Fouiller dans les ordures pour trouver de l'énergie propre
Les
ordures s'accumulent dans les décharges du monde entier. En 2016, l'humanité a
généré plus de 2 milliards de tonnes de déchets. Au cours des 30 prochaines
années, ce chiffre devrait atteindre 3,4 milliards.
Où finiront tous ces déchets?
Un rapport
publié récemment (en anglais) par le Centre international d'éco-technologie du
PNUE révèle une technologie susceptible de réduire de 90% le volume de
déchets pénétrant dans les décharges.
Bien
que les installations de valorisation énergétique des déchets existent depuis
plus de 100 ans, leur utilisation est en augmentation et nombre
d'entre elles sont considérées comme une solution rapide aux
problèmes croissants posés par le traitement des déchets. Ce phénomène est
particulièrement apparent en Asie, où sont implantées 1 200 des 1 700 de ces usines
existant dans le monde. Le Japon à lui seul en abrite plus de 700. La Chine est
sur le point d'augmenter le nombre de ses usines de plus de 50%, selon Yuanyang
Ou de SUS Environment, investisseur chinois et exploitant d'installations de
valorisation des déchets.
Le
concept de base reste en grande partie le même qu’il y a un siècle :
brûler les déchets solides à haute température pour les éliminer et
utiliser l'excès de chaleur pour faire fonctionner les turbines afin
de générer de l'électricité.
Auparavant,
ce processus produisait des quantités importantes de cendres et de
gaz toxiques. Les usines de valorisation énergétique des déchets d’aujourd’hui
sont toutefois beaucoup plus propres. Les technologies avancées permettent de
brûler les déchets à des températures extrêmement élevées, ce qui garantit une
combustion complète. Les émissions font également l'objet d'un traitement
spécial, ce qui permet de ne laisser échapper que des quantités minimes de
sous-produits toxiques tels que les cendres de cheminée. Certains essais ont
même montré que l'air émis par certaines cheminées de valorisation énergétique
peut être plus propre que l'air entrant.
«
L'élimination des déchets est le principal avantage de ces usines, mais ce
n'est pas le seul », affirme Yuanyang Ou. « Les mécanismes de capture
d'énergie garantissent que la chaleur excédentaire peut être utilisée pour
produire de l'électricité. »
À
l'échelle mondiale, 1% de l'énergie renouvelable provient déjà des déchets.
Keith
Alverson, directeur du Centre
international d'éco-technologie du programme des Nations Unies pour
l’environnement (en anglais), souligne que les avantages climatiques
de la valorisation énergétique des déchets vont au-delà des énergies renouvelables.
« Les installations de valorisation énergétique des déchets peuvent également
réduire les émissions de gaz à effet de serre par rapport au brûlage à ciel
ouvert et aux décharges », explique-il. « La combustion à l'air libre ne se
produit pas à une température suffisamment élevée pour une combustion complète,
les émissions sont donc sales. Et dans les décharges, les biomatériaux vont se
décomposer et émettre du méthane, un puissant gaz à effet de serre. »
Bien
qu’elles soient généralement propres, une usine mal gérée produira des
sous-produits dangereux, même avec des technologies avancées de contrôle des
émissions. Dans les pays où il existe une réglementation détaillée régissant
les installations de transformation des déchets en énergie, le problème est
moins grave. Mais lorsque les pays n’ont pas de stratégie de maintenance et de
surveillance ni de directives sur la santé et la sécurité, le risque est
beaucoup plus élevé.
Par
ailleurs, ces usines de traitement sont des bêtes affamées. Une centrale
thermique moderne de valorisation énergétique des déchets nécessite entre 100
000 et 300 000 tonnes de déchets solides municipaux par an, livrés
quotidiennement tout au long de son cycle de vie. Si un opérateur ne peut pas
se procurer suffisamment de déchets, certaines usines pourraient éventuellement
tomber en dessous de leur température de fonctionnement optimale. Lorsque cela
se produit, l'efficacité diminue et le risque d'émissions toxiques augmente.
En
cas de scénario extrême, l'exploitation d'une centrale peut signifier
qu'un gouvernement doit importer des déchets ou ajouter du charbon au flux de
déchets, uniquement pour alimenter les feux.
Et,
même si une usine de valorisation énergétique des déchets peut réduire de
manière significative la quantité de déchets mis en décharge, elle n'en élimine
pas entièrement le besoin. Les résidus produits par une telle usine sont
dangereux et doivent être éliminés en toute sécurité.
Malgré ces
inconvénients, l’augmentation du nombre d’usines de valorisation énergétique
des déchets ne ralentit pas. Alors que le refrain était autrefois « pas chez
moi », il est tout aussi probable qu’il devienne, « soyez les bienvenus ».
«
Les avantages fournis par ces usines sont clairs, mais la technologie
n’est pas démunie de problèmes », affirme Keith Alverson. «
Pour les pays qui s'intéressent à la technologie, une réglementation et une
législation correctes garantissent que la technologie est plus bénéfique que
nuisible."
A.G.M
Source :
unenvironment.org
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