Le développement de l'air conditionné dans les pays
émergents provoquera un doublement des émissions de CO2 liées à la
climatisation d'ici à 2050. L'Agence internationale de l'énergie préconise
d'améliorer l'efficacité énergétique des climatiseurs pour désamorcer cette
bombe à retardement.
La climatisation progresse un peu partout en France
et en Europe, mais ce n'est rien par rapport au boom que l'on observe sur les
autres continents. L'Union européenne ne représente que 6 % des
équipements d'air conditionné installés dans le monde, a relevé l'Agence
internationale de l'énergie (AIE) dans
un rapport publié l'an dernier . La climatisation est au contraire
très développée au Japon, qui concentre 9 % des capacités mondiales pour
une population quatre fois moins importante. Et elle est omniprésente aux
Etats-Unis, où sont installés près d'un climatiseur sur quatre (23 % du
total).
C'est dans les pays émergents que l'essor de la
climatisation est le plus rapide, ce qui pose un risque grave pour les
émissions de gaz à effet de serre. Sur les 2,8 milliards d'humains qui
vivent dans les régions les plus chaudes du globe, seulement 8 %
bénéficient actuellement de l'air conditionné, contre 90 % aux Etats-Unis
et au Japon. Le potentiel est donc énorme. « Il est certain que la
demande mondiale de refroidissement des bâtiments et l'énergie nécessaire pour
la satisfaire vont continuer à croître pendant des décennies », prévient
l'AIE.
Triplement de la consommation d'ici à 2050
L'agence qui dépend de l'Organisation pour la
coopération et le développement économiques (OCDE) prévoit un triplement de la
consommation d'énergie pour la climatisation d'ici à 2050 si rien n'est fait,
pour atteindre 6.200 térawattheures. Ce besoin d'énergie supplémentaire pour le
froid représenterait l'équivalent de 20 % de la consommation totale
d'électricité dans le monde aujourd'hui.
Les pays émergents représenteront la part du lion de
cet essor. En Inde, qui
vient de traverser l'une des pires canicules de son histoire, la demande
sera multipliée par quinze d'ici au milieu du siècle. Trois pays, l'Inde, la
Chine et l'Indonésie, représenteront à eux seuls plus de la moitié de la
croissance mondiale, et la progression sera aussi très forte au Brésil, au
Mexique ou encore au Moyen-Orient.
Eviter la catastrophe annoncée
En conséquence, les émissions de CO2 liées à la
climatisation doubleraient pratiquement en trente ans, à plus de
2 milliards de tonnes, et cela malgré le développement d'une électricité
toujours plus propre avec la substitution des centrales à charbon par des
centrales à gaz et l'essor des énergies renouvelables.
Comment éviter cette catastrophe annoncée ?
L'AIE recommande d'agir sur l'efficacité énergétique des équipements d'air
conditionné. En fixant des standards, on pourrait plus que doubler la
performance du parc installé d'ici à 2050. De quoi réduire la demande en
énergie à 3.400 térawattheures, au lieu de 6.200 si rien n'était fait en ce
sens. Cela permettrait d'économiser l'équivalent de la production d'électricité
de toutes les centrales à charbon d'Inde et de Chine. « Une action
vigoureuse et urgente des gouvernements est nécessaire », conclut
l'agence.
Labellisation
La labellisation des appareils est un levier « qui
a fait ses preuves »dans les pays développés en informant les
consommateurs, qu'il s'agisse de particuliers ou de promoteurs immobiliers.
L'agence recommande aux gouvernements partout sur la planète de généraliser ces
pratiques et, aussi, d'imposer un niveau de performance minimum aux
climatiseurs.
Une action rapide n'est pas hors de portée, veut
croire l'AIE, car 2,4 milliards de climatiseurs vont être vendus dans les
dix prochaines années avec l'installation de nouveaux équipements et le
remplacement des équipements vétustes.
Par Vincent Collen
Source : lesechos.fr
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