La Mauritanie en quête d'une biodiversité en perdition : l'envoi de jeunes cultivateurs au Centre Agro-écolique de Kaydara au Sénagal
L'Agence de Presse
Sénégalaise confirme que 9 conseillers agricoles mauritaniens entrent en
formation (et ce pour la deuxième année consécutive) au Centre Agro-écologique
de Kaydara dans la région de Fatick au Sénégal. L'idée est alors de s'inspirer
des prouesses agricoles rendues possibles par cette Ferme-Ecole afin de pouvoir
en démultiplier l'expérience une fois de retour sur le sol mauritanien. Il faut
en effet souligner la spécificité quasi extraordinaire de ce centre ayant su
faire jaillir une multitude d'arbres et de plantes (la luxure allant même
jusqu'à cultiver des plantes ornementales), d'un sol à l'origine quasi
désertique.
Un arbre, un seul, mal en point qui plus est. C'est en tout et pour
tout la seule plante ayant su poindre le bout de ses feuilles lorsqu'en 2013,
Gora Ndiaye, président de l'Association des Jardins d'Afrique et initiateur du
projet, s'arma de patiente et s'attela à la tache : Fertiliser
l'infertilisable.
"Ils disaient que j'étais fou.
Mais moi, moi je savais que je n'étais pas fou".
(Gora Ndiaye - Directeur du Centre
Agro-écologique de Kaydara)
A regarder la ferme luxuriante
qu'est aujourd'hui le centre Kaydara, s'est à se demander comment diable Gora
Ndiaye a-t-il réussit son entreprise?
Dans une interview disponible sur Youtube, il est ainsi possible de
comprendre en filigrane que le succès adviendra à celui qui travaille en accord
avec la nature, sans artifices ni polluants néfastes, seulement par la simple
connaissance du grand oeuvre agricole. Activer la vie microbienne et restaurer
la fertilité ne devient donc qu'une question de patience lorsqu' outils et
techniques sont maîtrisés.
De cette façon, les premiers arbres plantés furent
des cocotiers, ses racines en faisant l'outil idéal pour fixer le sol, ses
longues palmes créant une vaste couverture ombragée capable de limiter
l'évapotranspiration des sols. L'eau ainsi préservée, la terre se fit plus
arable et la vie pu s'instiller d'avantage. A la suite de ce premier chapitre,
des vétivers furent ensemencés. Cette plante touffue aux racines profondes, fît
remonter les sels minéraux à la surface permettant alors au sol d' économiser
son humidité.
D'autres espèces furent apportées par la suite afin d'enrichir la
terre en azote, chacune bâtissant les jalons conduisant au desideratum ultime :
un sol fécond.* C'est dans cette ferme
où pesticides sont remplacés par un substrat de papaye, que la Mauritanie prit
donc la décision d'envoyer certains de ses jeunes cultivateurs, afin de leur
insuffler cette fibre écologique dont la pays a tant besoin. Le fait est que
l'agriculture est le secteur ayant le moins contribué à la croissance globale
du PIB ces cinq dernières années, comme en atteste une note consultative
conjointe de la BM et du FMI. La démarche du gouvernement est en ce sens
salutaire et s'oppose grandement aux positions politiques antérieures.
Depuis
juillet 2010 en effet, l'Etat Mauritanien accorda une large quantité de baux
emphytéotiques à toute une multitude de firmes internationales. Cette décision
ouvrit indéfectiblement la voie aux projets d'agrobusiness et investissements
massifs, expropriant les petits producteurs terriens tout en détruisant un
environnement déjà bien fragile. De nombreuses organisations de la société
civiles (notamment réunies sous l'égide du Forum National des Droits Humains)
étaient d'ailleurs montées au créneau, sollicitant la suspension immédiate de
toute location ou cessation de terre.
L'envoi de jeunes cultivateurs dans
une institution aussi innovante qu'écologique semble attester d'une écoute
attentive des revendications sociales en même temps que cela marque un pas
décisif dans l'instauration d'un développement et d'une paix durable. L'ampleur
des défis environnementaux auxquels fait face la Mauritanie est gigantesque :
les émissions de CO2 par tête d'habitants sont deux fois supérieures à celles
du Sénégal, l'érosion hydrique et éolienne des sols est alarmante, le taux de
déforestation est devenu plus critique...
Néanmoins si la prise de conscience
des décideurs politiques se fit de façon tardive, il faut espérer que les
divers efforts entrepris (soulignons tout de même le fait que le pays a ratifié
ces dernières années la quasi totalité de toutes les conventions
internationales relatives à la durabilité de l'environnement!) sauront
atteindre des objectifs de développement
durable encore bien loin.
A.G.M
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