Une technique de stérilisation des moustiques bientôt testée pour lutter contre la dengue, Zika et chikungunya
Une
technique de stérilisation des moustiques (TSM) mâles par irradiation sera
bientôt mise à l’essai dans le cadre des efforts mondiaux de lutte contre des
maladies telles que le chikungunya, la dengue et Zika. Le processus consiste à
élever de grandes quantités de moustiques mâles stérilisés dans des
installations spécialisées, puis à les relâcher pour qu’ils s’accouplent avec
des femelles dans la nature.
«
Les pays gravement touchés par la dengue et Zika ont montré un réel intérêt à
tester cette technologie car elle peut aider à supprimer les moustiques qui
développent une résistance aux insecticides, qui ont également un impact
négatif sur l’environnement », a déclaré Florence Fouque, scientifique et Chef
d’équipe au Programme spécial de recherche et de formation concernant les
maladies tropicales.
Une
vingtaine de pays dans le monde ont déjà exprimé le souhait de tester la
technique des insectes stériles afin de réduire la morbidité due à des maladies
telles que la dengue, Zika et le chikungunya.
«
Comme ils ne produisent pas de progéniture, la population d’insectes diminue
avec le temps », relève l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le
Programme spécial de recherche et de formation sur les maladies tropicales
(TDR) et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), en partenariat
avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture
(FAO) et l’OMS, ont élaboré un document d’orientation pour les pays engagés
dans ce projet.
L’effort
de collaboration comprend des plans pour soutenir trois équipes multinationales
d’institutions de recherche, d’agences de lutte antivectorielle et d’acteurs de
santé publique pour tester la Technique des insectes stériles contre les
moustiques Aedes.
Une technique efficace contre les insectes attaquant les cultures et le bétail
Les
agences onusiennes ont rappelé que l’utilisation de la technique des insectes
stériles dans le secteur agricole au cours des 60 dernières années a montré
qu’il s’agit « d’une méthode sûre et efficace ».
«
Nous sommes ravis de collaborer avec le DNF et l’OMS pour apporter cette
technologie au secteur de la santé dans la lutte contre les maladies humaines
», a indiqué Jérémy Bouyer, entomologiste médical à la Division mixte FAO/AIEA
des techniques nucléaires en alimentation et agriculture
La
technique des insectes stériles a d’abord été mise au point par le ministère de
l’Agriculture des États-Unis et a été utilisée avec succès pour cibler les
insectes ravageurs qui attaquent les cultures et le bétail, comme la mouche
méditerranéenne des fruits et la mouche à vis du Nouveau Monde. Il est
actuellement utilisé dans le monde entier dans le secteur agricole sur les six
continents.
Les
lignes directrices sur l’utilisation de cette technique pour contrôler les
maladies chez les humains recommandent l’adoption d’une approche progressive
qui laisse le temps de tester l’efficacité des insectes stérilisés. Des
indicateurs épidémiologiques permettent de suivre l’impact de la méthode sur la
transmission de la maladie. Il fournit également des recommandations sur la
production de masse de moustiques stériles, l’engagement du gouvernement et de
la communauté, la mesure de l’impact de la technique et l’évaluation du rapport
coût-efficacité.
La moitié du monde est menacée par la dengue
Selon
l’OMS, les maladies transmises par les moustiques comme le paludisme, la
dengue, le Zika, le chikungunya et la fièvre jaune représentent environ 17% de
toutes les maladies infectieuses dans le monde, faisant plus de 700.000
victimes chaque année et causant des souffrances à bien d’autres. L’éclosion de
Zika au Brésil en 2015 a été liée à une augmentation du nombre de bébés nés
avec la microcéphalie.
Au
cours des dernières décennies, l’incidence de la dengue a d’ailleurs augmenté
de façon spectaculaire en raison des changements environnementaux, de
l’urbanisation non réglementée, des transports et des déplacements et de
l’insuffisance des outils de lutte antivectorielle durable et de leur
application.
«
La moitié de la population mondiale est aujourd’hui menacée par la dengue », a
déclaré Dr Soumya Swaminathan, responsable scientifique à l’OMS. « Et malgré
toutes nos contributions, les efforts actuels pour la contrôler sont
insuffisants. Nous avons désespérément besoin de nouvelles approches et cette
initiative est à la fois prometteuse et passionnante », a-t-il ajouté.
Parmi
les foyers de dengue dans le monde, plusieurs pays du sous-continent indien
restent parmi les plus menacé. C’est le cas du Bangladesh qui est « confronté à
la pire épidémie de dengue depuis sa première épidémie enregistrée en 2000 ».
Selon
l’OMS, ce pays d’Asie du Sud a vu le nombre de cas s’élever à plus de 92.000
depuis janvier 2019, avec un pic d’admission quotidien de plus de 1.500
nouveaux patients atteints de dengue dans les hôpitaux ces dernières semaines.
Et le Bangladesh est l’un des pays à s’être intéressé à la Technique des
insectes stériles.
Source
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire