Électricité
: la RDC n’aura plus un seul arbre en 2100
Le président de la République, Antoine-Félix Tshisekedi, qui tenait ses propos à l'ouverture du Forum sur l’énergie électrique à Matadi, a expliqué que 90 % de la population RD-congolaise utilise actuellement l’énergie issue du charbon de bois ou de la bougie.
Or, l’accroissement
démographique et l’absence de desserte en énergie propre et renouvelable menace
directement nos forêts de disparition d’ici les quatre-vingts prochaines
années. Cela nous conduit naturellement à nous intéresser à l’évolution de la
demande et l’offre en énergie électrique sur l’étendue du territoire national.
En
RDC, la question énergétique dépasse le seul cadre du développement économique,
avec l’émergence tant attendue d’une véritable industrie de transformation
capable de booster puissamment la croissance économique nationale. Visiblement,
cette problématique poserait même, à en croire le premier des RD-Congolais, la
problématique de la survie de la RDC en tant qu’État viable. Le président de la
République parle d’urgence nationale en rappelant que l’accès à l’électricité
s’inscrivait désormais comme la première des priorités économiques de son
programme pour le quinquennat.
En partant des chiffres de la Société nationale
d’électricité (Snél), la faible puissance installée, à peine 2 608 MW, ne peut
pas répondre aux besoins des 7,2 millions de ménages RD-congolais.
Projections de la demande et de l’offre
Comme
dans n’importe quel pays du monde, la demande en énergie électrique en RDC
évolue en fonction de certains paramètres, dont les plus importants sont la
démographie, le boom immobilier, le boom minier, l’exode rural et
l’industrialisation. Dans ses prévisions jusqu’en 2030, la Snél estime que
Kinshasa va connaître une certaine évolution, passant progressivement de 1 534
MW en 2020 à 2 444 MW en 2030. Cette tendance haussière sera enregistrée dans
toutes les provinces de la RDC et, surtout, dans les grandes villes du pays.
Dans l’ensemble, l’opérateur public table sur un passage du total de la demande
de 3787 MW en 2020 à 6403 MW au cours de la période sous examen.
La Snél, un acteur incontournable
Pour
l’offre, Inga I et Inga II disposent actuellement d’une puissance disponible de
1197 MW (chiffre 2019). Le total de l’offre de la Snél (réseau ouest, réseau
sud, réseau est et réseaux isolés) va évoluer de 2113 MW en 2020 à 7540 MW en
2030. Certes, il existe des projets pour doper la production de l’énergie
électrique, mais le meilleur moyen de combattre rapidement et durablement le
déficit actuel est de construire la Centrale hydro-électrique d’Inga III
capable de produire 11 000 MW.
Les privés sceptiques
Pour
les privés, les projections de la demande ne reflètent pas forcément la réalité
sur le terrain pour trois raisons essentielles : la population non maîtrisée,
les besoins domestiques mal estimés et les besoins réels du secteur artisanal
et industriel méconnus à ce jour. Selon eux, Inga III a d’abord été dimensionné
en 2013 à 4800 MW sur la base d’une étude de la demande et d’une étude
technique.
Mais la nouvelle approche mettant en avant-plan les 11 000 MW
disponibles ne dispose ni d’aucune étude de la demande ni d’études techniques.
En plus, Inga III, poursuivent-ils, risquent de perdre du terrain face à de
nombreux projets dans la sous-région si sa mise en service envisagée, dans un
premier temps, en 2022 passe finalement en 2030.
Selon
eux, il faut songer dès à présent à mener une véritable étude sur le terrain.
L’on apprend même le lancement en début février 2020 d’une étude de plan
d’électrification du territoire national pour les années à venir. Un
financement serait même disponible, il proviendrait de la Banque mondiale et de
la Banque africaine de développement.
Dans leur argumentaire, ils appellent à
une intensification du recours aux énergies renouvelables et une implication
plus forte des opérateurs du secteur privé. Pour l’heure, il persiste encore
des contraintes à l’implication du secteur privé. On les retrouve tant au
niveau du cadre réglementaire que du financement des projets et de la
fiscalité.
A.G.M
Source : adiac-congo.com
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