Le Japon sacrifie la
lutte contre le changement climatique pour plaire aux États-Unis. Dans un
projet de texte sur le changement climatique préparé par le Japon en vue du
sommet du G20 à Osaka, toutes les références à des engagements forts ont été
supprimées, explique Leslie Hook, spécialiste de l’environnement dans le
Financial Times. Selon Hook, le Japon cherche ainsi à gagner les faveurs de
Washington.
« Cela a
indéniablement un rapport avec l’inquiétude japonaise concernant les relations
commerciales tendues avec les Etats-Unis et avec les préoccupations du pays au
sujet de la Corée du Nord et du nucléaire », indique le Financial Times.
Faveurs
« De bonnes
relations avec les États-Unis peuvent offrir au Japon des avantages
considérables », écrit Leslie Hook. « Une analyse du projet de texte
montre que toutes les références à une réduction des émissions et à la
décarbonisation ont disparu. »
Le projet de document
omet les expressions « réchauffement de la planète » et
« décarbonisation » et minimise l’accord de Paris sur le climat par
rapport aux communiqués précédents du G20.
Selon des analystes,
ces omissions visent à calmer les États-Unis, qui ont clairement indiqué leur
intention de se retirer du pacte de 2015 sur le climat. En outre, les
États-Unis et le Japon sont aux prises avec des négociations difficiles sur un
éventuel accord commercial. L’agriculture et les pièces détachées automobiles
constituent des points de friction au sein de cet accord. Tokyo souhaite
également que Washington augmente la pression économique sur la Corée du Nord
et oblige Pyongyang à renoncer à ses ambitions nucléaires.
« Il est frappant
de voir avec quelle facilité le Japon veut abandonner son leadership sur le
climat », note Luca Bergamaschi, ancien négociateur italien sur le climat.
« Il est également frappant de constater les efforts que fait le Japon
pour être gentil avec les Etats-Unis. Nous savons que les États-Unis sont le
pays qui a le plus fort effet de levier sur le Japon. Nous pouvons donc nous
attendre à un degré élevé de discussions entre le Japon et les
États-Unis. »
Irréversible
« Les émissions
mondiales ont atteint un niveau record », explique Leslie Hook.
« Les manifestants planifient des actions contre la politique japonaise en
faveur du charbon. Les activistes exhortent le pays à cesser de construire de
nouvelles centrales au charbon. »
Au cours des deux
dernières années, le chapitre sur le climat dans la déclaration du G20 ne
faisait plus l’unanimité. Les États-Unis ont fait leur propre déclaration.
Cette année, le projet actuel du Japon tient compte de la position des
États-Unis et évite de réclamer une réduction
des émissions ou une « décarbonisation ».
Par le passé, le G20 et
le G7 ont joué un rôle crucial dans la conclusion d’accords sur le climat.
Cependant, cela a changé ces dernières années depuis que président américain
Donald Trump a annoncé qu’il renoncerait à l’Accord de Paris sur le climat.
Selon Jennifer Morgan,
responsable de Greenpeace International, les omissions dans le projet de
résolution montrent « le manque de pertinence du G20 dans la résolution de
la plus grande crise mondiale à ce jour ». « C’est un manque total de
leadership politique ».
Le document évite
également d’approuver les objectifs de l’Accord de Paris, alors que les
précédents communiqués du G20 les avaient qualifiés d’irréversibles.
Bien que tous les pays
du G20 aient signé l’accord de Paris sur le climat, leurs
émissions communesont encore augmenté. Le financement des gouvernements du
G20 pour les centrales au charbon a effectivement augmenté ces dernières
années, passant de 17 milliards de dollars en 2014 à 47 milliards de dollars en
2017, indique un rapport de l’Overseas Development Institute.
« Cela était
principalement dû à la Chine, à l’Inde, à l’Afrique du Sud et au Japon. Ces
pays ne tiennent pas les promesses qu’ils ont faites. »
Source : express.live
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