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Un lance-parasite dans les champs de maïs

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Cette innovation promet de faciliter la lutte biologique contre les ravageurs

Par Jean Hamann

Une équipe du Département des sols et de génie agroalimentaire a mis au point un système qui devrait faciliter la vie des producteurs agricoles qui misent sur la lutte biologique pour contrer les ravageurs. En effet, le professeur Mohamed Khelifi et ses collaborateurs ont conçu une méthode pour disséminer dans les champs, avec économie de temps et de moyens, un très grand nombre de guêpes qui s’attaquent à la pyrale du maïs, le principal ravageur des cultures de maïs sucré au Québec.

Rappelons que la pyrale du maïs est un papillon originaire d’Europe qui a fait son apparition en Amérique du Nord au début du 20e siècle. La femelle adulte, qui mesure environ 25 mm de longueur, pond ses œufs par groupe de 20 à 30 dans l’aisselle des feuilles. Elle s’attaque au maïs, mais aussi à d’autres productions dont le poivron et la pomme de terre.

       Photo : Ilia Ustyantsev

Les larves de cet insecte se nourrissent du feuillage, de l’inflorescence, de la tige et de l’épi du maïs.

        Photo : USDA 

Ce sont les attaques sur les épis qui causent le plus de dégâts et les plus grandes pertes économiques.

         Photo : Agronom

Les producteurs qui souhaitent lutter contre cette espèce sans recourir aux insecticides chimiques peuvent se tourner vers de minuscules guêpes de moins de 1 mm de longueur, appelées trichogrammes. Ces insectes pondent leurs œufs dans les œufs de la pyrale. Les larves de la guêpe dévorent l’œuf du papillon de l’intérieur, à la façon d’Alien.

           Photo : Anatis Bioprotection

Chaque femelle de pyrale du maïs pond plusieurs centaines d’œufs pendant la saison de reproduction. Pour prévenir les dégâts, il faut donc un très grand nombre de guêpes, idéalement entre 200 000 et 600 000 par hectare. La façon actuelle de procéder consiste à élever en captivité une autre espèce de papillon, la pyrale de la farine par exemple, et d’utiliser ses œufs comme sites de ponte pour les trichogrammes. Ces œufs parasités sont collés sur des cartes qui sont ensuite accrochées sur les plants de maïs dans les champs. Chacun de ces œufs contient une larve de trichogramme sur le point d’atteindre le stade adulte. Les guêpes qui en émergent s’accouplent et les femelles partent à la recherche d’œufs de pyrale du maïs pour y pondre leurs œufs.

«Les trichocartes sont efficaces, mais à petite échelle seulement, signale Mohamed Khelifi. Elles sont mal adaptées pour les grandes superficies de maïs parce qu’il faut beaucoup de temps et de main-d’œuvre pour les installer dans les champs.»

Pour contourner ce problème, le chercheur, ses étudiants-chercheurs, Pascal Gauthier et Ariane Dionne, et Silvia Todorova, de la firme Anatis Bioprotection, ont conçu un système de pulvérisation pour disperser des œufs parasités par les trichogrammes dans les champs de maïs. «Les composantes de notre système existaient déjà et certaines sont couramment utilisées par les producteurs agricoles. Notre apport a été de trouver une façon efficace et ingénieuse de les combiner.»

Les chercheurs avaient deux problèmes à résoudre. Le premier: trouver une façon de pulvériser les œufs parasités sans tuer les trichogrammes. «Nous y sommes arrivés en utilisant une pompe à membrane et en évitant les chocs entre les œufs parasités et les pièces de métal», explique le professeur Khelifi. Le second: s’assurer que les œufs parasités ne soient pas lessivés par la première pluie. «Nous avons élaboré une solution composée d’eau et de deux produits comestibles, la gomme de xanthane et la gomme de guar. Cette solution assure une dispersion uniforme des œufs parasités dans le réservoir du pulvérisateur et elle leur permet de bien adhérer aux feuilles du maïs», poursuit-il.


La recette créée par les chercheurs assure une bonne adhésion des œufs parasités aux feuilles de maïs. Le petit point noir que l’on voit dans cette gouttelette est un œuf parasité par un trichogramme.
Photo : Arianne Dionne
Les tests effectués dans des champs de maïs de Neuville ont démontré que ce système de pulvérisation était aussi efficace que les trichocartes pour limiter les dégâts causés par la pyrale du maïs. De plus, les analyses des chercheurs révèlent que ce système présente un avantage qui plaira aux producteurs: il réduit pratiquement de moitié le temps requis pour disperser les trichogrammes.

         Photo : Ariane Dionne   

Au cours des deux dernières années, cette innovation a fait l’objet de dépôt de brevets au Canada et aux États-Unis. Les chercheurs ont aussi publié les détails de leur système et les résultats des tests de terrain dans les revues scientifiques Transactions of the ASABE et Applied Engineering in Agriculture. À la mi-juillet, à Vancouver, la Société canadienne de génie agroalimentaire et de bio-ingénierie décernera le prix John Ogilvie Research Innovation au professeur Khelifi pour souligner les aspects novateur et ingénieux du système qu’il a conçu avec son équipe.

La prochaine étape? «Nous cherchons des partenaires disposés à collaborer avec nous pour fabriquer le système de pulvérisation et pour en optimiser les composantes, répond le chercheur. Nous avons conçu ce système pour les cultures de maïs, mais nous croyons qu’il pourrait être adapté pour les autres cultures attaquées par la pyrale du maïs.»


Source: Université Laval

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