La Banque mondiale met en garde contre la dégradation de la qualité de l’eau au Maroc
La
pénurie d’eau est une réalité dont souffrent plusieurs pays du Moyen-Orient et
de l’Afrique du Nord (MENA). Mais la qualité de l’eau que l’on consomme
représente également une crise auxquels est confronté le monde entier
puisqu’elle réduit la croissance économique et menace le bien-être humain et
environnemental.
Face
à cette problématique, qui connait un « manque d’attention » face à la question
sur la « pénurie d’eau », la Banque Mondiale (BM) a réalisé un rapport intitulé
« Qualité inconnue : la crise de l’eau invisible », où elle met en lumière «
l’invisible crise de la qualité d’eau » et son impact sur la vie des êtres
humains, mais aussi sur l’environnement, ainsi que la nécessité d’agir en
urgence et attiré l’attention sur les dangers cachés sous la surface de l’eau.
Dans
son rapport, basé un nombre important de données collectées sur le terrain à
travers le monde sur la qualité de l’eau, la BM démontre comment la conjonction
de bactéries, d’eaux usées et de produits chimiques et de plastic, peut
extirper l’oxygène de l’approvisionnement en eau et transformer cette ressource
en poison pour les êtres humains et les écosystèmes.
« L’eau
propre est un facteur essentiel de croissance économique. La détérioration de
la qualité de l’eau entrave la croissance économique, aggrave les problèmes
sanitaires, réduit la production de denrées alimentaires et exacerbe la
pauvreté dans de nombreux pays », constate David Malpass, président du Groupe
de la Banque Mondiale.
Pour
le Maroc, l’enjeu est également de taille. Les analyses menées par la BM dans
le royaume, sur de vastes zones géographiques et sur de longues périodes
montrent, que la qualité de l’eau est en dégradation continue, et parmi les
principales causes : l’azote.
Répondu
sous forme d’engrais sur les terres agricoles, l’azote finit sa course dans les
rivières, les lacs et les océans où il se transforme en nitrates. Ce dernier,
quoiqu’il reste essentiel aux plantes, ne doit pas dépasser un seuil de
concentration dans les eaux pour ne pas présenter des risques pour la santé.
Or,
au Maroc, au Niger, Nigéria, le Sénégal ou encore le Liban, la quantité de
nitrate dans les eaux dépasse souvent les seuils de sécurité conventionnels.
Et
de ce fait, les enfants exposés aux nitrates dès leur plus jeune âge souffrent
de problèmes de croissance et de développement cérébral, qui ont des
répercussions sur leur santé, et plus tard, sur leur capacité à gagner leur vie
à l’âge adulte, ce qui met en danger la croissance économique, souligne le
rapport.
Autres
données alarmantes révélées par le rapport : alors qu’un kilogramme d’engrais
azoté par hectare augmente les rendements agricoles jusqu’à 5 %, le
ruissellement et les rejets qui l’accompagnent peuvent augmenter le retard de
la croissance chez les enfants de 19 % et réduire les revenus des adultes
jusqu’à 2 %.
Ce
constat suggère un compromis difficile entre utiliser l’azote pour stimuler la
production agricole et réduire son utilisation pour protéger la santé des
enfants.
Il
y a également le problème de salinité qui impacte à son tour la qualité de
l’eau. Les eaux et les sols salins se répandent dans la majeure partie du monde
en raison des taux croissants d’extraction du précieux liquide, des sécheresses
et des chocs de précipitations, de l’élévation du niveau de la mer et des systèmes
d’irrigation mal gérés.
Ce
rapport montre que les rendements agricoles chutent presque « exactement » avec
l’augmentation des concentrations de sel dans l’eau. Cela veut clairement dire
que plus il y’a de sel dans l’eau, moins il y’aura de nourriture disponible.
La
quantité de nourriture que l’humanité perd chaque année, à cause des eaux
salées, permettrait de nourrir 170 millions de personnes, ce qui équivaut à un
pays de la taille du Bangladesh. Cette situation implique que la sécurité
alimentaire continuera d’être compromise si des mesures ne sont pas prises pour
limiter l’impact négatif des eaux salines.
La
BM indique, par ailleurs, que l’émergence de nouveaux polluants contribue à la
dégradation de la qualité de l’eau. La Banque indique que leurs impacts sont
encore inconnus, mais représentent un danger qui peut aggraver « encore plus »
les problèmes existants.
Dans
ce sens, la BM affirme que le défi d’assainir l’eau dans le monde est un challenge
de taille, mais pas « insurmontable », soulignant que des solutions existent
pour les pays à tous les stades de développements, et que la voie à suivre
nécessite une combinaison d’approches axées sur l’information, la prévention et
l’investissement.
À
cet effet, le président du Groupe de la BM, appelle les pouvoirs publics à «
prendre d’urgence des mesures pour lutter contre la pollution de l’eau de sorte
que les pays puissent croître plus rapidement de manière équitable et durable
sur le plan environnemental »
A.G.M
Source : hespress.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire