Bénéfices de l’agroforesterie dans la région de Kaffrine et de Thiès
Depuis toujours l’homme a tiré ses moyens de
subsistance de la nature environnante. Aujourd’hui la dégradation des
ressources naturelles en particulier les terres est devenues inquiétant de par
son ampleur et de par son impact sur la vie des populations. Les causes sont
multiples, parmi lesquelles, on note la forte pression sur les ligneuses ce qui
entraine des conséquences lourdes comme l’accroissement de l’érosion hydrique,
baisse de fertilité des terres etc.
Pour pallier à cette surexploitation, une technique
agroforestière a été adoptée. Il s’agit de la Régénération Naturelle Assistée
(RNA) qui consiste à stimuler la régénération naturelle et / ou le
développement d’espèces ligneuses à buts multiples et leur intégration dans
l’espace agricole pour qu’elles puissent augmenter le rendement total de cet
espace. Cette protection des espèces locales présentent de nombreux avantages
parce que adaptés au contexte locale et au contraintes du milieu et permet de
lutter contre la surexploitation des ressources naturelles.
Pratique de la RNA (Guiera senegalensis)
Adoption
de la RNA par quelques producteurs
Au Sénégal, plusieurs acteurs se sont
intéressés au phénomène, Etat, chercheurs, ONG mais les populations ont
également développés des stratégies à l’échelle individuelle et collective pour
répondre à la problématique de la dégradation des terres. Pour inverser la
tendance les producteurs ont décidés de pratiquer la Régénération Naturelle
Assistée dans leurs champs.
Á Mankouba, un village dans la région de
Kaffrine, un producteur au nom de Samba Sow pratique la RNA et fait partie des
gens qui ont mieux réussi la RNA dans la zone. Sa parcelle est laissée en
jachère pendant presque 10 ans car elle s’était complétement dégradé. Mais il a
commencé à pratiquer la RNA, depuis 1 à 2 ans et il arrive à produire de bons
rendements de mil.
Á Missira Diné situé à quelques encablures de
Keur Madiébel, ici Pape Aliou Niang dispose de 7 hectares cultivables. Il a
débuté la RNA sur cette parcelle depuis l’année 2000 en parallèle avec
l’élevage. Il estime qu’avec le Kadd, il n’a pas besoin de faire recours aux
engrais chimiques et ses fruits constituent un excellent aliment pour le bétail.
Ce qui est tout bénéfice pour lui. Et sur un hectare il a pu avoir 5 tonnes de
maïs avec la variété locale.
Á Khatre Sy, les producteurs ont une bonne
expérience de la RNA. Un producteur au nom de Dame Diop a commencé cette pratique il y’a de cela 20
ans. En ce sens, il joue un rôle important alors dans la sensibilisation et la
promotion de la RNA. Leurs voisins des zones de Kaffrine, Koungheul et de
Bambey viennent jusqu’à leur village pour voir comment il a pu réussir cette
pratique de même connaître les difficultés rencontrées.
Á Fandéme, tous les avantages de la RNA sont
découverts. Dans cette zone, le rônier constitue l’espèce le plus protégé vu
son intérêt économique. Après la période de récolte avec un hivernage pas au
rendez-vous, selon un producteur (Alphonse) arrive la période de cueillette des
fruits de rônier comme la quasi-totalité des habitants. Cette rôneraie leur
permet de diversifier leurs sources de revenues. Et la spécificité de cet arbre
est que toutes ses parties sont utiles. Avec les tiges, ils fabriquent des
paniers et les feuilles servent dans la fabrication
de tamis.
Pour tous ces producteurs cités précédemment,
la RNA leur a permis de produire 2 fois plus sans négliger l’ombre qu’elle leur
procure et le bios de chauffe. En outre, le bois pour les palissades et pour la
construction de leurs habitats sont récupérés dans les exploitations.
Les résultats de la recherche scientifique
La meilleure façon d’encourager les paysans d’adopter
cette pratique, était de leur démontrer scientifiquement que ce genre de projet
avait des impacts sur la fertilité des sols mais aussi sur le plan agronomique
et social. En ce sens, d’après Docteur Babou Sarr, chercheur à l’ISRA, la
régénération naturelle permet la restitution du statut organique par le biais
de la présence l’arbre.
Et sur ceux, en 2010, World vision a lancé une
collaboration avec l’ISRA dont l’objectif était de faire des tests qui leur
permettront de démontrer de façon scientifique que la RNA avait une influence
sur les rendements des cultures. Les résultats obtenus à travers cette étude
ont été très encourageants parce qu’ils ont pu démontrer que pour une espèce
comme le Souna 3 qui est très répandu dans la zone. Si on avait une régénération
naturelle dans les champs qui avoisinait 40 pieds à l’hectare, le rendement au
niveau de la parcelle tournait autour de 800kg/ha. Au moment où, au niveau des
champs teste sans RNA, la moyenne tournée autour de 350kg/ha.
Ainsi, la RNA permet de renforcer la sécurité
alimentaire et d’augmenter durablement les revenus des ménages. Les producteurs
doivent davantage s’organiser pour une bonne gestion des ressources forestières
pour ainsi assurer leur propre survie et celle des générations futures.
Et comme on le fait avec les campagnes de
reboisement, la régénération naturelle assistée devrait être tenue en compte
dans les politiques environnementales, car elle donne des résultats meilleurs
en termes de reverdissement.
Par Adame NDAO
Consultante en Agroforesterie, Ecologie, Adaptation
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