La bataille du climat va se jouer en Asie, selon l'ONU
L'Asie, dont les besoins croissants en énergie riment encore avec
projets de construction de centrales thermiques, aura un rôle déterminant dans
la réussite ou l'échec de la bataille contre le réchauffement climatique, a
souligné vendredi une haute responsable de l'ONU.
"C'est vraiment dans cette région que nous allons réussir ou
échouer dans la transition énergétique nécessaire pour atteindre nos objectifs
climatiques", a déclaré Rachel Kyte, représentante spéciale du Secrétaire
général des Nations unies, au cours d'une audio-conférence organisée en
prévision du sommet sur le climat à New York en septembre.
Parmi ces objectifs: zéro émission nette de gaz à effet de serre
d'ici 2050 dans le monde.
"L'Asie du Sud-Est est une des zones économiques du monde à
plus forte croissance, c'est là que la population et l'urbanisation font que la
demande en électricité devrait tripler entre 2015 et 2040. Pour répondre à
cette demande elle se tourne vers les énergies fossiles", a poursuivi Mme
Kyte.
L'Asie du Sud-Est se place ainsi au troisième rang en nombre de
projets de construction de centrales à charbon, qui crachent des gaz à effet de
serre, derrière la Chine et l'Inde.
Les projets les plus nombreux sont en Indonésie, au Vietnam et aux
Philippines, a précisé Mme Kyte, qui dirige aussi l'initiative Energie durable
pour tous (SE4All) lancée par l'ONU. Par ailleurs, des pays comme le Pakistan
ou le Bangladesh sans liens historiques avec le charbon s'y mettent aussi.
Mais "il n'y a vraiment pas d'avenir pour le charbon",
a-t-elle plaidé. "Il n'est pas propre et, si vous le +nettoyez+, son coût
devient prohibitif", a-t-elle ajouté, en citant l'usage du CO2 pour la
culture des algues ou sa transformation pour la fabrication de matériaux de
construction.
"L'idée qu'une économie fondée sur les combustibles fossiles
protège la croissance n'est plus valable, sans compter l'impact sur la santé
humaine".
Mme Kyte s'est réjouie "d'un très grand nombre d'annulations
de projets" faute de fonds et du fait que "certaines grandes banques
japonaises commencent à devenir réticentes à financer des centrales au charbon
hors du Japon" ainsi que des "très rapides progrès dans l'efficacité
énergétique en Chine et en Inde".
Un rapport du gouvernement indonésien affirme que des systèmes de
production d'énergie moins intensifs en carbone et plus efficaces peuvent
apporter en moyenne une croissance de 6% du PIB par an d'ici 2045.
"Lutter contre le changement climatique est parfaitement compatible
avec la lutte contre la pauvreté", a renchéri Luis Alfonso de Alba,
émissaire spécial du Secrétaire général des Nations unies pour le sommet sur le
climat.
La Chine et son faramineux projet d'infrastructures
"Nouvelles routes de la soie" lancé en 2013 pour connecter l'Asie,
l'Europe et l'Afrique à la Chine, parmi lesquelles des centrales à charbon,
jouera un rôle capital.
"Il est absolument essentiel de verdir les Nouvelles routes
de la soie", a dit Mme Kyte. "D'ici le sommet, nous espérons vivement
une annonce" de la Chine, a ajouté M. de Alba.
© 2019 AFP
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