Port de la goulette : Les revenus des pêcheurs en baisse
A l’occasion d’un atelier maghrébin sur la pêche artisanale, une visite au port de La Goulette a été effectuée, récemment, à l’intention des journalistes qui étaient accompagnés d’experts des cinq pays maghrébins. Cette visite a pour but de mettre en valeur la pêche artisanale qui est menacée depuis des années.
Le port de La Goulette dispose de l’une des infrastructures les plus modernes en Tunisie pour la pêche. La mer est le premier gagne-pain de ces pêcheurs. La pêche traditionnelle a été frappée de plein fouet après la révolution. Les petits pêcheurs subissent les conséquences de la pêche anarchique pratiquée avec les larges filets qui détruisent les ressources halieutiques. Des pêcheurs mécontents et désespérés subissent cette situation malsaine sans pouvoir réagir.
Il est 10h00. Le ciel est dégagé dans le port de La Goulette et la mer est calme. De petites embarcations entrent dans le port. Une dizaine de pêcheurs, visages fatigués, le pas lourd, sont de retour après une longue nuit de pêche. Ils s’activent pour faire descendre les caisses de poissons mi-pleines. Le résultat de la pêche n’est pas au niveau des attentes. Les quantités sont réduites et de petit calibre.
Rencontré dans son embarcation, Jamila Ben Salah, 72 ans, veuve et mère de 4 enfants, exerce ce métier depuis 40 ans. Elle en parle avec une grande fierté. C’était auprès de son mari qu’elle a appris le métier avant sa mort. Aujourd’hui, elle continue de pêcher en utilisant les méthodes traditionnelles qui résistent malgré les nouvelles techniques de pêche.
La pêche anarchique
Au cours de ces dernières années, les pêcheurs ont assisté à une désertification de la mer suite à la pêche anarchique et au chalutage qui a fait disparaître les petits poissons ainsi que le couvert végétal aquatique. Par conséquent, les revenus des pêcheurs ont baissé de 60%. Les pêcheurs continuent à mener leur combat quotidien.
La pêche au chalut détruit tout le fond marin et saccage les ressources halieutiques. Pour les marins, l’avenir semble incertain et les problèmes environnementaux ont de graves conséquences sur le plan social. Ainsi, l’écosystème est gravement touché.
C’est pour pallier ces insuffisances qu’un nouveau Projet de coopération technique de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en Tunisie intitulé «Renforcement de la gouvernance et du développement du secteur de la pêche en Tunisie» a été lancé.
Il s’inscrit dans le cadre de l’amélioration de la gestion des ressources halieutiques et de leur durabilité.
M. Valerio Crespi, fonctionnaire technique chargé des pêches et de l’aquaculture dans le bureau de la FAO, a souligné l’importance de ce projet à l’horizon 2020. Son objectif est d’identifier les besoins des gestionnaires de la pêche dans les pays du Maghreb. « Ce projet nous permet de collecter des données sur les pays du Maghreb pour une meilleure gestion des pêcheries et une résolution des problèmes posés dans les pays maghrébins ».
Planification stratégique
Des mesures de renforcement des capacités de la pêche artisanale seront prises en 2020. Selon le communiqué de presse distribué lors d’un atelier qui a eu lieu, le 11 décembre 2019, «les résultats du projet de la FAO vont permettre de décider des bonnes orientations du ministère pour sauver et préserver les ressources de la Tunisie». Plus de 36 cadres régionaux des gouvernorats de Jendouba et Gabès sont concernés par la planification stratégique suite à des formations en politiques publiques et planification stratégique.
Plus de 65 agents, spécialisés dans les statistiques, basés dans les ports de Gabès, Mahdia et Bizerte et chargés de la collecte des données liées au secteur de la pêche ont bénéficié d’une formation en vue de renforcer leurs compétences.
Dans les gouvernorats de Bizerte et Zarzis, un total de 117 personnes, entre chercheurs, décideurs et professionnels du secteur de la pêche ont été sensibilisées au Code de conduite de la pêche responsable (Ccpr) et plus de 114 pêcheurs dans les gouvernorats de Jendouba, Gabès et Mahdia ont fait l’objet d’une mise à niveau en matière de sécurité en mer.
Des opportunités relatives à la génération de revenus ont été identifiées et favorisées au profit des pêcheurs des gouvernorats de Gabès, Médenine et Sfax (Kerkennah). Il s’agit d’un apprentissage pour la capture et la valorisation du crabe bleu à travers la fourniture de 1.500 nasses et la formation de près de 60 pêcheurs aux bonnes pratiques d’utilisation des nasses polyvalentes.
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