a subventionné à 70% l’acquisition de poussins d’un jour. Mais
malheureusement cette action n’a concerné que 70 000 poussins soit moins de 10%
du cheptel national et , sa reproductibilité n’est pas certaine.
En ce qui concerne l’élevage des poulets
de race locale, des actions d’amélioration de la production et de la
productivité sont en cours, avec notamment « l’opération coq» qui consiste à
introduire des coqs de races importées dans les élevages locaux. Ainsi, entre
2004 et 2006, plus de 10 000 coqs ont été introduits par différents programmes
et projets.
De même, des opérations de vaccination
de masse ont été réalisées contre la maladie de New Castle, sans oublier
plusieurs formations et l’installation des Vaccinateurs villageois de volaille
(VVV) à travers tout le Bénin. Enfin, un renforcement des capacités des agro
éleveurs a également été effectué suivant l’approche Farm Field School (FFS).
AGM
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