20 ans plus tard : le riz doré sur le point d’être approuvé ?
Après
20 ans de controverses, le riz doré est peut-être sur le point d’être approuvé
dans le premier des pays à en avoir le plus besoin: le Bangladesh, après
un processus d’examen de deux ans, s’apprêterait à donner le feu vert pour des cultures
de ce riz sur son territoire.
Ce
qu’on appelle le riz doré est un riz génétiquement modifié pour lutter
contre les carences en vitamine A. Ces carences peuvent conduire à la cécité et
affaiblissent le système immunitaire. Selon une étude parue il y a déjà 10
ans dans la revue médicale The Lancet, elles
seraient responsables d’un demi-million de morts par année, en grande majorité
des enfants, dans les pays en voie de développement. En théorie, les campagnes
en cours depuis les années 1980 pour fournir aux enfants de ces pays des
suppléments de vitamine A pourraient combattre le problème, mais ces
campagnes n’atteignent toujours pas le tiers des enfants les
plus à risque, selon l’UNICEF.
Dans
les pays occidentaux, la vitamine A s’obtient par une alimentation normale: on
l’identifie souvent aux carottes, qui doivent en partie leur coloration à cette
vitamine —tout comme la teinte jaunâtre du riz doré doit la sienne aux surplus
de vitamine A que la plante produit.
Lancée
en 1999 après 15 années de recherches visant à mettre au point un aliment
capable de produire davantage de cette vitamine A, le riz doré a surtout été
marqué, depuis, par une histoire tumultueuse. Il est arrivé à une époque où
certains pays européens se mobilisaient déjà contre les organismes
génétiquement modifiés (OGM) et il n’a jamais cessé d’être ciblé par les
opposants comme un exemple de « cheval de Troie » par lequel l’industrie
des OGM s’infiltrerait dans les pays qui choisiraient d’ouvrir la porte à ce
riz. Une étude menée auprès d’enfants chinois en 2012, qui concluait à son
efficacité, a ainsi été attaquée, pas tant sur ses résultats que sur le fait
que les parents n’avaient pas été avisés adéquatement qu’il s’agissait. d’un aliment génétiquement modifié.
Depuis
1999, ce riz a aussi eu le temps de s’améliorer, passant six ans plus
tard à une seconde version produisant davantage de vitamine A. Selon
l’étude de 2012, il pourrait fournir 60% de la quantité de vitamine dont un
enfant a besoin. Et selon des études menées aux Philippines, à Taïwan et au
Bangladesh en 2015, celui qui est produit dans les champs produirait quatre à
cinq fois plus de vitamine A que celui produit en serre.
Depuis
deux ans, il a été approuvé pour consommation aux États-Unis, au Canada, en
Australie et en Nouvelle-Zélande. Si le Bangladesh l’approuve à son tour, ce sera toutefois
le premier des pays qui en ont véritablement besoin, compte tenu des carences
de sa population en vitamine A.
Pour
les défenseurs de longue date du riz doré, les deux décennies
d’opposition ont causé des millions de décès qui auraient pu être
évités. Pour les opposants, dont Greenpeace a longtemps été un chef de file, le
riz doré ne peut pas fonctionner et détourne des ressources financières qui
auraient dû être employées à lutter contre la malnutrition et la pauvreté.
Source
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire