Une solution bénéfique aux personnes et à la planète : un élevage intelligent en Afrique du Sud
Le Karoo,
en Afrique du Sud, est un environnement difficile pour pouvoir vivre de
l'agriculture : la région est essentiellement dépourvue d'eau de surface.
Son nom est dérivé du mot khoisan qui signifie « pays de la soif ».
Les
terres étaient traditionnellement utilisées par les pasteurs, mais la
sécheresse, le surpâturage et les activités de prédation des animaux
sauvages ont rendu cette activité précaire. Les prédateurs étaient gardés sous
contrôle grâce à des clôtures, des pièges, des poisons et la chasse.
L'Afrique du Sud est l'un des endroits les plus clôturés de la planète, ce qui
a des conséquences énormes sur la biodiversité et
les déplacements des animaux.
À
présent, une nouvelle initiative pilote s'étendant sur environ 25 000 hectares
et se reposant sur l'expertise des bergers a permis d’accroître les
élevages d’agneaux et de boeuf des pâturages tout en restaurant la
végétation et en favorisant la biodiversité.
Fair
Game est un partenariat entre la Landmark
Foundation, le Département national des affaires environnementales et le
Programme des Nations Unies pour l'environnement, financé par le Fonds pour l'environnement mondial, la Banque
de développement de l'Afrique du Sud ainsi qu'un philanthrope local. Ce
partenariat est unique dans la mesure où il repose sur
l'expertise des éleveurs dans de grandes exploitations
commerciales.
L’une
des tâches des bergers consiste à installer des kraals portables, ou enclos à
bétail, pour protéger les moutons et les bovins des prédateurs, principalement
des chacals et des caracals.
Les kraals,
constitués de filets maintenus par des piquets en métal, sont implantés
dans des zones très dégradées et sont utilisés la nuit. Les nutriments
provenant des excréments d'animaux et de l'action des sabots, qui brisent la
surface des kraals, aident à restaurer les terres dégradées. Pour éviter le
surpâturage pendant la journée, les kraals sont déplacés chaque semaine.
«
Grâce à la présence bergers et au kraaling et malgré
une grave sécheresse régionale, le cheptel est passé de 1 000 brebis à 2 000
brebis et de 250 à 360 têtes au cours des 30 derniers mois », se
réjouit Bool Smuts, responsable de l'environnement, médecin et
directeur de la Landmark Foundation.
«
Au cours de la même période, aucune perte de bétail n'a été enregistrée,
ce qui évite de manière efficace les conflits humains / prédateurs. Au cours de
la grave sécheresse récente, nous avons pu maintenir l'état du bétail et
du veld [champ] et minimiser les suppléments d'aliments pour
animaux », ajoute-t-il.
Fair
Game est un système de paiement pour services liés aux écosystèmes impliquant
un suivi et une évaluation minutieux qui garantit des pratiques d'élevage
respectueuses de la faune respectant les normes de protection des animaux et de
responsabilité sociale. Le programme, audité et accrédité par la South Africa
Meat Industry Corporation, promeut la biodiversité et offre des incitations
financières aux producteurs respectueux qui se lancent dans la gestion
écologiquement rationnelle des terres.
Les
prédateurs chassent leurs proies naturelles
Laisser
paître les animaux a des conséquences sur la biodiversité : les prédateurs
en liberté ont créé des territoires et chassent leurs proies naturelles sans
cibler le bétail. Un des avantages de l'élevage en matière de gestion et de
santé pour le troupeau est l'audit et la surveillance quotidiens du bétail qui
permettent un diagnostic précoce des blessures et des maladies. Alors que le
succès du sevrage des moutons était d'environ 70% avant l'élevage humain, il a
maintenant augmenté considérablement, affirme Bool Smuts.
«
Nous voulions mettre en œuvre un modèle alternatif d'élevage qui réponde aux
problèmes du surpâturage, de la désertification et des impacts négatifs sur la
biodiversité et exclut le contrôle létal des prédateurs. Nous nous sommes
appuyés sur plus d'une décennie de recherches sur le léopard et d'études sur
les conflits entre les petits prédateurs de la Landmark Foundation »,
ajoute-t-il.
Les
éleveurs travaillent selon un cycle de six jours : deux shifts de travail de 24
heures, deux de huit heures avec 48 heures de repos. Ils sont payés 70% de plus
que le salaire du travail agricole ordinaire et leurs emplois sont considérés
comme des postes prestigieux dans les exploitations agricoles.
Marten Arries, Aron Hakkies et Artwell Dube compte les moutons dans le kraal mobile à la nuit tombée. Photo de Jonathan Taylor / Landmark Foundation |
«
Les exploitations partenaires de Fair Game ont contribué à prévenir la
dégradation du veldet à renforcer la résistance à la sécheresse, ce
qui a permis aux agriculteurs membres de Fair Game non seulement d'augmenter le
cheptel pendant la sécheresse, mais aussi de vendre des agneaux et du bétail à
des prix plus élevés », affirme la responsable des tâches du Fonds pour
l'environnement mondial d'ONU Environnement, Jane Nimpamya. « Le projet
peut être reproduit dans d'autres zones arides où la prédation pose un
problème aux éleveurs », ajoute-t-elle.
En
mai 2019, le projet Shepherding Back Biodiversity de la Landmark Foundation
(dont fait partie Fair Game) a été récompensé dans le cadre des Eco-Logic
Awards annuels pour ses services qui soutiennent et protègent la planète.
Source: UNenvironment
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