Centre National De Semences Forestières (CNSF) : Un Outil Indispensable À La Gestion Durable Des Écosystèmes Et À La Résilience Des Populations - Africa Green Magazine

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Centre National De Semences Forestières (CNSF) : Un Outil Indispensable À La Gestion Durable Des Écosystèmes Et À La Résilience Des Populations

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Centre National De Semences Forestières (CNSF) : Un Outil Indispensable À La Gestion Durable Des Écosystèmes Et À La Résilience Des Populations

La plantation d’arbres et la récupération des terres pour des usages agricoles et pastoraux, occupent une place de choix dans les politiques nationales en matière environnementale. Mais pour réussir un tel pari, avec tous les résultats escomptés, il faut disposer des semences de qualité et un encadrement adéquat des acteurs, toute chose qui relève de la compétence des spécialistes. C’est, pourquoi le Niger s’est doté d’un Centre National de Semences Forestières (CNSF). Bien que limité par certaines contraintes, ce centre est un outil indispensable pour un pays comme le Niger, pays sahélien confronté à d’importants défis environnementaux.

C’est un truisme de le rappeler : le Niger fait face depuis plusieurs décennies à des sécheresses répétitives (presque cycliques selon certains spécialistes). On peut citer celles intervenues entre 1639 et 1643, entre 1738 et 1756,  en 1913, et récemment entre 1972-1973, 1984-1985 et 2009/2010. Ces phénomènes ont pour conséquences la dégradation des ressources et les fortes pressions de l’homme et de son troupeau (exploitation forestière, défrichements agricoles, pâturage, feux de brousse). Et la dégradation des ressources naturelles accentue l’avancée du désert. Déjà les 2/3 des 1.267.000 km2 du pays sont désertiques. Seuls, 150 000 km2 soit 12% de la superficie totale du pays sont exploitables pour l’agriculture, la cueillette et en partie l’élevage. Cet espace exploitable se trouve confiné dans la bande Sud du pays où vivent 75% de la population avec  parfois plus de 300 habitants/ km2. Parallèlement, la surface agricole/personne diminue chaque année de 20% pendant que la population croit chaque année de 3,3% et le cheptel à 3,2%.

C’est pour toutes ces raisons que le Niger a, depuis, plusieurs décennies, inscrit la politique de production des plants forestiers et la plantation d’arbres parmi ses priorités. Une stratégie a connu une évolution significative surtout après ‘’l’Engagement de Maradi’’ en 1984. Malheureusement le succès enregistré en termes de plantations forestières est resté très mitigé. Cela parce que ces plantations demeurent insignifiantes comparées aux prélèvements effectués. En effet, on a 5 000 ha de reboisement contre 200 000 ha de formation forestière perdue chaque année, et du fait du faible taux de réussite des plantations (50 % en moyenne). D’où la nécessité d’une nouvelle orientation de la politique environnementale du Niger en fonction notamment de l’évolution du contexte national et international.

La réussite des activités relatives à la gestion durable des terres est l’utilisation des semences forestières de qualité en quantité suffisante pour les reboisements et les ensemencements des terres à restaurer. Malheureusement le Niger se trouve confronté à une insuffisance en matière de semences forestières. Le pays se tournait alors vers l’extérieur pour se procurer en semences forestières. Ce qui, de l’avis des spécialistes n’est pas toujours une bonne chose. En effet, cette méthode ne permet pas la maîtrise du matériel végétal utilisé ; elle expose souvent à l’utilisation des semences douteuses avec les risques de maladies et de destruction des espèces locales, etc. La création du CNSF vise donc à répondre à cette problématique centrale : disposer des semences forestières de qualité et en quantité suffisante pour le reboisement.

Les principales missions du CNSF

Créé par décret n°2010-116/PCSRD /MEE/LCD du 1er Avril 2010, le Centre National des Semences Forestières a pour principales missions de promouvoir l’utilisation de semences de bonne qualité physiologique, sanitaire et génétique pour les actions de reconstitution du couvert végétal et en assurer l’approvisionnement régulier ; assurer la certification des semences forestières ; créer une banque de gènes pour la protection et la préservation des espèces locales autochtones ; contrôler l’introduction des semences forestières sur le territoire national en rapport avec les services concernés, et promouvoir le partenariat avec les structures des autres ministères, des Organisations et Institutions nationales, bilatérales et multilatérales intervenant dans le domaine des semences forestières.

Les principales réalisations du CNSF

Le CNSF a au cours des cinq dernières années mené plusieurs activités relevant du champ de ses attributions. C’est ainsi que le centre a identifié et cartographié 21 provenances dans la région de Tillabéri ; 15 provenances dans la région de Dosso ; il a géo référencé des zones de provenances des semences forestières dans  la région de Tahoua. Sur le plan des expérimentations, le CNSF a acquis en 2012, une pépinière forestière pour la production de plants forestiers, la conduite de test de germination pour des semences acquises (ligneuses et herbacées), l’expérimentation sur certaines essences forestières et des tests de bouturage. Il a ainsi mis en place une parcelle expérimentale de production des feuilles de Moringa oleifera. Actuellement, plusieurs tests sont en cours concernant plusieurs espèces notamment Lannea acida, Crateva adansoni, Moringa oleifera, en vue de leur domestication ou pour évaluer leur aptitude à germer par bouturage.

En matière de production et diffusion de semences forestières, le CNSF organise chaque année des missions de récolte de semences des espèces forestières considérées comme prioritaires en alimentation humaine, animale et en tradithérapie. Cette récolte se fait au niveau des arbres sélectionnés en fonction des critères définis (taille, diamètres, état sanitaire, vigueur, etc…). Ainsi, chaque année, ce sont plusieurs tonnes de semences qui sont acquises et mises à la disposition des utilisateurs par le centre. A titre illustratif, plus de 17 tonnes de semences toutes catégories et toutes espèces confondues ont été produites et diffusées par le CNSF en 2018. Le CNSF accompagne également les actions de certains programmes et même des privés en procédant à la diffusion de plants d’arbres produits dans sa pépinière. Ainsi, en 2018, quelque 2.709 plants de 37 espèces forestières ligneuses ont été mis à la disposition des privés pour différents types de plantations (arboreta, jardins privés, plantations urbaines etc.).

Dans le domaine du partenariat, le CNSF a établi des partenariats avec certaines structures stratégiques, soit pour accéder à des financements (Royal Botanic Gardens KEW  pour le partage des avantages liés aux ressources phytogénétiques.), soit pour exécuter un programme d’activités ensemble (Agence Nationale de la Grande Muraille verte, FAO,…). Le CNSF a aidé des particuliers et des institutions à la mise en place des arboreta et des jardins botaniques. C’est le cas de l’AGRHYMET, de « SAHARA SAHEL FOOD » et de « Espace Soleils d’Afrique ».

En matière d’encadrement, le CNSF participe à l’encadrement des partenaires de diverses façons. En 2018, le centre a assuré la formation des producteurs des semences dans le domaine de choix des semenciers, récolte et conservation des semences dans les régions de Dosso et de Maradi. Le Centre a en outre assuré l’encadrement de  quatorze (14) stagiaires de différents niveaux, venus de différents établissements du secteur de l’Environnement : Lycée Agricole Issaka Maga (LAMI) de Téra, IPDR Kollo, Ecole Supérieure d’Ingénierie et de Management (ESIMAD), Université Dan Dicko Dan Koulodo de Maradi et l’Institut Supérieur Privé des Techniques Agricoles (ISPTA) de Maradi.
A travers ses différentes activités, le CNSF apporte une contribution substantielle dans divers domaines comme la gestion durable des terres ; la lutte contre l’insécurité alimentaire ; la préservation de la biodiversité biologique.

Le CNSF a su constituer un patrimoine comprenant notamment une pépinière pour les expérimentations et la production de plants, un laboratoire, une Chambre froide et un magasin de stockage de semences herbacées et ligneuses. C’est dire que le Centre possède tout un dispositif nécessaire pour être opérationnel et performant. Cependant, l’équipement de ce dispositif doit être amélioré pour être à la pointe de la technologie.

Les contraintes et perspectives du CNSF

Les principales difficultés que rencontre le Centre sont à la fois d’ordres éthique, matériel, humain et financier. Ces difficultés se matérialisent à travers la prolifération d’acteurs privés sans expériences ni assise juridique dans la production et la vente des semences ; l’absence d’équipement du laboratoire, l’insuffisance des ressources humaines et financières.

Pour relever ces défis, le CNSF s’est doté d’une vision d’ici 2025 : « Un Environnement plus productif en matériel végétal de qualité, une Synergie d’actions entre les utilisateurs des semences et le renforcement des  capacités des acteurs de la filière semencière en matière  de production, conservation et amélioration génétique des plantes ».


Source : ONEP

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