Pollution aux hydrocarbures au Brésil: ce que l'on sait
En septembre, de premières galettes sont apparues sur des plages du
nord-est touristique du Brésil, et aujourd'hui ce sont plus de 2.000 km de
côtes qui sont souillés, sans que l'origine de cette catastrophe environnementale
n'ait été éclaircie. Voici ce que l'on sait :
D'où vient ce pétrole sur les côtes brésiliennes?
Le mystère reste entier, même si certaines hypothèses commencent à prendre
forme. La Marine brésilienne, qui coordonne les investigations, souligne sur
son site qu'il s'agit d'un "cas très complexe et inédit dans l'Histoire du
Brésil".
Plusieurs médias brésiliens font état d'un rapport de la compagnie
pétrolière Petrobras affirmant que le pétrole serait d'origine vénézuélienne.
Le ministre de l'Environnement Ricardo Salles a déclaré lundi sur Twitter
avoir participé à une réunion visant à établir "les prochaines étapes de
la contention du pétrole vénézuélien qui touche le littoral du Nord-est".
Jeudi dernier, la compagnie pétrolière d'Etat vénézuélienne PDVSA a nié
être à l'origine de la catastrophe, jugeant "infondées" les
accusations du Brésil.
Les enquêteurs évoquent la possibilité d'une fuite provenant d'un
"cargo pétrolier fantôme" qui transporterait des hydrocarbures
clandestinement en raison de l'embargo pétrolier imposé par les Etats-Unis au
Venezuela.
"Hier, nous avons eu une réunion avec des représentants de divers
organes publics comme l'agence environnementale Ibama, le parquet et la Marine
et cette hypothèse d'un navire fantôme a été évoquée", explique à l'AFP
Maria Christina Araujo, océanographe à l'Université fédérale de Rio Grande do
Norte (UFRN), un des Etats affectés par la catastrophe.
"Il s'agirait d'un cargo qui naviguerait illégalement, suivant des
routes maritimes peu connues, et transporterait du pétrole vénézuélien malgré
ces sanctions", ajoute-t-elle.
La possibilité d'un "acte criminel" a été évoquée à plusieurs
reprises par le président d'extrême droite Jair Bolsonaro.
Mais la chercheuse considère qu'il est plus probable qu'il s'agisse
"d'une fuite accidentelle" et non d'un acte malveillant de
déversement du pétrole dans l'océan.
La Marine a expliqué dans un communiqué avoir réclamé des
"éclaircissements" à "30 cargos pétroliers de 10 nationalités
différentes".
Quelle est l'ampleur de la catastrophe?
Les dernières données de l'Ibama font état de 166 localités souillées par
ces mystérieuses galettes de pétrole, la plupart d'entre elles sur des plages
paradisiaques. La pollution a également touché des zones de mangrove et des
criques rocheuses.
Au total, 72 municipalités ont été affectées, dans l'ensemble des neuf
Etats du nord-est brésilien, une région pauvre aux 2.000 km de littoral, dont
l'économie dépend largement du tourisme.
Depuis le début des opérations de nettoyage, auquel a pris part Petrobras,
près de 200 tonnes de résidus pétroliers ont été ramassés sur les plages.
Maria Christina Araujo évoque une catastrophe d'une ampleur inédite.
"Nous n'avons jamais vu au Brésil un désastre d'une telle ampleur, qui
touche une zone aussi étendue", explique-t-elle.
Au total, selon la Marine, 1.583 militaires, sept navires, et un avion ont
été mobilisés depuis que les premières galettes ont été identifiées, début
septembre, aussi bien pour l'enquête que pour les opérations de nettoyage.
L'Ibama dit pour sa part avoir employé 74 membres de son personnel, dix
voitures, un avion et deux hélicoptères.
Quel est l'impact sur les zones affectées?
Cette pollution entraîne de graves conséquences pour l'environnement,
notamment la faune locale. D'après l'Ibama, au moins 13 tortues marines ont été
retrouvées mortes.
Mais des ONG rapportent un nombre de cas bien plus important: l'institut
Verdeluz a par exemple recensé 21 tortues mortes rien que dans l'Etat du Ceara.
Le projet Tamar, également spécialisé dans la protection des tortues
marines, a fait état pour sa part de la mort de dix bébés tortue dans l'Etat de
Bahia.
Le lâcher de bébés tortues dans la nature, qui a été totalement suspendu
par les responsables du projet au début de la crise, se fait à présent
uniquement "dans les zones les plus sûres, d'après les informations
envoyées quotidiennement par les autorités compétentes", a expliqué à
l'AFP une porte-parole de Tamar.
Cette pollution, qu'il va être quasiment impossible de nettoyer notamment
dans les mangroves à la très riche biodiversité, affecte également le tourisme.
D'après l'association des commerçants de Praia do Futuro (AEPF), plage
emblématique de Fortaleza, capitale du Ceara, les ventes des kiosques ont
baissé de 40% le week-end dernier.
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