L’Arctique en proie aux pires feux de forêt de tous les temps
Alors
que la région de l’Arctique a vécu son mois de juin le plus chaud depuis le
début des enregistrements de températures, des images satellitaires montrent
d'énormes nuages de fumée flottant sur des terres inhabitées du Groenland, de
la Sibérie et de certaines parties de l'Alaska.
Depuis
début juin, le Service de surveillance de l'atmosphère de
Copernicus (CAMS), qui fournit des données sur la composition
atmosphérique et les émissions, a suivi plus de 100 incendies de forêt
intenses dans le cercle polaire arctique.
L’Organisation
météorologique mondiale (OMM), le service de surveillance météorologique
et climatologique de l’ONU, a qualifié ces feux dans l’Arctique de « sans
précédent ».
Les
températures dans l'Arctique augmentent à un rythme plus rapide que la moyenne
mondiale, offrant les conditions propices à la propagation d’incendies de
forêt, selon Mark Parrington, chercheur principal au CAMSService de
surveillance de l'atmosphère de Copernicus.
À
Irkoutsk, à Krasnoïarsk et dans la région de la Bouriatie, les plus grandes
flammes observées auraient été causées par la foudre. La qualité de l’air s’est
fortement dégradée à Novossibirsk, la plus grande ville de Sibérie, sous
l’effet de la fumée.
Au
Groenland, un incendie de plusieurs jours a touché la ville de Sisimiut, le
10 juillet. Durant cette période, il a fait exceptionnellement chaud et
sec, et la fonte de la calotte glaciaire a commencé un mois plus tôt que
d’habitude. La température était alors de 10 °C supérieure à la
normale : elle était de 20 °C au lieu de 10 °C.
Deux
touristes américains ont d’ailleurs dû être évacués alors qu’ils effectuaient
une randonnée, incommodés et désorientés par un épais nuage de fumée. Arctic
Today rapportait la semaine dernière que l’incendie s’étalait sur
375 kilomètres carrés.
En
Alaska, 400 incendies ont été signalés. Le climatologue Rick Thomas a
estimé la superficie totale brûlée dans l'état à 8094 kilomètres carrés.
Thomas
Smith, géographe spécialiste de l'environnement à la London School of
Economics, a déclaré à USA Today que des incendies
d'une telle ampleur n'avaient pas été vus depuis les premiers enregistrements
satellites, il y a 16 ans.
Les
incendies ne résultent pas simplement de l’embrasement d’une végétation
sèche : dans certains cas, la tourbe sous-jacente a pris feu. Ces
incendies peuvent durer des jours ou des mois et produire des quantités
importantes de gaz à effet de serre.
« La
quantité de [dioxyde de carbone] émise par les feux du cercle arctique en
juin 2019 est supérieure à la totalité du CO2 émis par les feux du
cercle arctique le même mois, de 2010 à 2018 réunis », a déclaré
Thomas Smith
Ces
incendies contribuent eux-mêmes au changement climatique. « Lorsque des
particules de fumée se déposent sur la neige et la glace, elles entraînent une
absorption de la lumière solaire par la glace, qui accélère le réchauffement de
l'Arctique », a déclaré Claudia Volosciuk, scientifique à l’OMMOrganisation
météorologique mondiale.
Selon
l’organisme, en juin seulement, les incendies dans l’Arctique ont émis
50 mégatonnes de CO2, soit le total des émissions annuelles de la
Suède.
Les
pays scandinaves commencent eux aussi à être touchés par cette vague de
chaleur. En Suède, la petite ville de Markusvinsa (nord) a atteint
vendredi un record de 34,8 °C, la température la plus élevée
constatée dans le pays cette année et la plus chaude dans le Grand Nord
depuis 1945.
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