LE CIMENT, PROCHAIN COMBAT DES INVESTISSEURS RESPONSABLES
C’est
le deuxième secteur industriel le plus émetteur de gaz à effet de serre. Une
coalition d’investisseurs donne un coup de projecteur au secteur du ciment,
pour enjoindre les entreprises à atteindre la neutralité carbone en 2050. CRH,
LafargeHolcim, HeidelbergCement et Saint-Gobain sont ciblés, pour savoir
quelles mesures concrètes ils mettent en place pour verdir leurs activités.
Cette
fois, ce n’est pas le secteur du pétrole et gaz qui se retrouve dans le viseur
des investisseurs. Une coalition de gérants d’actifs représentant 2000
milliards de dollars d’actifs sous gestion a décidé d’interpeller le secteur
des cimentiers sur leurs émissions de gaz à effet de serre. Et ce n’est pas un
hasard s’ils ont choisi de cibler cette industrie, qui se trouve en deuxième
place du podium des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre.
Le
ciment, qui ne représente que 7 à 20 % de la composition du béton, est
responsable de 95 % de l’empreinte carbone de ce matériau de construction.
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’industrie du ciment est
responsable de 7 % des émissions de CO2 dues à l’homme dans le monde.
Quatre multinationales ciblées
Les
signataires de la lettre, tous membres de Climate Action 100+ et du groupe des
investisseurs institutionnels sur le changement climatique (IIGC, Institutional
Investors Group on Climate Change), demandent aux industriels du ciment
d’établir leur feuille de route pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
Quatre multinationales des matériaux de construction sont particulièrement
visées : l’irlandais CRH, le franco-suisse LafargeHolcim, l’allemand
HeidelbergCement et le Français Saint-Gobain.
Le
passage à l’action est urgent pour les cimentiers. Le renforcement des
réglementations fait peser un risque important sur son modèle économique. C’est
le cas en Europe. Un rapport rédigé par l’IIGCC sur les attentes des
investisseurs pour le secteur de la construction, remarque que le marché
carbone a longtemps été favorable aux cimentiers.
Considéré comme un secteur à risque de délocalisation, il a bénéficié de plus de permis d’émissions que les autres secteurs, lui permettant de les revendre à d’autres industriels. Mais ne l’incitant pas suffisamment à se transformer. La phase 4 sur le système européen d’échange de quotas carbone pourrait bousculer ce schéma en 2021.
Considéré comme un secteur à risque de délocalisation, il a bénéficié de plus de permis d’émissions que les autres secteurs, lui permettant de les revendre à d’autres industriels. Mais ne l’incitant pas suffisamment à se transformer. La phase 4 sur le système européen d’échange de quotas carbone pourrait bousculer ce schéma en 2021.
Urgence à agir
"Les
grandes économies comme le Royaume-Uni ou la France adoptent de plus en plus
des objectifs de neutralité carbone, rappelle Stephanie Pfeifer, directrice
générale de l’IIGCC. Le secteur du ciment doit prendre les devants sur la
profonde transformation à laquelle il est confronté, en s’attaquant aux
obstacles à la décarbonisation à court-moyen terme, si les entreprises veulent
s’assurer d’un futur."
Matériaux
de substitution au klinker (la matière première du ciment), nouveaux
équipements moins énergivores, recours aux énergies renouvelables… Des
solutions existent déjà pour réduire l’empreinte carbone de ces industriels.
Restent à ce qu’ils les mettent en œuvre, et c’est ce que la coalition veut
vérifier.
Dans son document sur les attentes des investisseurs, l’IIGCC demande
aux entreprises d’assurer une bonne gouvernance du risque climatique, de se
fixer des objectifs à court, moyen et long terme de réduction de leurs
émissions, basés sur des solutions scientifiques, et d’être transparents sur
leurs activités de lobbying liées au climat et sur l’impact du risque climat
sur leur organisation.
A.G.M
Source : novethic.fr
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