Se rafraîchir durablement
Une
nouvelle vague de chaleur touche l’Europe, les climatiseurs des villes sont à
fond, et fabriquent ainsi de la chaleur : un cercle vicieux. Il existe
d’autres solutions.
Il
faut nous attendre à ce que cette situation de canicule devienne de plus en plus
familière.
La
climatisation apporte un soulagement à court terme. Mais, à long terme, ce
système revient à mettre de l’huile sur le feu. Au fur et à mesure que la
planète se réchauffe et que la classe moyenne se développe à travers le monde,
on estime que le nombre de climatiseurs utilisés passera de 1,6 milliard à
5,6 milliards à l’horizon 2050.
La demande en énergie sera donc plus
forte, davantage d’émissions de gaz à effet de serre responsables du
réchauffement de la planète seront générées et, par conséquent, davantage de
vagues de chaleur surviendront. Nous tournons en rond, prisonniers. Mais
nous souhaitons tous échapper à la chaleur étouffante. Dans de nombreux
endroits, le refroidissement est une question vitale. Près d’un tiers de la population
mondiale souffre de températures dangereuses pendant plus de vingt jours
par an. Les canicules provoquent 12 000 décès chaque année.
Pouvoir
se rafraîchir est également indispensable à notre productivité. Une étude
réalisée dans la revue scientifique The Lancet estime que
les températures élevées de l’année 2017 ont causé la perte de
153 milliards d’heures de travail à travers le monde. On estime que la
vague de chaleur de 2003 a entraîné la diminution de près de 0,2
% du PIB français, ce qui équivaut à une perte pouvant atteindre
30 milliards d’euros.
Le
refroidissement est fondamental au développement durable. Nous devons assurer
un accès équitable au refroidissement pour protéger les personnes de
la chaleur extrême, maintenir les aliments au frais, conserver les
vaccins, et bien plus encore.
Nous
devons réfléchir aux différents moyens de nous rafraîchir.
La
nature peut offrir des solutions, en particulier dans le cas des villes, où
l’effet «îlot de chaleur urbain», c’est-à-dire lorsque le béton absorbe la chaleur
du soleil et la rejette, contribue à augmenter les températures. En
transformant nos jungles de béton en forêts urbaines, les villes seront plus
fraîches, nous les rendront plus agréables à vivre, et cela nous permettra
d’économiser l’énergie requise pour la climatisation.
Pendant la journée, les
parcs urbains peuvent contribuer à réduire la température ambiante d’environ
1°C en moyenne. A Medellín, la deuxième plus grande ville de
Colombie, un projet visant à transformer les bordures de 18 routes et 12 voies
navigables en un paradis verdoyant a permis de faire baisser les températures
de 2°C, selon le maire de la ville. La ville de Milan, qui a subi des
coupures de courant en raison de la demande estivale en climatisation, prévoit
de planter trois millions d’arbres à l’horizon 2050. Les toitures
végétales ont également pour effet de réduire la consommation d’énergie
de 10 à 15 %.
Cependant,
les solutions basées sur la nature ne sont qu’une partie de la solution. La
Cool Coalition, dirigée par le Programme des Nations Unies pour
l’environnement, regroupe des gouvernements, des entreprises, des organisations
de la société civile et internationale, et recommande une approche globale pour
assurer la réduction des émissions du secteur du refroidissement. Les systèmes
de rafraîchissement urbain sont une autre solution. A Paris, un réseau de
refroidissement urbain remplace la climatisation dans de nombreux bureaux,
magasins et hôtels, ainsi que dans des bâtiments emblématiques comme
le Louvre, en pompant de l’eau froide de la ville.
Il
est également essentiel d’améliorer l’efficacité des climatiseurs et des autres
équipements de refroidissement. Selon l’Agence internationale de l’énergie, les
rendre plus efficaces permettrait d’économiser jusqu’à 2 900 milliards de
dollars (2 600 milliards d’euros) d’investissements, de carburant et de
coûts d’exploitation.
Il est possible d’améliorer leur efficacité en tirant
parti de l’amendement de Kigali au protocole de Montréal, dans le cadre duquel
les pays ont convenu de réduire l’utilisation de réfrigérants connus pour être
de puissants gaz à effet de serre. Le remplacement de la plupart de ces gaz
seuls pourrait éviter un réchauffement d’environ 0,4° C d’ici la fin du siècle.
Alors que les gouvernements, les nations et les entreprises se
préparent au Sommet sur le climat organisé par le secrétaire général de l’ONU
en septembre, nous devons tous faire preuve de plus de discernement quant à
la façon dont nous nous rafraîchissons.
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