En Chine, un demi degré supplémentaire causerait 30.000 morts de plus par an
Une
étude démontre une importante hausse de mortalité en Chine si le réchauffement
planétaire atteint +2°C au lieu de 1,5°C.
"L'augmentation
de la température de l'air en surface en Chine a été
plus rapide que le taux mondial et d'autres épisodes de températures élevées
devraient se produire à l'avenir", mettent en garde le 6 août 2019 une
équipe de chercheurs chinois dans la revue Nature Communications.
Ces derniers ont évalué la mortalité annuelle liée à la chaleur dans les villes
les plus densément peuplées du pays asiatique pour un passage des
températures de 1,5°C à 2°C. Cette variation pourrait causer la mort de
milliers de personnes supplémentaires. L'accord de Paris sur le climat de 2015
vise à maintenir ce réchauffement sous les +2°C, voire +1°5°C, mais les
engagements des Etats à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre
conduiraient, s'ils étaient respectés, à un monde à +3°C.
Des milliers de morts supplémentaires pour +0,5°C
Même
si des progrès sont faits en Chine pour faire face aux canicules meurtrières
- meilleurs services de santé, climatisation, accès à l'eau -, ce demi
degré supplémentaire par rapport à l'ère pré-industrielle pourrait être
responsable de 30.000 morts liées à la chaleur, estiment les chercheurs dans
leur étude.
Sans ces progrès en terme d'infrastructures et de préparation,
ce supplément de mortalité pourrait encore grimper de 50% d'ici la deuxième
moitié du 21e siècle. Pour avoir un point de comparaison, la dizaine de
chercheurs, dirigés par Yanjun Wang de l'université de Nanjing, ont calculé la
mortalité liée aux vagues de chaleur dans 27 villes chinoises, de 1986 à 2005.
En moyenne, ils estiment que les canicules ont provoqué chaque année 32 morts
pour un million d'habitants. Même si l'humanité parvenait à maintenir le
réchauffement sous +1,5°C, ce taux grimperait probablement entre 49 et 67 pour
un million, même en cas d'amélioration de la gestion des canicules, "et
entre 59,2 à 81,3 par million pour le réchauffement de 2,0 ° C",
notent les auteurs de l'étude. "Si l'on considère l'ensemble des 831
millions d'habitants des zones urbaines en Chine, le réchauffement
supplémentaire de 1,5 °C à 2 °C entraînera plus de 27.900 décès supplémentaires
liés à la chaleur, chaque année", poursuivent-ils. "Notre
étude montre clairement les bénéfices de limiter le réchauffement à +1,5°C",
a indiqué à l'AFP Buda Su, de l'Institut d'écologie et de géographie du
Xinjiang, en Chine.
Une multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes
La
planète a gagné 1°C depuis l'ère pré-industrielle, un réchauffement déjà
accompagné d'une multiplication des événements météorologiques extrêmes, des
canicules aux tempêtes. D'ailleurs, depuis le début du siècle, elle a déjà
vécu plusieurs canicules exceptionnelles.
Celle qui a frappé l'Europe à l'été
2003 a entraîné une surmortalité de près de 70.000 morts. A l'été 2010,
des températures record dans l'ouest de la Russie avaient conduit à 50.000
morts prématurées.
En Chine, le pays est en plus exposé à d'autres
pressions environnementales, comme des manques d'eau. Il existe peu d'études se
penchant sur la surmortalité des pays en développement en fonction des divers
scénarios de réchauffement de la planète.
A.G.M
Source :
AFP
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