Comment nourrir 10 milliards de personnes sans détruire la planète ?
Comment
notre agriculture pourra-t-elle nourrir 10 milliards de personnes tout en
préservant les ressources premières de la Terre ? Un rapport de plus de mille
pages, dressé par des experts du Giec, sera rendu la semaine prochaine à
l'issue des rencontres à huit clos des délégations de 195 états. Nous
connaîtrons alors l'étendue du défi de l'humanité pour vivre... sans détruire.
Rappelons que pour l'année 2019, le monde vit à crédit depuis le 29
juillet.
Comment
nourrir une population toujours plus importante sans détruire la nature, dont
nous dépendons ? Cette question cruciale pour la survie de l'humanité est au
cœur de discussions qui démarrent vendredi à Genève.
Le
rapport spécial du Groupe d'experts de l'ONU sur le climat (Giec)
consacré au « changement climatique, la désertification,
la dégradation des sols, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire
et les flux de gaz
à effet de serre dans les écosystèmes
terrestres », qui doit être rendu public la semaine prochaine à
l'issue de ces rencontres à huis clos, sera l'analyse scientifique la plus
complète à ce jour sur le sujet.
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29 juillet 2019, c'est le « Jour du dépassement mondial ». Il marque le jour de l'année où l'humanité a épuisé les ressources renouvelables de la Planète. © AFP |
Ce
texte de plus de 1.000 pages devrait mettre en avant la façon dont
l'alimentation industrielle, du producteur au consommateur, l'exploitation
généralisée des ressources, voire même certains efforts pour contrer les effets
du réchauffement
climatique compromettent notre capacité à nous
nourrir à l'avenir. Il devrait aussi dresser le tableau d'une société où
deux milliards d'adultes sont en surpoids ou
obèses et où des quantités importantes de nourriture sont jetées, quand la faim
affecte des millions de personnes à travers le monde.
Le rapport du Giec examiné et analysé
Les
conclusions de ce rapport sont condensées dans un résumé que les délégations
d'environ 195 états, réunies à Genève, examineront de près à partir de vendredi,
avant d'en approuver une version définitive. Ce sera l'occasion de mettre
en lumière l'importance
d'un usage optimal des terres, un aspect longtemps négligé, selon les experts.
« Quand on regarde à la fois les conséquences du changement climatique
et les contributions à ce changement, le secteur des terres est incroyablement
important, souligne Lynn Scarlett, de l'ONG The Nature Conservancy, auprès de l'AFP. Les
impacts sont vastes et ne concernent pas que l'avenir : ils sévissent
maintenant et sont critiques pour le bien-être des gens et de la nature »,
avertit-elle.
L'agriculture et
la déforestation représentent
ainsi environ un quart des émissions des
gaz à effet de serre. L'agriculture utilise un tiers de toutes les terres
émergées et les trois-quarts de l'eau
douce sur la planète.
Environ 30 % de la nourriture produite finirait à la poubelle
Alors
que la population devrait frôler les dix milliards d'individus au milieu du
siècle, contre 2,6 milliards en 1950, la crainte existe que le système atteigne
ses limites. La viande et le gaspillage
alimentaire constituent deux points noirs. Environ 30 % de la
nourriture produite finirait à la poubelle.
« Bien que les terres produisent bien plus de nourriture qu'il n'en
faut pour nourrir tout le monde, il existe toujours 820 millions de personnes
qui vont se coucher chaque soir en ayant faim », rappelle Stephan
Singer de Climate action network.
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Vue aérienne de champs cultivés à la lisière de la savane Cerrado, le 14 juin 2019 à Formosa de Rio Preto, au Brésil. © Nelson Almeida, AFP Archives |
« Ce
rapport arrive à un moment critique car l'agriculture est à la fois une victime
et un moteur du changement climatique », ajoute Teresa Anderson, de
l'ONG ActionAid. La culture extensive de céréales comme
le soja,
utilisées pour nourrir le bétail mais aussi pour les bio-carburants,
contribuent à la destruction des forêts qui stockent le carbone.
« Nous devons tourner le dos à
une agriculture industrielle nocive basée sur des produits chimiques, la déforestation et
les émissions » de gaz à effet de serre, insiste Teresa Anderson.
Le
rapport abordera aussi les questions de désertification et la dégradation des
habitats par l'agriculture, avec une surface de forêt tropicale équivalente
au Sri Lanka perdue chaque année. Un autre point sera sur les arbitrages à
faire entre l'usage des terres pour l'alimentation, le stockage de
carbone via les forêts et la production d'énergie à
partir de matière biologique.
Il n'oubliera pas le sort des populations indigènes et
des femmes, particulièrement exposées.
En
octobre 2018, un autre rapport spécial du Giec détaillait les impacts attendus
d'un réchauffement
climatique limité à 1,5 °C, en ligne avec les objectifs de l'Accord de
Paris, et sur les moyens de rester sous ce seuil très ambitieux. Depuis,
des mouvements
citoyens se sont formés et des centaines de milliers de personnes sont
descendues dans la rue pour demander à leurs gouvernements d'agir plus vite
contre le changement climatique.
A.G.M
Source
Le changement climatique qui s' opère à un rythme soutenu doit être pris au sérieux, aussi bien par les gouvernements que par les populations dans leur diversité. Ses effets affectent tout être vivant, humaine et animal sans aucune sélection.
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