L'éolien en mer pourrait devenir la première source d'énergie en Europe
Encore
peu développées, les éoliennes offshores offrent un "potentiel quasi
illimité", estime l'Agence internationale de l'énergie, qui prédit une
forte accélération des investissements dans le secteur.
À 23
kilomètres au large de Zeebruges, au nord de la Belgique, le spectacle est
saisissant. Dans la mer du Nord, entre les ferries rejoignant le Royaume-Uni et
les porte-conteneurs, les éoliennes s'étendent à perte de vue : plus de 250
mâts, dont certains s'élèvent au-delà 200 mètres, répartis sur neuf parcs
voisins qui s'étendent sur une bande longue d'une trentaine de kilomètres. Et
ce n'est qu'un début : ce champ, déjà l'un des plus grands du monde, doit
encore doubler de taille, ce qui lui permettra d'alimenter deux millions de
foyers.
Encore
très peu développé, l'éolien en mer représente seulement 0,3% de l'électricité
produite dans le monde. Mais il offre un "potentiel quasi
illimité", avance Fatih Birol, directeur de l'Agence internationale de
l'énergie (AIE). Dans un rapport publié fin octobre, cette organisation basée à
Paris prédit ainsi une forte accélération des investissements dans le secteur,
en particulier en Europe et en Chine. D'ici à 2040, l'éolien offshore pourrait
même devenir la première source d'électricité sur le Vieux-continent.
Baisse des coûts
Cet
essor va être porté par la forte baisse des coûts. "Aux Pays-Bas,
ils ont chuté de 70% en huit ans", souligne Lydia Schot, directrice de
l'éolien en mer chez Eneco, groupe énergétique néerlandais, co-développeur de
l'un des neuf parcs offshore belges, baptisé Norther. Cette évolution
s'explique notamment par l'augmentation de la puissance des mats, qui permet de
réaliser des économies d'échelles, et par la baisse du prix des turbines. Mais
aussi par l'arrivée "de navires spécialement conçus pour
l'installation d'éoliennes", souligne la responsable d'Eneco.
Aux
Pays-Bas, le dernier appel d'offres a été accordé au prix de 44 euros
le mégawattheure (MWh). En France, celui
de Dunkerque a été remporté par EDF, en mai dernier, au tarif de 50 euros. "C'est inférieur
au coût du nucléaire déjà amorti", souligne Pauline Le Bretre,
déléguée générale de l'organisation professionnelle France Energie
Éolienne. Le offshore est également plus compétitif que l'éolien
terrestre, dont les derniers appels d'offres français se sont joués
au-delà des 60 euros.
L'éolien
en mer présente en effet plusieurs avantages. D'abord, les vents sont plus
réguliers et plus forts. Les éoliennes peuvent en outre être plus
grandes, permettant d'aller chercher des vents plus intenses. Ces deux
éléments se traduisent par un facteur de charge plus important. Au large
de Zeebruges, les 44 éoliennes de Norther tournent ainsi à pleine
puissance "près de la moitié du temps", assure Tom
de Clerck, le responsable du parc. De quoi compenser des coûts d'installation
plus élevés que sur terre.
Éolien flottant
Pour réduire
encore davantage les coûts, la
filière s'est lancée dans une course au gigantisme. Dans le port de
Rotterdam, General Electric teste ainsi une éolienne culminant à 260 mètres,
dont les pales dépassent les 100 mètres. Sa turbine de 12MW est 50% plus
puissante que celles installées à Norther. Dans le même temps, la taille
des parcs suit une évolution exponentielle. Au Royaume-Uni, le
projet Dogger Bank prévoit l'installation de 630 éoliennes, un
record. À lui seul, il pourra produire 5% de l'électricité consommée
outre-Manche.
Ces
champs plus vastes permettent de réaliser des économies d'échelle
supplémentaires, en particulier sur la maintenance et sur le
raccordement au réseau électrique, assuré par des câbles sous-marins.
L'augmentation de la capacité va d'ailleurs devenir cruciale, alors que "les
nouveaux projets vont s'implanter plus loin des côtes", augmentant
ainsi les coûts du raccordement, souligne l'AIE. Selon ses estimations, ils
représenteront bientôt 50% de la facture totale.
L'essor
de l'éolien en mer doit également être tiré par le
développement des éoliennes flottantes, qui sont fixées sur un
socle rattaché au fond de la mer par des câbles. Elles devraient permettre
d'installer des mats plus loin des côtes où les eaux sont plus profondes.
Et "où les éoliennes traditionnelles ne sont pas économiquement
viables", note le rapport de l'AIE. La technologie, qui demeure encore
en phase de tests, "pourrait permettre de capter des ressources de
vents encore inexploitées", s'enthousiasme l'AIE.
A.G.M
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