En Colombie, la ville de Medellín crée des "couloirs verts" pour rafraîchir ses habitants
Pour faire face
à la chaleur, la ville de Medellín en Colombie a décidé de s'inspirer de la
nature. Elle a implanté de la végétation pour créer des parcs urbains et des
"couloirs verts" permettant de réduire les températures et les effets
d'îlot thermique.
40°C en France, 39,2°C aux Pays-Bas,
38°C aux Etats-Unis,... Alors que de nouvelles vagues de chaleur ont balayé une
partie de la planète, les ventilateurs, climatiseurs et autres systèmes de
refroidissement ont tourné à plein régime pour rafraichir les habitants. Mais
certaines villes ont trouvé des stratégies plus "vertes" pour lutter
contre la hausse des températures.
C'est le cas de Medellín, deuxième plus
grande ville de Colombie. Comme d'autres agglomérations, elle est confrontée à
l'augmentation des températures et à l'impact des îlots de chaleur urbains. Ces
derniers sont favorisés par les activités humaines mais aussi les surfaces
bétonnées et goudronnées qui ont tendance à absorber l'énergie solaire et la
restituer sous forme de chaleur.
Pour lutter contre ce phénomène, la
ville de Medellín a imaginé un vaste programme baptisé Green Corridors. Son
objectif : améliorer l'environnement urbain et réduire les températures en
faisant appel à la nature. Plus exactement, l'idée était de transformer des voies
urbaines victimes de la chaleur en paradis verts en y implantant de la
végétation.
30 "couloirs vertes" implantés
Depuis le démarrage du projet, les
autorités ont aménagé 30 "couloirs verts" au niveau de 18 routes et
12 voies navigables en ciblant des zones qui n'avaient plus d'espaces
végétalisés. Au total, plus de 8.300 arbres et 350.000 arbustes ont été
plantés. Les espèces ont été soigneusement choisies pour fournir de la
nourriture à la faune sauvage - oiseaux, mammifères et insectes - et lui permettre
de circuler à travers la ville.
En peu de temps, ces couloirs verts ont
commencé à porter leurs fruits et les résultats sont allés au-delà des
attentes. Selon le maire de Medellín, Federico Gutiérrez, les aménagements ont
permis de réduire la température de plus de 2°C par endroits, de stimuler la
biodiversité et d'améliorer la qualité de l'air, "et les citoyens le
ressentent déjà", affirme-t-il dans une vidéo présentant le projet.
Outre lutter contre la chaleur, les
nouveaux espaces verts ont également eu un effet positif sur certaines zones de
Medellín autrefois isolées et abandonnées qui s'étaient changés en décharges ou
en lieux de consommation de drogues, souligne le maire de la ville. "Nous
les avons transformés en jardins et maintenant les enfants sont revenus, les
familles sont revenues".
Les jardins urbains ont en outre
représenté de nouvelles opportunités pour des habitants défavorisés et sans
emploi qui ont été formés pour prendre soin des arbres et des plantes. Depuis
que le programme a démarré, 75 nouveaux jardiniers ont été recrutés. "Le
programme est né du besoin de reconnecter les gens à la nature", a
justifié Sergio Orozco, secrétaire à l'Environnement de Medellín.
Une voie d'eau végétatlisée
dans le cadre du projet Green Corridors
Un excellent exemple pour s'inspirer de la nature
Le projet Green Corridors a reçu en
2019 le prix Ashden Cooling by Nature (en français, "refroidissement par
la nature") et s'est vu salué par le Programme des Nations Unies pour
l'environnement (PNUE). "Le projet des corridors verts est un excellent
exemple de la façon dont la société civile, les urbanistes et le gouvernement
peuvent compter sur la nature pour développer un projet urbain intelligent
", a commenté sur le site du PNUE, Juan Bello, directeur du Bureau des
Nations Unies pour l'environnement en Colombie.
S'inspirer de la nature pour refroidir
les habitants n'est pas une approche totalement nouvelle. D'autres
expérimentations ont déjà eu lieu à travers le monde mais l'exemple de Medellín
démontre, d'après les spécialistes, que cette approche peut fournir une
solution, certes partielle, mais efficace contre les effets du changement
climatique. Ainsi qu'une alternative aux solutions actuellement utilisées.
D'après un rapport publié en 2018 par
l'Agence internationale de l'énergie (IEA), l'utilisation des climatiseurs et
ventilateurs représente aujourd'hui 10% de l'électricité consommée à travers le
monde. Et les estimations suggèrent que la demande va tripler d'ici 2050,
nécessitant une capacité électrique supplémentaire équivalente à celles des
Etats-Unis, de l'Union européenne et du Japon combinées.
En s'inspirant de la nature avec des
couloirs verts ou des toits verts, le "refroidissement passif"
pourrait ainsi permettre de faire baisser les températures sans faire grimper
la demande en électricité. "La surveillance sera maintenant essentielle
pour démontrer davantage les multiples avantages de cette approche au fil du
temps", a conclu Juan Bello.
Source : www.geo.fr
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